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Écoracialisme (8) Conclusion

Écoracialisme (8) Conclusion

par | 24 mai 2013 | Société

Écoracialisme (8) Conclusion

« Moins de chauffage pour les Africains en Europe et moins de climatisation pour les Européens en Afrique ; chacun dans son écosystème et tout ira écologiquement mieux. »

C’est ce que dirait Frédéric Malaval s’il avait à résumer son travail en une phrase. Il vient de remettre sa conclusion, le huitième et dernier extrait de son ouvrage. « Écoracialisme », de Frédéric Malaval (15 avril 2013), est disponible sur amazon.fr
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Conclusion

L’humoriste a dit que l’avenir est ce qu’il y a de plus difficile à prédire. Pourtant, les principes de fonctionnement des écosystèmes donnent quelques pistes pour l’entrevoir. Le conservatisme des génomes et l’efficience énergétique en sont deux facteurs déterminants, nuancés par les effets d’une composante entropique qui génère désordres et incertitudes.

Les évolutionnistes admettent que la complexification croissante des manifestations du vivant est un fait incontestable. Or, ils notent que jamais n’a été observée une régression évolutive. Pourtant, une des issues envisagées par la pensée écologiste, aujourd’hui, est la décroissance à laquelle nous préférons le qualificatif de désartificialisation. A priori cela n’est pas possible pour une même entité, obligeant à entrevoir d’autres type d’écosystèmes, donc d’autres formes d’organisation sociale. Imaginer une désartificialisation complexifiante est peut-être une issue. Celle-ci sera la conséquence des contraintes irrépressibles que la Modernité rencontre. Cette dernière, après avoir artificialisé l’écosphère et favorisé le développement de l’espèce humaine, génère des menaces sur sa pérennité formalisée par l’expression de « crise écologique ». Or, le credo d’un écologiste est que celle-ci doit être contenue. Une multitude d’auteurs ont déjà disserté sur ce thème. Le point commun à toutes ces réflexions est la prise en compte de la finitude de l’écosphère. Cette mutation s’est faite pendant la deuxième moitié du XXe siècle ap.JC. Les générations les plus âgées vivent encore dans le paradigme de l’infini. J’en fais partie.

Enfant, nous découvrions le monde s’autodécouvrant. Pour les plus jeunes d’aujourd’hui, rien ne les émerveille dans ce domaine. Leurs motivations sont ailleurs. Or, toutes les façons de penser le monde se sont élaborées dans un paradigme considérant l’infini comme une composante organique de la vie. L’antagonisme fini/infini atteint son paroxysme dans l’opposition entre les tenants d’un univers fini et ceux postulant un univers infini. Pour l’écosphère, le débat est clos. Elle est de dimension finie. Même dans le domaine philosophique, l’introduction d’un indéterminisme métaphysique dans la science oblige à associer à chaque connaissance un principe d’incertitude qui en limite son ambition ontologique. Donc, le progrès de la connaissance rencontre aussi ses limites.

L’Ecologie et la Thermodynamique figurent parmi les sciences ayant participé à l’admission du désordre et de l’incertitude comme composantes irréductibles de l’Être. Désordre, incertitude et finitude sont les maîtres-mots d’un paradigme écosystémique en devenir, rompant avec les fondements d’un paradigme classique dont la Modernité est tout à la fois la matrice et le produit. Quels sont alors les grands principes d’évolution permettant de mener une politique écologique ? Pour les entrevoir, il est nécessaire de se projeter dans l’avenir et de brosser à grands traits les évolutions, a priori inévitables.

La première est la poursuite de la croissance démographique. La vie forme un Tout formalisé par l’expression de biosphère en Écologie, mais la diversité qui en est issue n’est que l’adaptation de formes particulières à des espaces écologiques permettant à celles-ci de survivre. La vie est alors envisagée comme l’ensemble des caractéristiques favorisant la transmission des gènes de la forme considérée. Une majorité d’auteurs s’accordent à définir la vie comme ce qui est capable de s’alimenter et de se reproduire. Un environnementaliste ajouterait qu’à ces fonctions il est nécessaire d’adjoindre la capacité à éliminer les déchets issus de ces fonctions vitales. La conséquence de la non-réalisation de ces trois fonctions est que si on ne s’alimente pas, on meurt ; si on n’évacue pas ses déchets, on meurt ; si on ne se reproduit pas, on meurt. C’est trivial, mais c’est incontestable.

La croissance démographique de la population humaine, envisagée comme un tout, va donc se poursuivre jusqu’à ce que chaque peuple, porteur d’un génome distinct, à la variabilité près, fruit de son adaptation à un milieu particulier, atteigne les seuils garantissant sa pérennité vis-à-vis de toutes les menaces qu’il rencontre. La première de ces menaces est sa disparition par élimination d’une forme convoitant son espace écologique de survie et de toutes les autres agressions potentielles susceptibles de fragiliser les spécificités du génome qui l’anime. Tous les phénomènes susceptibles de le détruire ou de le dissoudre seront donc contrariés par sa volonté intrinsèque à perdurer. C’est l’esprit de la sociobiologie qui se manifeste dans cette assertion.

Une deuxième évolution irrépressible est que l’artificialisation de l’écosphère va se poursuivre. Il restera à la Nature la portion congrue limitée à l’espace nécessaire pour assurer les services qu’elle rend dans l’existence des écosystèmes artificiels en création actuellement. La question est rarement posée car nous sommes encore loin des seuils critiques, mais cette Nature, parmi les multiples fonctions qu’elle assume, produit l’oxygène dont nous avons besoin pour vivre. Il serait impossible de le produire par des moyens artificiels, ou alors à des coûts économiquement et écologiquement insupportables. De nombreux économistes de l’environnement ont déjà écrit sur ce sujet.

Croissance démographique et croissance de l’artificialisation vont toutefois rencontrer des facteurs limitants. Quels sont-ils ? Il est possible d’en identifier beaucoup, mais jamais de prétendre les connaître tous. Là aussi la littérature abonde sur ce sujet depuis que la consciencisation d’une crise écologique majeure hante la noosphère. On en citera quelques-uns, sans hiérarchie : ressources naturelles, capacité épuratoire des milieux, espace vital, facteurs moraux, seuil critique, … Un seul de ces facteurs limitants suffira à stabiliser l’écosphère à son climax (climax désigne l’état final d’une succession écologique).

Démographie et artificialisation vont donc, un jour ou l’autre, rencontrer un facteur limitant déterminant pour leur évolution. À ce moment, un équilibre sera atteint entre l’artisphère et l’écosphère. L’optimisation énergétique sera déterminante pour maintenir cet équilibre. Or, celle-ci ne peut se faire qu’en couplant les artisphères avec les données naturelles à l’origine des génomes humains de la biosphère, fruits de processus évolutifs plurimillénaires. Ceci ne pourra se réaliser qu’en faisant coïncider peuples et territoires, alors que la Modernité à travers la Mondialisation qui en est le stade ultime a, au contraire, favorisé ce découplage. Les phénomènes de migrations interclimatiques rendues possibles par la surartificialisation de l’écosphère en sont le but et le moyen. Mais c’est contre-nature.

Le préalable à une véritable politique écologique est donc de réassocier chaque individu au sein de son peuple et du territoire dont il est issu. C’est le fondement de l’écoracialisme. En cela, cette future doctrine politique rompt avec tous les poncifs racistes que la Modernité a engendrés et dont la justification est que l’artificialisation de l’écosphère est la finalité d’une humanité conçue comme un Tout. Or, ce besoin d’artificialisation n’est pas le même pour tous. Au contraire, une surartificialisation au regard des données naturelles d’un espace est une menace, non pas seulement pour ceux qui la subissent, mais aussi pour ceux qui l’ont engendrée.

Une artificialisation raisonnable, adaptée aux facteurs naturels qui s’exercent en un lieu donné avec une population en équilibre et en harmonie écologique avec ce territoire, voilà le but. Ceci n’empêchera pas les désordres instantanés d’exister, mais sur le long terme les équilibres organiques seront respectés. C’est tout le contraire des ambitions d’une Modernité ayant fait du découplage Homme/Nature le fondement de son rapport à l’écosphère.

Comment déterminer ce qu’est une artificialisation raisonnable ? Il appartient à chaque peuple, demain ancré dans son écosystème, de le déterminer. Le rejet de toutes les idéologies mondialistes de la Modernité est l’étape nécessaire pour l’envisager. N’oublions pas que l’immense majorité de la population humaine vit déjà ainsi et envisage avec beaucoup de prudence de basculer dans notre monde matérialiste. Les rapports de force les y obligent parfois, mais tout en étant conscients que cela est dangereux. La Chine et l’Inde sont de parfaits exemples de cette posture obligée d’intégrer des éléments de la Modernité pour résister aux impérialismes d’essence européenne. Demain, ce que le Japon a su faire sous l’ère Meiji, tous les peuples le feront, obligeant les Européens à revenir dans leur « pré carré ». Notre conception de l’homme, ou plutôt des êtres humains et des rapports sociaux, en sera profondément transformée, le capitalisme faisant l’objet de toutes les attentions.

Idéologie mondialiste dominante, le capitalisme fut le moyen le plus efficace pour artificialiser l’écosphère, but de la Modernité. Mais aujourd’hui, le capitalisme est le fossoyeur du capitalisme. Ce processus d’artificialisation qu’il a permis atteint son terme borné, d’une part, par les facteurs limitants de l’écosphère et, d’autre part, par la volonté de tous les peuples de la planète, donc des génomes, d’accéder au niveau d’artificialisation leur permettant d’exister. L’issue est d’admettre l’incontournabilité du couplage peuple/écosystème dont le respect limitera cette artificialisation à son strict nécessaire. Schématiquement, moins de chauffage pour les Africains en Europe et moins de climatisation pour les Européens en Afrique. Chacun dans son écosystème et tout ira écologiquement mieux.

Le défi est donc de penser l’arrivée, demain, de dizaines de millions d’Européens obligés de quitter des écosystèmes dont ils sont étrangers pour revenir chez eux. À ce stade, l’artisphère sera à son climax. Les historiens de demain considéreront peut-être que la Modernité déployée pendant les deux millénaires dits de l’ère chrétienne aura été la phase d’accélération que l’on observe dans toute croissance. Après l’adolescence, nous connaîtrions l’âge adulte. L’enfance aura été la Préhistoire. L’Ecoracialisme est le préalable incontournable pour réaliser une Ecosociété.

 Frédéric Malaval
Avril 2013

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