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Du courage en politique. Discours d’Olivier Battistini pour Reconquête

Du courage en politique. Discours d’Olivier Battistini pour Reconquête

par | 8 septembre 2024 | Politique, Société

Du courage en politique. Discours d’Olivier Battistini pour Reconquête

Polémia n’est pas là pour arbitrer les élégances entre les formations et les personnalités du camp national. Mais Polémia est là pour faire connaître les beaux textes. Et celui qui suit en est un. Son auteur, le philosophe Olivier Battistini, auteur de Platon, le philosophe roi l’a consacré au courage, au courage politique, lors de l’université d’été de Reconquête à Orange.
Polémia.

Laudator temporis acti

Je vous salue tous.

Je salue la mémoire de Grégoire Dupont-Tingaud, saint-cyrien et chef de meute – son nom claque comme celui du guerrier qu’il a été –, lettré et maître des mots, savant en dialectique politique et observateur lucide, courageux, amoureux du « vieil héritage », parti trop tôt.

Je salue David Quintela et Patrick Isnard qui avaient déjà jugé bon de me donner la parole lors de la campagne présidentielle. Je n’oublierai jamais.

Je sais pour quelle raison vous êtes ici.
Vous ne voulez plus que vos choix électoraux vous soient ravis.
Vous ne voulez plus subir la parole unique.
Vous ne voulez plus être pollués par les mensonges obscènes des médias et de ceux qui ont mis un genou à terre, qui ont renoncé, qui collaborent, élite autoproclamée, en réalité marionnettes et personnages fantoches.
Vous ne voulez plus être trompés par ceux qui, volontairement aveugles, déforment ou refusent le réel, changent le sens des mots – pour Platon, la perversion de la cité commence avec la fraude des mots.
Je pense à Éric Comyn. Aux mots de sa femme, belle, courageuse et tragique, Harmonie, qui a désigné ceux qui ont du sang sur leurs mains, les lâches et les traitres, les béats et les idéologues, les médias et les gens de gauche : la France a tué son mari…
Vous ne voulez plus des démagogues qui maintiennent le peuple dans une sujétion ignorante, à ses dépens, en lui promettant satisfaction de ses désirs, qui font du peuple souverain, le « gros animal » qu’ils ont conditionné.
Vous ne voulez plus être dirigés par les nains politiques qui instrumentalisent le temps des peurs pour asservir, qui pensent le viol des foules, la programmation des esprits, la persuasion de masse, et inventent des ruses intellectuelles pour occulter leur docilité, leur servitude, leur renoncement, leur capitulation devant l’islam, une théocratie en disharmonie avec la res publica, l’islamo-gauchisme, le wokisme, le mondialisme, la dictature des minorités, la déferlante migratoire et le grand remplacement, et, surtout, leur trahison, leur complicité, leur collusion avec ceux qui nous haïssent, qui organisent notre fin, veulent la guerre civile et qui participent de notre suicide.
Vous ne voulez plus de ceux qui détruisent l’école et refusent la méritocratie.
Vous ne voulez plus de ceux qui déconstruisent notre histoire, notre littérature.
Vous ne voulez plus du théâtre des illusions, des ombres de la Caverne.
Vous voulez entendre parler du courage en politique.

Je suis venu de Corse pour vous dire d’aimer la France quand elle est grande.
Dans l’ombre, Paoli : « Ils étaient tous pour la liberté mais ce n’était pas la même : pour Paoli, c’était la liberté de la nation, pour les autres la libération de l’individu. »
Dans l’ombre, Bonaparte, qui a lu l’histoire de Tryzus dans l’Alcibiade de Meissner.
Dans l’ombre, Napoléon, pour Nietzsche, l’antidote au « déclin », à « l’épuisement », à « l’affaiblissement des instincts ».
Je suis venu de Corse pour dire qu’est arrivé le temps du sursaut, celui du courage, que pour vaincre, il faut convaincre, et que la parole est une arme politique.

Avec Éric Zemmour, avec Sarah Knafo, avec Reconquête, il faut résister, car, avec eux, la question est celle d’une civilisation dont nous sommes les héritiers, d’une Europe animée d’une vie intense, inépuisable, qui a joué un double rôle : changer et conserver, une Europe capable de se transformer sans cesse, non en copiant des modèles lointains mais par une force créatrice qui vient d’elle-même, une Europe qui a le génie de modérer cette énergie violente, de préserver ses traditions, par un instinct dont l’action est tantôt soudaine, tantôt imperceptible et lente. La force qui nous préserve est populaire, générale, lente, silencieuse. Celle qui nous fait changer et semble augmenter l’intensité de notre vie éclate au moment de l’action. Alexandre, César, Napoléon…
Cette Europe gréco-latine et chrétienne, menacée dans son essence même, Éric Zemmour a le courage de la nommer et de l’aimer. De se battre pour elle.

Éric Zemmour est un maître de rhétorique et homme de mots, comme cela a été le cas lors de sa déclaration de candidature, lisant, dans l’univers silencieux d’une bibliothèque, un texte dense et beau, ou encore lors du Serment de Villepinte dans lequel il est question de Balzac, de Chateaubriand, mais aussi des enjeux du présent, de la survie de notre monde, c’est-à-dire de notre futur.

Homme de mots, il est aussi homme d’action.
Par son courage et son choix de s’engager alors que rien ne l’obligeait, il a provoqué notre enthousiasme et notre admiration. Il est notre chef. Il est le seul.
Le véritable homme politique est celui qui a l’aptitude à un jugement sûr, à estimer une situation en se fondant sur les lois de la logique et du bon sens, à connaître et à organiser le réel, à prévoir, ce qui est la marque de l’intelligence politique, à ne pas se laisser guider par les opinions, à diagnostiquer la maladie de la cité, sa décadence et le danger de la guerre civile : le courage en politique.

Dans l’art du stratège et celui du politique, la décision, le sens du kairos, de l’à propos, de l’occasion à saisir, sont fondés, en effet, sur l’art de penser le réel, de voir et de comprendre le grand remplacement, les pressions démographiques, les tensions géopolitiques, en s’inspirant des approches de Nikola Mirkovic ou de Sylvain Ferreira, de concevoir la faiblesse de l’Europe, la perte de la souveraineté de la France face à la mondialisation dévastatrice.

Il faut nommer, comme dans un huis clos tragique digne de l’auteur du Meilleur des mondes ou du Maître du haut château, un gouvernement mondial.
Il faut désigner l’émergence d’une « super classe mondiale », expression utilisée par Samuel Huntington, dans Le Choc des civilisations.
Il faut dénoncer, comme c’est le cas dans l’Antipresse de Slobodan Despot, un ordre politique qui impose une domination par une caste, l’usurpation de la souveraineté politique par des oligarques maîtres de la toute puissance économique et financière mondialisée et dérégulée, vivant isolés du reste de la population, qui n’ont plus peur de la révolte des peuples et rejettent les « improductifs » – une approche métapolitique digne de celle d’Aristote pour qui l’oligarchie c’est l’aristocratie qui a perdu le sens de la vertu et du « bien commun ».
Il faut dire enfin un nouvel ordre mondial, une géopolitique autre, conséquence du triomphe d’une vision des nouveaux maîtres du monde, les commerçants puritains, les Anglo-Saxons vainqueurs des Latins à Waterloo.

Il faut connaître la « guerre discriminatoire » et la « guerre juste ».
Il faut savoir l’ordre juridique mondial dans lequel l’ennemi discrédité, criminel en guerre contre l’humanité ne doit pas être battu, mais éradiqué.
Il faut incriminer le nihilisme occidental, la maladie du vide dont parle Soljenitsyne.
Il faut, avec Éric Werner, refuser de croire ceux qui ont inventé un danger russe qui n’existe pas pour créer une raison d’être dans un monde en décomposition où l’on ne croit plus à rien et dans lequel « la guerre est devenue à elle-même sa propre fin ».

Il faut regarder, paupières arrachées, ce qu’est devenue l’Europe aux anciens parapets où le Politique tel que le pensaient les Grecs n’est plus.
Même si, selon Hegel, dans le vertige du présent, les souvenirs et les exemples du passé ne sont que de vains fantômes, je regarde vers les textes grecs et latins, vers le « vieil héritage ». Il y a des trésors à retirer de ses ruines !

Lire Thucydide, l’historien politique, le maître de la métapolitique, pour comprendre les conséquences, les métamorphoses, les bouleversements. Les devenirs. Pour interpréter les tensions. Et approcher un « événement », un moment catastrophique dans le sens grec et l’acception mathématique du terme, ce qui peut définir un avant et un après. Albert Thibaudet, en 1917, à un Thucydide dans son sac.
Méditer aussi Platon, le philosophe-roi, pour saisir l’extrême-contemporain.

Nous sommes jaloux de notre essence, fiers de notre histoire, nous avons un sens du politique, le goût du beau, nous savons que l’histoire est tragique, les civilisations, mortelles, la proie facile d’un agresseur, quand elles sont détruites de l’intérieur.

Nous ne voulons pas assister, désarmés, à la fin.

Je pense à Mumford, La Cité à travers l’histoire : « Les Barbares se sont infiltrés dans les défenses, ils sont installés dans nos murs. Ces signes sont ceux de la prochaine nécropole. Le bourreau attend. Paraîtront bientôt les vautours. »
Je pense à la philia des Grecs, le « bien-vivre » dans l’acception d’Aristote, c’est-à-dire le souverain bien, le fondement de ce qu’est la cité véritable, et non l’hypocrite « vivre ensemble » imposé par des idéologues qui participent à la décomposition et au désarmement de l’Occident, ou plutôt de l’Europe, et dont le but est de nous anéantir.
Je pense à Soljenitsyne ? « À y regarder de l’extérieur, l’amplitude des convulsions de la société occidentale approche du point au-delà duquel cette société devient “métastable” et doit se décomposer. » Comment ne pas se rappeler les paroles de son discours à Harvard, en 1978, « Le Déclin du courage » ? : « Vous, en Europe, vous êtes dans une éclipse de l’intelligence. Vous allez souffrir. Le gouffre est profond. Vous êtes malades. Vous avez la maladie du vide. Le système occidental va vers son état ultime d’épuisement spirituel : le juridisme sans âme, l’humanisme rationaliste, l’abolition de la vie intérieure. Toutes vos élites ont perdu le sens des valeurs supérieures. Elles ont oublié que le premier droit de l’homme, c’est le droit de ne pas encombrer son âme avec des futilités. »

Comment oublier le Cheval de Troie ?
Comprendre. Anticiper. Agir. Avec courage. Avant qu’il ne soit trop tard.
Avant que ne soient envahis le Camp des Saints et la Ville bien aimée.

Olivier Battistini
08/09/2024 – Discours prononcé le 07/09/2024

PS : Merci à Olivier Battistini d’avoir commencé sa proclamation en évoquant la mémoire de Grégoire Tingaud, inspirateur de Polémia en 2002, mort tragiquement en janvier 2024.

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