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Du bien-fondé des dictateurs ?

Du bien-fondé des dictateurs ?
Du bien-fondé des dictateurs ?

Sans aller fouiller très loin dans l’histoire il n’est qu’à évoquer notre époque pour s’en convaincre : L’élimination brutale des « dictateurs » n’apporta pas le bonheur aux peuples « libérés ».

Chronique de Jean Lupin, essayiste, pour Polémia.

À quelques brasses de chez nous l’écrasement de la Libye, si elle débarrassa la scène politique d’un homme critiquable (quel dirigeant ne l’est !) a laissé libre prédation et carnage à des fanatiques tenus jusque-là en respect. Son peuple mesurait-il le bonheur de manger à sa faim, d’avoir un toit et d’évoluer lentement vers ce que l’on nomme bien audacieusement la démocratie ? Une poigne régalienne imposait silence aux contestataires impudents. Ledit dictateur avait pourtant modéré ses actes et ses propos, était reçu en grande pompe par nos élus, ses fils fréquentaient nos grandes écoles, sa fille honorait la gent féminine. Un peu de patience l’aurait probablement, avec l’âge, transformé en sage du désert. Hélas, vouloir se libérer de la tutelle bancaire américaine signa sa perte… En tout cas des tonnes de bombes et son lynchage n’ont pas servi la paix et la justice.

On peut tenir le même raisonnement pour Saddam Hussein qui, tout comme Bachar el-Assad, faisait régner l’ordre sur un territoire hérité du dépeçage calamiteux de l’empire ottoman. Juifs et chrétiens y prospéraient, les femmes y étaient respectées, le peuple avait un toit et allait au supermarché. La folie de la guerre Iran/Irak ne fit qu’imiter le non-sens de nos conflits franco-allemands… La fin de l’empire du Tsar ne servit pas la liberté des moujiks alors que les Tolstoï anticipaient de profondes réformes. La chute de l’Ancien Régime en France s’est-elle grandie par la Terreur ou la Libération par la sanglante Épuration de 1945 ? Le rebelle Franco, marchant sur Madrid, aurait-il agi de cette façon si les Républicains espagnols n’avaient pas violenté le parti adverse ? Ce même Franco sut éviter à sa nation un sanglant changement de régime en préparant sa succession et en rendant sa couronne à un héritier « légitime »… Les dictateurs « populaires » d’Union soviétique se liquéfièrent peu à peu jusqu’à l’épisode Gorbatchev. Celui-ci accusa le choc par la glasnost et la perestroïka ouvrant sur une occidentalisation noyée dans la concussion jusqu’à ce qu’un autocrate-démocrate prenne solidement les rênes en main.

Les alternances se poursuivent dans le monde, autant dans les mœurs que dans les chancelleries. Les jupes raccourcissent durant un temps puis cachent jusqu’aux chevilles. Parfois quelques bouffons subsistent, provisoires soupapes de sécurité… encore que même par Dieu donnés ils irritent les faibles pouvoirs en place.

Les souverains de jadis étaient éduqués pour accéder au trône et pouvaient montrer quelque talent alors que de nos jours le plus hâbleur, le plus avide, le plus corrompu franchira les obstacles en trompant ses concitoyens. Ainsi le président français qui, une fois élu, fait le contraire de ce qu’il annonçait !

Saurons-nous un jour faire rimer pouvoir et vertu ?

Jean Lupin
24/02/2015

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