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Institut Iliade : « Discerner les continuités qui donnent au monde européen son identité »

Institut Iliade : « Discerner les continuités qui donnent au monde européen son identité »

par | 22 avril 2015 | Société

Institut Iliade : « Discerner les continuités qui donnent au monde européen son identité »

Le prochain colloque de l’Institut Iliade se déroule le 25 avril à Paris. Philippe Conrad, son président, historien et directeur de La Nouvelle Revue d’histoire, répond aux questions du site Le Rouge et le Noir.

« La “vieille Europe ”, celle d’avant le « sombre XXe siècle », nous a laissé en ce domaine un héritage exceptionnel dont nous souhaitons que les générations nouvelles d’aujourd’hui, désemparées par les escroqueries du prétendu “art contemporain”, puissent le redécouvrir ».

R&N : Philippe Conrad, pouvez-vous présenter l’Institut Iliade ?

Philippe Conrad : L’institut Iliade a été créé en juin 2014, un an après la mort de Dominique Venner qui avait formulé le souhait de voir une structure de ce type poursuivre l’action qu’il avait engagée en vue de réveiller la conscience française et européenne, endormie dans les temps de chaos que nous connaissons depuis plusieurs décennies. L’Institut a vocation à développer des actions de formation intellectuelle au profit des jeunes générations qui accèdent aujourd’hui aux responsabilités. Il a également pour but l’organisation de manifestations culturelles telles que conférences, colloques ou voyages. Il dispose d’un site qui doit faire connaître ses activités et fournir les munitions intellectuelles nécessaires à tous ceux qui cherchent à comprendre le monde d’aujourd’hui et à agir sur lui.

Vous introduirez le colloque de l’Iliade le 25 avril prochain sur l’univers esthétique. Quel est le but du colloque ?

Après avoir évoqué l’an dernier la figure de Dominique Venner, nous nous attachons cette année à la représentation de la beauté qui a été, dans la longue durée, celle des Européens. Chaque espace de civilisation définit des normes particulières quant à la conception de l’homme ou de la société, et c’est tout autant vrai en matière artistique. Or la « vieille Europe », celle d’avant le « sombre XXe siècle », nous a laissé en ce domaine un héritage exceptionnel dont nous souhaitons que les générations nouvelles d’aujourd’hui, désemparées par les escroqueries du prétendu « art contemporain », puissent le redécouvrir.

Qu’est-ce qu’un « univers esthétique » ? Ce qui encadre l’art ? Un ensemble de valeurs ?

Un « univers esthétique » correspond à une certaine appréhension du monde, à un ensemble de règles et de représentations dans le cadre desquelles peuvent évoluer les artistes et les créateurs qui vont exprimer, au fil du temps, des valeurs ou des sensibilités qui, au-delà des transformations formelles ou des inspirations successives, témoignent de permanences supérieures.

De quelle Europe parle-t-on ? Quelles limites chronologiques et géographiques ?

Notre Europe se constitue déjà, à beaucoup d’égards, avec les sociétés aristocratiques qui se mettent en place à partir de l’Age du Bronze. Elle s’affirme ensuite en Grèce avec les récits fondateurs que nous a laissés Homère, puis à Rome, mais aussi dans les contrées « barbares » des mondes celtique et germanique. L’aventure se poursuit à Byzance et dans le monde slave tout autant que dans l’Occident latin profondément imprégné par le christianisme à partir du IVe siècle. C’est sur cette petite péninsule du continent asiatique qu’évoquait Valéry que s’est développé un espace civilisationnel tout à fait original qui va engager, à partir des XVe-XVIe siècles, le décloisonnement du monde et imposer à la planète une domination remise en cause par l’immense tragédie que fut la guerre civile européenne de 1914-1945.

Y a-t-il des univers pré-chrétiens, chrétiens et post-chrétiens ? Quelle continuité entre les univers esthétiques, ancien puis chrétien et enfin moderne ? Quel est l’apport de l’Europe chrétienne selon vous ?

Il est aisé de discerner les continuités qui, dans la longue durée, donnent au monde européen son identité, de l’Antiquité antérieure au christianisme puis à la modernité qui s’en est progressivement éloignée. L’héritage du christianisme demeure, dans tous les cas, essentiel dans la construction de notre civilisation, quels que soient les dénis de réalité auxquels nous avons été confrontés quand les inspirateurs de la calamiteuse Europe de Bruxelles ont refusé haut et fort de reconnaître les racines chrétiennes pourtant indiscutables de notre civilisation. Le christianisme est devenu, à partir de la fin de l’Antiquité, et pour les quinze siècles qui ont suivi, la religion de l’Europe et a largement déterminé les différents aspects sociaux, politiques, culturels de sa civilisation.

Quel est le rôle de la France dans cet univers esthétique européen ?

Ce rôle est évidemment majeur du fait de l’histoire qui a été celle de notre pays au cœur du continent. Il suffit d’évoquer notre patrimoine médiéval, l’importance de la place occupée par la langue française à partir du XVIIe siècle ou le rôle de premier plan joué par les artistes ou les penseurs français au cours des derniers siècles pour le constater. En cela, la France s’inscrit dans la magnifique symphonie d’une Europe où plusieurs pays ont successivement occupé le premier rang dans le contexte des rivalités de puissance du passé mais où, aujourd’hui, les facteurs d’unité apparaissent, sur le plan culturel, de plus en plus évidents, dans un monde dominé par un matérialisme et un utilitarisme devenus puissamment mortifères.

Philippe Conrad
Source : lerougeetlenoir.org
20/04/2015

« L’univers esthétique des Européens », colloque annuel de l’Institut Iliade, samedi 25 avril de 14h à 18h30 la Maison de la Chimie, 28 rue Saint Dominique, 75007 Paris. Avec les interventions d’Alain de Benoist (« L’art européen, un art de la représentation »), Slobodan Despot (« L’art européen et le sentiment de la Nature »), Christopher Gérard (« La beauté et le sacré »), Jean-François Gautier (« La polyphonie du monde »), Javier Portella (« La dissidence par la beauté ») et des présentations de hauts lieux européens (Duarte Branquinho, Adiano Scianca, Philip Stein, Marie Monvoisin).

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