Par Michel Leblay, patron d’émission à Radio Courtoisie ♦ Le samedi 23 novembre 2019 avait lieu, à Paris, le 5e Forum de la Dissidence organisé par Polémia. Les interventions se sont succédés tout au long d’un après-midi très dense. Michel Leblay, bien connu des auditeurs de Radio Courtoisie était sur place et a pris des notes sur chaque discours. Un gros travail dont nous publions ici la première partie.
Polémia
Intervention de Michel Geoffroy : une dictature molle – Le moulag
Michel Geoffroy a montré, dans son propos, que la France d’Emmanuel Macron, sous l’apparence de la démocratie, vit, en fait, sous la férule d’une dictature molle : le moulag.
L’absence de coercition physique, encore que la répression à l’encontre du mouvement des Gilets jaunes fut brutale, pourrait laisser croire au caractère outrancier du vocable de dictature. Pourtant le respect des formes démocratiques qui masque un appareil juridique particulièrement répressif vis-à-vis d’une expression libre rend cette dictature d’autant plus insidieuse qu’elle n’est pas perçue comme telle. En fait, l’Europe et la France plus d’autres encore parmi les Etats du continent, s’enfoncent dans un despotisme d’un nouveau genre. Celui-ci qui vise à museler l’affirmation d’une volonté populaire tient principalement à deux causes :
- le pouvoir d’une super-classe mondiale dont Bruxelles est la figure, qui détourne les Etats de leur mission, garant du Bien commun, pour les transformer en un ordre répressif au service de certaines minorités et de certains intérêts ;
Par ce rôle alors dévolu à l’Etat, le peuple qui se refuse à subir le néo-libéralisme mondialiste devient un ennemi ; d’où la diabolisation du populisme qui n’est qu’un mot novlangue pour dire démocratie.
- l’immigration de peuplement et son corollaire la société multiculturelle qui ruine l’idée de démocratie fondée sur le démos, le peuple.
Or dans une société multiculturelle, le peuple n’est plus cet ensemble humain partageant les mêmes traditions, la même langue et la même identité. Devenus xénocrates, les gouvernements donnent la priorité aux Autres sur les Nôtres.
Une France paroxystique
Au regard de cette situation générale, la France apparaît à Michel Geoffroy comme paroxystique, du fait
- des institutions de la Vè République qui accordent des pouvoirs considérables au Chef de l’Etat que celui-ci n’équilibre pas par la reconnaissance d’une légitimité au moyen du référendum que permettent ces mêmes institutions ;
Il faut rappeler qu’au premier tour de l’élection présidentielle de 2017, Emmanuel Macron n’a réuni que 18% des électeurs inscrits et la LREM 13,4% au premier tour des élections législatives qui ont suivi.
- de la disparition progressive des contre-pouvoirs qui pondéraient traditionnellement l’action de l’exécutif et de sa majorité législative ;
Ces contre-pouvoirs (Médias, cultures, syndicats, associations, ONG, Eglises, Justice, partis) sont aujourd’hui devenus des rouages du pouvoir car ils obéissent à la même idéologie.
- d’un appareil de propagande et de censure sans précédent dans l’histoire de notre pays.
A cet égard, Michel Geoffroy a dressé la liste des textes liberticides adoptés ou en voie d’adoption depuis 2017 de la transposition dans le droit commun des mesures sécuritaires de l’état d’urgence au projet de création d’un Observatoire de la haine en ligne. Il y ajoute une éventuelle modification de la loi de 1881 relative à l’injure et à la diffamation.
L’appareil de censure mis en place a un caractère sans précédent puisqu’il recourt à la collaboration d’opérateurs privés que sont les réseaux sociaux. Selon l’expression de Martin Peltier, il s’agit d’un totalitarisme participatif qui use de tous ces abonnés des réseaux sociaux qui épient les propos de leurs semblables. Ce totalitarisme participatif s’inscrit dans la société de vigilance qu’Emmanuel Macron appelle ouvertement de ses vœux.
Malgré les apparences, se garder de tout pessimisme
Face à ce constat, il faut se garder de tout pessimisme sidérant. Le moulag est avant tout une dictature de l’impuissance. Et Michel Geoffroy a cité Emmanuel Todd : dans l’UE et l’euro, le pouvoir de Macron est fictif : son seul pouvoir est de taper sur les Français.
Mais si le développement de ce moulag est le fait d’un homme et d’une oligarchie qui le soutient, les Français ont leur part de responsabilité car ils ont acquiescé tout même s’ils ne sont que 9% à avoir perçu une dynamique d’amélioration depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Mais il ne s’agit là que de leur condition matérielle. En effet, il faut remarquer que la révolte des Gilets jaunes n’a pas été initiée par la question des libertés publiques mais avant tout par des préoccupations fiscales et sociales.
En conclusion, Michel Geoffroy cite Saint Augustin : A force de tout voir on finit par tout supporter. Ceci doit conduire chacun à un salutaire examen de conscience. Face au système, il n’est pas de petite capitulation, non plus de petite résistance.
Intervention de Philippe Bornet : dictature et tyrannie
Le futur appartient à celui qui a la plus longue mémoire, telle fut la présentation de l’intervention de Philippe Bornet. C’est en s’appuyant sur la connaissance de l’histoire que l’auteur de Demain la dictature prévoit le futur. Rétrospectivement, il apparaît une très grande différence entre la dictature et la tyrannie. Ainsi, sous la Révolution française Louis XVI fut accusé d’être un tyran, non d’un dictateur.
Les conditions de la dictature
Pour qu’elle soit instaurée, la dictature qui est l’exercice d’un pouvoir autoritaire, nécessite douze conditions, à savoir : le désordre dans la rue, l’impéritie du gouvernement, le mécontentement dans l’armée et la police, la guerre ou la menace de guerre, l’échec et la peur des élites, le prestige d’un général, la séduction de l’intelligentsia, le crédit des pouvoirs financiers, la désignation d’un coupable, la répartition du butin, le changement de Constitution, l’approbation populaire. A ce jour, la France en arrive au septième point : la séduction de l’intelligentsia.
Afin de préciser ce qu’est la dictature par rapport à ce qu’elle fut dans l’antiquité romaine et son évolution au cours de celle-ci, Philippe Bornet a souligné que le concept a changé de nature avec Sylla. Il est devenu disruptif, à l’image de l’étincelle dans un circuit électrique qui aboutit à modifier la caractéristique de l’isolant. C’est-à-dire que la dictature conduit, lorsqu’elle se prolonge à transformer le modèle de gouvernement par le passage de la dictature de commissariat à la dictature avec pouvoir constituant. Ce fut le cas avec Bonaparte qui institua une monarchie (en l’occurrence l’Empire).
Les Français sont-ils prêts à accepter une telle mutation ?
Selon un sondage récent, 41 % des Français inclineraient vers un pouvoir autoritaire. L’Histoire montre que la France est poignante : elle aime les hommes à poigne ; elle aime l’ordre.
La France soumise à un système tyrannique
Dans le contexte présent, la France est soumise à un système tyrannique où la superclasse mondiale, évoquée par Michel Geoffroy, a délégué son pouvoir à Emmanuel Macron. Celui-ci ne saurait être comparé à un tyran comme il y en eut dans l’histoire. Mais ce système tyrannique dont il est le représentant gouverne le pays par la force. Par une nouvelle référence au classicisme romain qui distinguait, l’auctoritas et la potestas, l’autorité et la puissance, le tyran n’incarne que la potestas.
Mais un gouvernement doit inspirer au peuple un sentiment de déférence, de respect voire d’amour qui tient à l’auctoritas, se faire obéir sans contrainte : ménager la liberté du peuple et l’efficacité du pouvoir.
Pour poursuivre dans cette distinction entre dictature et tyrannie par rapport à la situation présente, Philippe Bornet a observé que le propre d’une dictature est d’être parfaitement légale et de reposer sur une assise populaire. Or Emmanuel Macron et son régime manquent totalement d’autorité, c’est pour cela qu’ils versent dans l’autoritarisme.
A la question qui lui était posé sur d’éventuels candidats à la dictature, Philippe Bornet a répondu par une conclusion pessimiste : il n’y a pas de dictature sans guerre et nous ne connaîtrons le nom d’un futur dictateur qu’après cette guerre.
Libertex 2019 – L’indice de la liberté d’expression
Jean-Yves Le Gallou a présenté un classement relatif à la liberté d’expression, établi par Polémia et qui réunit neuf pays (Etats-Unis, Japon, Danemark, Italie, Hongrie, Royaume-Uni, Russie, Allemagne, Italie, France). Ce classement est fondé sur des indices anglo-saxons qui peuvent conduire à des biais, favorables au monde anglo-saxon, mais qui a permis le calcul d’un indice synthétique. Cependant, les écarts constatés entre les pays montrent que les biais ne sauraient affecter substantiellement les positions relatives des uns et des autres.
Les Etats-Unis (84/100) sont en tête du classement. Il faut préciser que cette position bénéficie du premier amendement de la Constitution américaine qui garantit la liberté d’expression, d’un indice global fondé sur des critères anglo-saxons et de la non-intégration de formes de censure privée.
S’agissant du Japon (76/100), il s’agit d’une société homogène sans véritable censure.
Le Danemark dont l’indice s’élève à 74/100 est le plus libre parmi les Etats scandinaves et il a fait preuve de la meilleure résistance face aux menaces islamistes.
Si le Royaume-Uni (69/100) est avantagé par le choix des critères de référence (anglo-saxons), il faut remarquer qu’il a été le premier pays, dès 1968, à promulguer des lois attentatoires à la liberté d’expression. De plus, il est marqué par la détention du journaliste Tommy Robinson.
La Russie (52/100) et également la Hongrie (70/100) subissent, par rapport à la position qu’elles occupent dans le classement, la sélection de critères anglo-saxons comme base de calcul.
Devancée par l’Allemagne (52/100), pays fort contraint en termes de liberté d’expression, la France se situe à la dernière place des neuf pays retenus pour son ouverture à la liberté d’expression. Pour elle, égrener la liste des textes restrictifs depuis la loi dite Pleven de 1972, est un exercice qui ne cesse de s’allonger. La dernière couche de l’arsenal mis en place depuis d’un demi-siècle est le projet de loi Avia aux termes duquel la puissance publique délègue un pouvoir de censure à des organismes privés.
Intervention de Nicolas Faure – La dictature des minorités
Nicolas Faure a axé son intervention sur la dictature des minorités en débutant par deux exemples : l’action d’une actrice néo-zélandaise en faveur d’une distribution plus inclusive pour la série du Seigneur des anneaux, en cours de réalisation ; l’annulation d’une conférence de Sylvianne Agacinski à Bordeaux, hostile à la PMA et à la GPA.
Ces exemples, choisis parmi d’autres, illustrent l’état actuel d’une société soumise à une dictature des minorités où s’efface l’intérêt commun. Pour autant, il ne s’agit pas de n’importe quelles minorités puisque le concept peut recouvrir tout le champ politique et culturel. Ces minorités mises sur un piédestal sont celles supposées soumises à un rapport de domination. C’est là la vision du monde des promoteurs du concept de minorité dans son acception politique présente : la société serait traversée par des rapports de domination.
La minorité n’est pas une notion quantitative mais un concept idéologique
En ce sens la minorité n’est pas une notion quantitative mais elle s’applique à des catégories particulières dont la mise en valeur est un instrument de déstabilisation sociale. Ainsi les populations d’origine extra-européenne, principalement celles venues du continent africain surtout si elles sont musulmanes, les femmes, les LGBT sont considérés comme dominés. Au contraire, les Européens, les hommes, les catholiques, les cisgenres relèvent de la catégorie des dominants.
Pour chaque individu, qu’il se rattache aux dominés ou aux dominants, une raison singulière justifie sa classe de rattachement.
Cette exaltation des minorités, de certaines minorités, repose sur un fondement idéologique : l’égalitarisme, doublé d’un ethnomasochisme.
La victoire de l’égalitarisme
Si ce qui constitue la dictature des minorités a réussi à s’imposer, elle le doit d’abord à la défaite idéologique de ce qui est nommé la droite. Perdante de la bataille idéologique née de la seconde guerre mondiale, sa défaite fut scellée par 1968 et ses conséquences. La victoire idéologique est alors celle de l’égalitarisme, élément central de la matrice idéologique de la société moderne.
L’égalitarisme, c’est cette croyance religieuse selon laquelle les hommes ne sont pas des sujets déterminés par leur biologie mais uniquement par leur environnement, c’est-à-dire par des facteurs sociaux, familiaux, éducatifs, etc. De cette vision du monde découle tout le reste et logiquement le cosmopolitisme.
Dans cette approche, l’ordre naturel auquel s’attachait l’être humain, fruit d’une essence, d’une tradition et d’un héritage, devient une simple construction sociale susceptible d’être occultée ou mieux d’être abattue.
L’étude des courants philosophiques à la base de cette idéologie, égalitariste, et des philosophes qui les ont échafaudés montre la prégnance de l’influence marxiste et de son matérialisme même si la référence au marxisme a quasiment disparu comme ambition de modèle social.
Idéologie du ressentiment, l’égalitarisme est aussi le moyen pour un milieu d’universitaires et d’intellectuels, face à un esprit européen éreinté par les guerres du XXè siècle, de procéder à la sape idéologique d’une civilisation qui est la leur, ce que Nicolas Faure appelle l’ethnomasochisme.
Comment abattre cette dictature des minorités
Mais cette dictature des minorités n’est pas insurmontable. L’abattre relève d’un processus en quatre phases :
1/ Comprendre le mécanisme idéologique à l’œuvre
2/ Accepter et comprendre la défaite idéologique de la droite
3/ Réaffirmer que les dogmes égalitaristes et cosmopolites sont à la fois obscurantistes et nocifs pour les sociétés européennes
4/ Combattre les causes et pas les conséquences et donc combattre l’égalitarisme et le cosmopolitisme et pas seulement l’islamisation de la France par exemple
Seul cet enchaînement d’une réflexion critique permet de défaire à la base les fondements d’une idéologie dévastatrice pour notre société et notre civilisation.
A l’encontre de cette idéologie, l’argumentation la plus souvent employée est dépourvue de sens quant à l’objectif visé et tourne même à l’absurde. Exhiber la laïcité conduit à renoncer à ce que représente pour ce que nous sommes la religion de nos ancêtres. La question de l’immigration avec ce qu’elle entraîne comme bouleversement culturel doit être posée au regard de ce qu’est l’identité des peuples européens fruit d’une histoire multimillénaire qui les a façonnés. Face à ces incontournables réalités, la discrimination positive qui consiste à donner un avantage à un individu parce qu’il est d’origine immigrée, en vertu d’une inégalité sociale dont il souffrirait, n’est qu’un travers idéologique.
Ainsi, en s’appuyant sur la raison, la pure construction intellectuelle qui nous soumet est simple à détruire.
Intervention de Guillaume Bernard – Le système Macron, ce qui le caractérise
Guillaume Bernard a débuté son intervention par une double question :
- Qu’est-ce que le système Macron ?
- Quel régime politique signifie-t-il ?
Il faut observer en premier lieu qu’Emmanuel macron n’est pas le seul responsable de la situation présente. Elle est l’aboutissement d’une évolution qui a commencé bien antérieurement, aux environs de la décennie 1990 avec l’effondrement du régime soviétique. Certes, les origines sont antérieures mais c’est durant cette décennie que les caractéristiques de ce système se sont affirmées.
Il convient donc dégager un certain nombre de ces caractéristiques :
- la plupart des attributs de la démocratie sont maintenues, élections, débats… ;
- pourtant, il y a une répression, parfois très brutale, des manifestations ou le refus entêté de la démocratie directe à travers le référendum d’initiative populaire ;
- mais le pire est que nous nous orientons de manière subreptice vers un régime de type tyranno-oligarchique exerçant un totalitarisme mou.
Il en découle trois questions :
- celle de la tyrannie
- celle de l’oligarchie
- celle du totalitarisme
La tyrannie
L’usage de ce terme, comme il a été dit dans d’autres interventions, est préférable à celui de dictature. Qualifier par ce vocable la situation présente serait injuste à l’égard de ce que fut la dictature de la Rome antique, c’est-à-dire confier de manière temporaire à une personne les pleins pouvoirs lorsque la patrie est en danger, dans l’intérêt du bien commun.
La tyrannie est l’exacte inverse de la dictature. C’est un régime corrompu qui détourne le pouvoir de ses fins, c’est-à-dire la défense du corps social.
Alors en quoi le macronisme confine-t-il à la tyrannie ?
Deux notions permettent d’appréhender cette interrogation :
- la post-démocratie, concept développé en Angleterre par Colin Crouch
- la gouvernance.
La post-démocratie signifie que les décisions ne sont pas prises par le corps politique ou sa représentation mais par des institutions supranationales en concertation des entreprises transnationales devenues anationales.
La gouvernance remplace peu à peu la notion de gouvernement. Là, c’est encore plus important que le passage à la post-démocratie. Un gouvernement s’appuie sur des choix politiques en fonction d’un diagnostic. Ces choix se fondent sur un ensemble d’éléments au regard de la morale, de la philosophie, de l’expérience historique. Au contraire, la gouvernance prétend supprimer les choix politiques au nom du fait qu’il n’y aurait qu’une seule solution, technique, scientifique, car elle serait la seule à être efficace.
Une telle conception de la solution tend notamment à s’imposer au travers des institutions européennes.
Post-démocratie et gouvernance contribuent donc à détourner le pouvoir de sa finalité qui est normalement la défense du corps politique. La post-démocratie, c’est la négation du peuple, c’est le fait qu’il faudrait être ouvert et non pas fermé. La gouvernance signifie que les experts, les sachants doivent avoir voix au chapitre parce qu’ils connaissent la solution acceptable tandis que les autres qui forment le peuple doivent être guidés par les premiers.
L’oligarchie
En l’occurrence, il s’agit d’une oligarchie, non d’une aristocratie.
Les élites sont supposées être issues du peuple, du meilleur du peuple. Pourtant les élites actuelles se sont désolidarisées du peuple. Elles renient leur appartenance au peuple. Ce sont ces élites mondialisées qui prétendent lui imposer leur volonté. Elles se replient aussi bien idéologiquement, avec le multiculturalisme et le transhumanisme, que territorialement et socialement avec les ghettos dorés. Ce sont donc de fausses élites. Si elles sont techniquement bonnes, elles sont déracinées ; en fait nulles en histoire ou en philosophie. Elles ont été formées pour être des exécutants, non des décideurs. Elles représentent une technocratie capable de maintenir un système mais incapable de dynamisme, d’innovation et d’anticipation. Il s’agit bien d’une oligarchie car les individus qui la compose défendent des intérêts de classe, non le bien commun. Au lieu d’être capable de se sacrifier pour le peuple, d’être les plus vertueuses, les plus adonnées au bien commun, ces fausses élites se détournent du peuple, l’abandonnent.
Le totalitarisme mou
Il doit être vu au travers de cinq éléments.
La désolation
Dans ce système nous retrouvons le concept clé retenu par Hanna Arendt dans sa définition du totalitarisme : la désolation. En effet, les populations sont en perte de repères à cause du multiculturalisme qui est le cas des autochtones et de la non-assimilation des immigrés. Cette non-assimilation est voulue.
Le déracinement des uns et la non-assimilation des autres rendent le peuple, pour une grande partie de celui-ci, en perte de repères. Le peuple devient alors particulièrement influençable. C’est le concept de désolation, au cœur du totalitarisme selon Hanna Arendt.
L’atomisation
A côté de cette désolation, il y a une atomisation des corps sociaux qui ne trouvent leur unité voire leur survie que grâce à l’intervention de la puissance publique. Celle-ci distribue des prestations financières et octroie des droits à certains groupes sociaux ce qui est reconnaître une forme de communautarisme.
La chosification et la marchandisation de l’être humain
Un autre élément constitutif de ce totalitarisme mou est la chosification et la marchandisation de l’être humain, exprimées par tous les travaux sur l’embryon, la PMA ou la GPA et le droit à l’enfant. Cette chosification relève aussi bien de la bioéthique que de l’économie comme ces délocalisations où les salariés sont invités à suivre l’entreprise dans sa nouvelle implantation.
La volonté d’omnipuissance de la puissance publique
Nous constatons une propension de la puissance publique à intervenir dans tous les domaines : réécriture de l’histoire, redéfinition de la nature humaine… Il faut s’interroger sur la légitimité de la puissance publique à légiférer sur certaines questions. Celles-ci peuvent parfois relever de la morale ou de la coutume.
Aujourd’hui, le principe qui court est que le législateur peut intervenir dans tous les domaines quels qu’ils soient. Il en ressort que Léviathan peut imposer n’importe quoi.
Une doxa officielle
Il existe une doxa officielle qui se prémunit de la concurrence, par exemple en évinçant de la sphère publique, la question religieuse et qui impose ses propres dogmes : les valeurs républicaines.
La surveillance idéologique
Celle-ci commence par l’endoctrinement scolaire.
La réduction de la liberté de pensée
Elle est liée d’abord aux médias qui ne cherchent pas toujours à manipuler l’opinion mais qui cachent la réalité.
Les groupes de pression communautaristes
Ils dénient ce qui est permis de penser en raison de leurs propres intérêts : si vous me critiquez dans mes actes, c’est que vous portez atteinte à mon être.
Il apparaît que ce totalitarisme mou n’est pas un totalitarisme d’Etat, c’est un totalitarisme diffus utilisé par l’Etat.
En conclusion, il convient d’observer que nous sommes face à un pouvoir corrompu au sens aristotélicien. Il bénéficie à une oligarchie qui est une fausse élite car elle n’est pas issue du peuple et elle ne sert pas le peuple. Nous sommes donc dans un contexte d’une nouvelle lutte des classes, concept échafaudé par François Guizot. Dans son acception, il opposait les productifs, ouvriers entrepreneurs… aux improductifs, l’armée et le clergé. Le concept fut repris par Marx pour marquer l’opposition entre les prolétaires et les bourgeois.
Sans être un parangon de la lutte des classes, il faut constater qu’une société qui ne fonctionne plus comme un organisme social connaît cette lutte des classes. Cette nouvelle lutte des classes qui caractérise la société présente dresse d’un côté ceux qui subissent l’insécurité qu’elle soit matérielle et physique, économique et sociale, culturelle et morale et de l’autre ceux qui profitent de cette insécurité, les élites mondialisés et ceux qui contribuent à cette insécurité, l’immigration non assimilée.
Au regard de ce constat, il faut être attentif à ce que tout ce qui s’oppose à Macron et à ce qu’il représente n’est nécessairement souhaitable. Il y a des alliances contre nature, auxquelles il faut s’abstenir de participer parce qu’elles vont à l’encontre de ce que nous défendons : l’ordre naturel des choses.
Michel Leblay
10/12/2019
Source : Correspondance Polémia