Il est des textes qui se passent d’introduction. Ce discours de l’excellent Renaud Camus en fait partie. Mieux, il est lui-même une introduction… à l’action.
Polémia
Mesdames et Messieurs les Présidents, Messieurs les généraux, Mesdames et Messieurs, Mes Chers Amis,
à banqueter dans une vieille forteresse perdue, entre gens de bonne compagnie, par une belle journée de printemps, nous pourrions donner à croire que nous sommes dans un rêve, dans un roman médiéval, dans une sorte d’heroic fantasy, troubadour et un peu kitsch.
Or c’est tout le contraire. Nous sommes un des derniers lambeaux de la seule réalité.
Deux grands récits se partagent le monde, ou, à tout le moins, l’Occident. Le partage est tellement inégal, à vrai dire, que partage n’est peut-être pas le mot. Si partage il y a, il est à 98 % contre 2. L’un de ces récits règne, l’autre est réfugié parmi nous. Celui qui règne a pour lui les juges, les banques, l’université, le gouvernement, le pouvoir, la quasi-totalité des médias, les fameux “gafas”, et, il faut bien le dire, la majorité de l’opinion publique, hélas. C’est précisément cela, le pouvoir : la possibilité d’imposer son récit jusqu’au tréfonds des âmes, des consciences, des cœurs et des masses. Dans toute l’histoire de l’humanité, jamais ce pouvoir de manipulation des cerveaux n’a été plus puissant qu’aujourd’hui. Jamais l’effet cumulatif du pouvoir n’a été si fort. Jamais le pouvoir n’a été plus pouvoir.
L’autre récit, celui qui se terre, n’a plus que nous ; et quelques parias pourchassés, censurés, harcelés, persécutés, diffamés, calomniés, haïs, traînés quotidiennement dans l’opprobre et la boue par les desservants tout puissants de l’autre culte.
Dans le premier de ces récits, celui qui triomphe, des flots de réfugiés harcelés et martyrs, chassés de leurs pays d’origine par la misère, par la persécution et la guerre, se précipitent vers l’Europe comme vers le seul refuge possible à leur effroyable malheur. Et l’Europe égoïste en accueille une partie, certes, mais beaucoup moins qu’il ne le faudrait, doublement moins : moins que ne l’exigeraient les sentiments de la plus élémentaire humanité face aux périls auxquels sont exposés ces infortunés ; moins aussi que ne le voudrait le propre intérêt de ce vieux continent à la population déclinante, qui aurait tout à gagner à élargir et rajeunir sa force de travail, et surtout de consommation. Mais inutile d’aller plus avant. Ce récit-là, vous le connaissez par cœur. Il est celui qui est déversé sur nous du matin au soir et du soir au matin. Il est nos acouphènes, que l’on ne peut pas ne pas entendre, en permanence.
Le second récit est bien différent, faut-il le dire. Il y figure très peu de réfugiés, qui, comme certaines saveurs précieuses dans les produits de l’industrie agro-alimentaire, sont une part tout à fait marginale des énormes masses humaines que ce récit-là évoque lui aussi, au point qu’elles y sont plus considérables encore que dans l’autre. Mais ces masses, en leur masse, ne sont pas, selon lui, jetées à travers les déserts, sur les mers périlleuses, dans les montagnes enneigées et la jungle des villes par la guerre, par la persécution et la misère, qui n’affectent qu’une petite partie de leur ensemble. Elles sont mises en mouvement par la nouvelle stupéfiante qu’un continent jadis riche, ordonné et puissant est à l’encan, qu’on peut aller y faire sa vie, que d’où qu’on vienne on peut s’y installer et jouir de ses richesses, de sa chance, de son heureuse organisation, des avantages de sa civilisation et de son organisation sociale.
Cette nouvelle étonnante, la disponibilité de l’Europe au reste du monde, fait bien état pour la forme d’un peu de résistance officielle à la transplantation sur le continent de populations venues d’ailleurs, et même d’obstacles que ces multitudes pourraient avoir à surmonter en chemin ; mais, en même temps, elle s’arrange pour laisser comprendre, à mille signes multipliés, qu’il ne faut pas prendre trop au sérieux ces embarras annoncés, qui sont surtout publiés dans le souci de ménager les opinions publiques locales. Pour l’essentiel, le message est bien clair et il est parfaitement compris jusqu’en les villages les plus reculés de la savane africaine :
« Venez, venez, venez, accourez, la voie est libre, vous serez toujours mieux que chez vous, et rapidement vous serez chez vous ! »
Et en effet ils seront chez eux, mais peut-être pas au sens où ils l’entendent. Ce nouveau chez eux sera comme l’ancien, car l’ancien, ils l’apportent avec eux. Les Africains désirent une Europe qui n’est si désirable que parce qu’ils n’y sont pas. Ils sont comme des hommes qui n’aimeraient que les vierges. Elle est comme un livre dont tous les caractères s’effaceraient sitôt l’ouvrirait-on. À peine y débarquent-ils, elle n’existe plus. Car ce qui fait les civilisations ce sont les peuples qui les ont forgées. Avec d’autres peuples elles sont autres, sauf bien sûr pour l’industrie de l’homme, post-humaine ou transhumaine.
En attendant l’évanouissement sinistre de ce leurre, pas un adolescent en bisbille avec ses parents, ou avec son école, ou avec la police, qui n’entende à merveille le discours subliminal, l’appel de l’Europe à être remplacée, qui déborde de toute part le discours officiel et le remplace dans les esprits. Ce discours subliminal, à peine subliminal, d’ailleurs, est d’autant plus irrésistible qu’il s’assortit de l’assurance prodiguée aux mineurs, par exemple, que non seulement il seront inexpulsables, à peine arrivés, mais que très vite ils pourront faire venir toute leur fratrie et toute leur parentèle.
Cette nouvelle urbi et orbi de la disponibilité de l’Europe au reste du monde, qui la lance ? Tout le monde, comme le premier récit — mais lui se garde bien d’en faire état : il en dénierait l’existence comme il dénie tout. Cette nouvelle est lancée par les Nations Unies, par l’Union européenne, par la grande majorité des États et des gouvernements européens, par leurs juges, par leurs journalistes, par la plupart de leurs artistes ou de leurs travailleurs de la culture, par leurs films, par leurs séries télévisées, par leur industrie culturelle, par leur industrie de l’hébétude, par leur industrie de l’homme. Car l’homme est une industrie, pour cet enchevêtrement de puissances intéressées. Et accessoirement un commerce, bien sûr. Cette galaxie, ce lacis de volontés agissantes et froides, c’est ce que j’ai nommé le remplacisme global : l’ensemble des intérêts et des mécanismes, des mécanismes d’intérêts, qui veulent l’homme normalisé, standardisé, homogénéisé, pasteurisé, désoriginé, déculturé, remplaçable ; et qui exigent que soient amalgamées en une seule ses trois hypostases au regard de l’économisme régnant : producteur, consommateur, produit.
Il faut perfectionner la formule fameuse et trop rabâchée, If it’s free, you are the product : si c’est gratuit, le produit c’est vous — si ce n’est pas gratuit aussi, et même encore davantage. Car le raffinement suprême est de faire payer les victimes, comme en Chine on fait payer aux familles la balle qui tue le condamné. Notons au passage que l’Europe est la première civilisation dans l’histoire de l’humanité à se ruiner pour subventionner sa propre colonisation, sa propre destruction, son propre remplacement.
Tout le monde l’a remarqué depuis longtemps, ce ne sont plus des travailleurs qu’importent les intérêts économiques et financiers : ce sont des consommateurs. L’objection selon laquelle ces consommateurs n’ont rien n’est pas pertinente. Sans doute ils n’ont pas d’argent mais demain ils auront le vôtre : les transferts sociaux du premier récit sont des transferts raciaux dans le deuxième, de même que les prétendus “logements sociaux” du premier récit sont dans le second les postes avancés de la colonisation, le maillage du territoire par la conquête imposée, les casernes de l’Occupant — qu’il faut reconstruire indéfiniment, pour une raison mystérieuse. Mais surtout les nouveaux venus ont des besoins et des désirs, et ce sont là les qualités premières de tout consommateur. A l’exception éventuelle de la libido sciendi, la soif de connaissance, on a cru remarquer que les libidos diverses, dans l’ensemble, n’étaient pas leur point faible. Ils ont besoin de vêtements, ils ont besoin de communications, ils ont besoin de divertissement, ils ont besoin d’hôpitaux pour y être soignés, ils ont besoin d’écoles pour leurs enfants et plus que tout ils ont besoin de logements : c’est-à-dire de bâtiments, de routes, de ville, d’extension infinie de la banlieue universelle, avec disparition du peu d’espace qui reste entre les villes, effacement des Blancs de la carte.
Les indigènes européens, les Blancs, qui ont obscurément conscience, en leur sagesse de très vieux peuples, que toutes les politiques écologiques sont parfaitement vaines et illusoires aussi longtemps que perdure la croissance démographique, se gardent bien d’assurer encore, par leur taux de natalité, cette disparition de l’espace libre, de la campagne, qui est le vœu secret des croissantistes, des bétonneurs, des desservants religieux de la bulle immobilière et financière. Il faut les remplacer, ces populations indigènes trop sages, trop blanches, trop chères et trop pourvues, par des populations qui n’auront pas leurs scrupules, ni leur degré d’expérience et réflexion ; et qu’on attirera vers l’Europe, et vers leur fonction de remplacement, par l’ardente subvention de ce rêve auquel elles n’ont déjà que trop tendance à s’abandonner pour le bien de la Terre, croître et multiplier. C’est en France la fonction de la C.A.F., caisse d’allocations familiales, que des plaisants ont défini comme troisième lieu saint de l’islam, en rivalité comme telle avec la mosquée Al Aqsa de Jérusalem et sans doute, bientôt, avec la basilique Saint-Denis.
Au passage on pourra s’étonner que nos amis écologistes, en leur affligeante majorité, soient des immigrationnistes à tout crin, quand c’est l’immigration de masse qui assure à elle seule la croissance démographique, c’est-à-dire l’artificialisation sans merci. Artificialisation, c’est l’un des mots clefs du remplacisme global. Attaché à tout remplacer, dans un souci taylorien de normalisation, de standardisation, de baisse des coûts, d’économie, d’économisme et d’obsolescence programmée, le remplacisme est très logiquement l’empire du simili, du double, de l’ersatz, du toc, du low-cost, du faux, de ce que le français appelle familièrement, je m’en excuse, le bidon. Tout le monde a renoncé à parler de village universel pour décrire les effets de la globalisation, l’expression était trop bucolique pour la triste réalité. On dit plutôt et plus justement banlieue universelle, à présent. Mais il serait plus juste encore de parler de bidonville global. Cette expression présente en effet l’avantage, au moins en français, de qualifier à la fois l’horreur physique du monde qu’apprête, pour l’humanité déshumanisée par ses soins, le remplacisme global, et dont la jungle de Calais et nombre de quartiers parisiens deviennent les archétypes, les appartements-témoins, et, d’autre part, le caractère de fiction totale, l’essence bidon, fake, fausse, menteuse, constamment menteuse, de cet univers que nous imposent la révolution post-post-industrielle, le taylorisme planétaire et ce que je désigne familièrement, beaucoup d’entre vous le savent déjà, comme la davocratie directe, la gestion sans intermédiaire du parc humain par Davos et les “grands financiers”, avec pour idéologie officielle l’antiracisme et pour milices les antifas. J’opposais pour commencer deux récits : d’une part celui qui montre de malheureux réfugiés se précipitant vers l’Europe pour fuir la guerre et la misère ; d’autre celui qui expose un continent livré, trahi, abandonné à l’invasion provoquée, à l’occupation étrangère, à la colonisation, à l’islamisation, au changement de peuple et de civilisation, à l’ethnocide, au génocide par substitution. Le premier de ces récits nous écrase, l’autre peut seul nous libérer, comme un dormeur se réveille in extremis d’un cauchemar dans lequel il s’avançait vers l’abîme ou vers l’abattoir au sein d’un troupeau hébété. Le premier constitue ce que j’ai nommé le faussel, le réel faux, le faux réel, l’espace de la substitution, du remplacement, du simili, de la contrefaçon, du bidon, du bidonville, du bidonmonde, médiatisé par les médias, artificialisé pour les besoins de l’industrie de l’homme, de la production de la MHI, la Matière Humaine Indifférenciée. Le second est le réel vrai, le vréel de Lacan ou de Kristeva, si l’on veut, le réel auquel on se cogne : notre misère et notre honte, notre malheur et leur crime, l’épreuve de notre détermination et de notre courage.
Si le CNRE n’était que cela, ce ne serait déjà pas mal : le champion du vrai récit, je n’ose pas dire du vrécit — celui qui montre du doigt la Lettre volée, la réalité trahie, le mystère en pleine lumière, l’abomination du changement de peuple, qui crève les yeux et le cœur. Le négationnisme aujourd’hui, c’est la négation du Grand Remplacement, la contestation de l’ethnocide, le déni triomphant face à la Destruction des Européens d’Europe et de leur civilisation. Cette destruction est un effondrement, entraîné par l’absence de structure porteuse, à l’intérieur, autant que par la pression extérieure : par la Grande Déculturation autant que par le Grand Remplacement ; par la décivilisation autant que par la substitution ethnique. Face à cet effacement notre mission est d’être : de dire, de parler, de nommer, de montrer, mais d’abord d’être, d’exister, d’incarner visiblement un immense refus ; de donner forme, dirais-je, figure, apparence et de maintenir.
Ce n’est évidemment pas suffisant, il faut faire, aussi, agir et empêcher. Mais faire, chacun de vous et chacun de vos mouvements le font déjà, “For Britain” le fait déjà, le Siel le fait déjà, la Ligue du Midi le fait déjà, Les Volontaires pour la France le font déjà, les Amoureux de la France le font déjà, Génération Identitaire le fait déjà, et avec quel talent, quelle inspiration, quel brio, quel humour et quel courage. Vous êtes des exemples et des sources d’inspiration pour nous tous et pour chacun d’entre nous, comme l’est aussi cette grande espérance venue du centre et de l’est de l’Europe, de l’Autriche, des pays du pacte de Visegrád, de notre membre éminent le président Václav Klaus, qui regrette de ne pouvoir être parmi nous et dont je vous ai lu tout à l’heure un message, et plus que tout de la Hongrie de Viktor Orbán, de cette chère Hongrie qui a tant souffert en grande partie par notre faute, qui sait ce que c’est que l’occupation étrangère, que l’étouffement des libertés et que l’islamisme, et dont je tiens à saluer tout particulièrement ici les représentants, avec amitié, admiration et respect.
Le Conseil National de la Résistance, faut-il le dire et le répéter après cette énumération de compétences, de luttes et d’accomplissements, n’a aucune espèce d’intention de se substituer à tous les mouvements, partis et personnalités qu’il rassemble, et qu’il entend rassembler toujours plus largement. Il n’est pas remplaciste, vous l’aurez compris. Et il n’entend dire à personne de ceux qui veulent bien le rejoindre ce qu’ils ont à faire, d’autant qu’ils le font à merveille. Certes il n’exclut pas de prendre des initiatives, et pas plus tard qu’après-demain, à Paris, devant la statue de Winston Churchill, une de ses références favorites, en soutien à la liberté d’expression, à la liberté tout court, à Tommy Robinson, un autre de ces héros, et toujours en faveur de la décolonisation, de la libération du territoire, de la remigration. Mais il aspire d’abord à être une image, un symbole, un emblème, un drapeau : celui du refus de la mort — le drapeau du refus des Européens face à la disparition qui leur est promise, et ménagée.
Révoltez-vous !
Unissez-vous !
Remigrez-les !
Que chacun retrouve sa patrie, sa civilisation, sa culture, la vibration sympathique de l’air et de l’esprit, autour de l’être.
Source : Conseil national de la résistance européenne
Crédit photo : Conseil national de la résistance européenne