Pas plus que CNews, personne n’est obligé de regarder BFMTV. La décision de BFM de se joindre à une grève politique anti-RN est une première.
Une grève contre le RN pour BFM et RMC
Voilà donc une chaîne qui se veut neutre par rapport à CNews, qui serait droitière, et qui n’hésite pas à faire grève contre une partie de ses téléspectateurs. C’est tout de même révélateur d’un sectarisme idéologique journalistique qui décrédibilise la fiabilité du travail d’information de la chaîne.
Des syndicats d’Altice Media, maison mère de BFMTV et RMC, ont appelé, souligne Stratégies, à la grève le samedi 15 juin pour permettre aux salariés du groupe de participer aux manifestations prévues à l’appel d’une intersyndicale et de la gauche. « Cessons de feindre l’indifférence derrière une neutralité de confort », lancent la CGT et le SNJ (Syndicat national des journalistes) d’Altice Media (BFMTV, RMC, BFM Business…) dans un tract publié sur X, rappelant aux « journalistes », « techniciens » et autres « employés » qu’ils sont également « citoyens ». « Nous qui travaillons dans les médias, avons le devoir de rejoindre le sursaut populaire et de la jeunesse en cours », estiment-ils. « Face à l’urgence de la situation », ils appellent « donc à la grève samedi » pour permettre la mobilisation des salariés du groupe « à Paris et en région ».
L’Arcom (ex-CSA) muette face à la propagande médiatique macroniste
La caste médiatique se révèle
Pour BFM, les téléspectateurs de la chaîne qui votent RN sont un danger et ils font grève contre eux. Voilà donc des journalistes qui font grève contre une élection et contre des électeurs. Ils sont, jusqu’à la caricature, la confirmation qu’il y a bien une caste journalistique porteuse d’une idéologie politique. Ils ne veulent pas informer, ils se servent de l’information pour formater dans la ligne éditoriale privatisée du service public. Il y a une expression très utilisée au cours de cette surréaliste campagne des législatives : « les masques tombent ». On peut dire que pour certains médias les masques tombent et que le broadcast for Macron était en fait un broadcast for Mélenchon qui se révèle.
Quel impact ?
Les téléspectateurs de BFMTV seront-ils sans réaction devant cet aveu de politisation à l’extrême gauche ? C’est possible.
Ils peuvent cependant aussi décider de ne plus regarder la chaîne et d’aller vers ses concurrents. On exclut France Info TV dont la politisation gauchiste est encore pire et dont l’audience, contrairement à celle de la radio, est microscopique. Ils peuvent donc choisir LCI, une chaîne qui roule pour Zelensky, ou CNews plus favorable à la droite.
Si, à la suite de la grève, l’audience de BFMTV baisse encore, les actionnaires accuseront le coup et en tireront les conséquences.
La chaîne est déjà déstabilisée par le fait que CNews lui soit passée devant, ce qui provoque vraisemblablement une réaction entre consternation et fureur… mais pourrait bien provoquer une légère remise en cause.
Ainsi les faits divers de société liés à l’insécurité et l’immigration sont plus traités depuis quelques semaines, premier signe que c’est l’auditeur qui fixe la ligne éditoriale.
On peut estimer aussi que c’est la rédaction de payer le prix de sa rupture avec le public. Un prix qui de perte d’audience et donc de revenus publicitaires.
Une rédaction en grève contre un vote démocratique et dénonçant comme un péril certains de ses téléspectateurs, il fallait le faire ; les syndicats de BFMTV et de RMC, chaînes d’information, l’ont fait. Ceux qui en sont indignés n’ont pas besoin de faire barrage, il leur faut simplement zapper et regarder ailleurs.
Pierre Boisguilbert
16/06/2024
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