♦ André Posokhow consultant, essayiste…
Le premier ministre a annoncé un plan d’économies à réaliser avant le 31 décembre 2017. Comme d’habitude on commence par des mesures médiocres et sans envergure consistant essentiellement à vider d’une partie de leur substance des budgets régaliens comme ceux de la Défense nationale, de la Sécurité, de la Justice, pourtant en souffrance, et de la Diplomatie. Les vraies économies ont fait l’objet de promesses à réaliser à partir de 2018. Nous savons ce que valent les promesses de la caste dirigeante.
Bien entendu il n’est pas question de porter atteinte aux dépenses publiques illégitimes qui font tout le charme de notre gabegie nationale : invasion migratoire, fraude sociale, politique de la ville, assistanat, énergies renouvelables, etc. Ce sont les vaches sacrées de nos présidents depuis près de 40 ans.
Dans son audit sur l’état des finances de la France rendu au début du mois de juillet, la Cour des comptes a été claire. Pour satisfaire Bruxelles, le gouvernement doit trouver entre 4 et 5 Mds€ d’économies avant la fin de l’année.
C’est un objectif plus qu’ambitieux car à la rentrée il restera moins de quatre mois pour atteindre cet objectif.
Des économies qui touchent surtout le domaine régalien
Le nouveau ministre de l’Action et des Comptes publics a présenté l’ensemble des mesures d’économies que l’Etat entend réaliser d’ici le 31 décembre :
-La mesure qui a soulevé le plus d’émotion a été l’imputation au ministère de la Défense du coût des opérations extérieures à hauteur de 850M€, montant qui viendra en moins des programmes d’équipement des forces ;
-L’Intérieur, pour sa part, va devoir faire 526 millions d’euros d’économies, sans toucher, paraît-il, aux effectifs de policiers ou de gendarmes ;
-La Justice aura à économiser 160 millions d’euros essentiellement au titre de son immobilier.
-Le ministère des Affaires étrangères aura 282 millions d’euros en moins, dont la moitié proviendra de la baisse de l’aide publique au développement ;
-A Bercy, ce sera 268 millions d’euros d’économies. Le coût du programme de numérisation sera réduit.
Trois observations :
-Les crédits du mammouth de l’Education nationale ne sont pratiquement pas touchés : 75M€, alors que c’est l’un des ministères les plus dispendieux et les moins efficaces ;
-Ni les collectivités locales ni la Sécurité sociale ne seront mises à contribution en 2017 ;
-Surtout, les conséquences de la gestion désastreuse des finances publiques par les prédécesseurs de l’actuel gouvernement dont, en particulier, le ministre des Finances de Hollande, soit E. Macron lui-même, sont supportées une fois de plus par les ministères les plus hautement régaliens : la Défense, l’Intérieur, la Justice, les Affaires étrangères. Comme d’habitude depuis des décennies.
Ce rabotage est mortifère. Il est clairement acquis que les armées sont à l’os en termes de personnels et de matériels, ceux-ci étant trop souvent à bout de souffle. Quant à la sécurité, un an après les manifestations de policiers furieux et désespérés, réduire son budget relève de l’inconscience ou de la provocation.
Et pourtant la gabegie des finances publiques offre d’autres perspectives d’économies.
Présentons les cas les plus patents :
- L’invasion migratoire
Entre autres estimations, G. Pince a estimé le coût de l’invasion migratoire par les ressortissants de pays tiers à 65Mds€. Il semblerait prudent de retenir le tiers de ce chiffre, soit 20Mds€ d’économies sur un quinquennat.
A titre d’exemple il apparaît insensé de financer la natalité africaine en France grâce aux allocations familiales. Celles-ci peuvent être évaluées à environ 14Mds€ pour les immigrés. Bien entendu, il faut tenir compte des binationaux et des couples mixtes. Il n’en demeure pas moins que le gisement d’économies est énorme.
Au vu de la politique actuelle nous n’en prenons pas le chemin.
- Fraude sociale
La fraude sociale est évaluée entre 30 et 60Md€. Les chiffres des redressements sont faibles, comparés à cette masse.
- Logement
Chaque année l’Etat alloue, sous des formes diverses, un montant global de plus de 40Md€ au logement et plus particulièrement au logement social :
-l’empilement et l’absence de révision des dispositifs ont conduit à un grand gaspillage d’argent public ;
-s’il est souhaitable d’offrir plus de logements sociaux aux Français et en particulier à ceux qui vivent dans la pauvreté il n’en est pas de même s’il s’agit de logements ethniques.
Le logement constitue d’ailleurs une cible déclarée par le nouveau gouvernement.
- Politique de la Ville
Selon Xavier Raufer, le gouvernement précédent a souhaité investir 20Mds€ dans la politique de la Ville de 2014 à 2024. Abandonner cette politique inutile dont l’échec est complet permettrait d’éviter cette dépense sur 5 ans, soit 10Mds€.
- Subventions diverses
Sans évoquer les subventions à des dizaines de milliers d’associations qui s’élèvent à 42chômage, Mds€, il faut souligner les abus que représentent les aides à la presse, garantie de la soumission des médias au pouvoir, à hauteur d’environ 2Mds€ et les subventions aux syndicats pour environ 4Mds€ (voir le rapport Perruchot).
- Chômage et dépenses en faveur de l’emploi et du travail
Comme a eu l’occasion de le rappeler la présidente du Front national sur Boulevard Voltaire, le coût du chômage pour la nation est exorbitant. En effet les dépenses en faveur de l’emploi et du marché de travail s’élèvent à environ 105Md€.
Et pour quel résultat ? Il y a 6 millions de chômeurs en France dans les catégories A, B, C, D, E, soit un taux de chômage total ou partiel de 21% et non pas de 10% de la population active comme il est communément dit. En comparaison, de 2010 à 2015, le Royaume-Uni a créé 2,5 millions d’emplois privés et supprimé en contrepartie 630.000 emplois dans le secteur public.
A titre d’exemple, appliquer les recommandations de la Cour des comptes en 2016 sur les allocations-chômage pourrait déboucher sur des économies et des recettes supplémentaires d’environ 4,5Md€, c’est-à-dire approximativement le montant du déficit du régime.
- Assistanat
Le RSA, socle dont le coût en 2013 a été de 8,4Mds€, constitue un système malsain qui engendre des abus, encourage l’assistanat, démoralise les bénéficiaires et s’inscrit dans la durée.
Les emplois aidés sont au cœur de la gabegie, notamment ceux tournés vers les jeunes. Les dispositifs mis en place, notamment par le gouvernement socialiste, sont multiples, considérés comme inefficaces et coûteux. Le coût de cette politique a été estimé à 3Md€ par an à fin 2015 pour 450.000 emplois aidés.
- Sécurité sociale
L’Ifrap a estimé, à fin 2012, les coûts de gestion des organismes sociaux à environ 33Md€, ce qui serait bien supérieur à ce qui se pratique chez nos voisins. Cette fondation a évalué à 6 Md€ le montant de l’économie que l’on pourrait réaliser en éliminant ces surcoûts.
- Santé
A suivre les recommandations de la Cour des comptes et de l’Ifrap, les économies possibles sur la santé peuvent être évaluées à environ20Md€.
- Etat
Au cours des 30 dernières années, le nombre des fonctionnaires des trois secteurs de la fonction publique est passé de 3,8 millions à 5,3 millions, soit une augmentation d’un tiers. Il serait même de 6,9 millions si l’on compte tous les salariés rémunérés avec l’argent public sans avoir le statut de fonctionnaire. En France les emplois publics représenteraient 25,7% de la population active contre 15,5% pour la moyenne de l’OCDE. Même si la comparaison avec l’Allemagne est discutable, il est utile d’indiquer que la différence avec celle-ci représente 2,4 millions de personnes.
L’IREF a calculé que, si la France se situait dans la moyenne de l’OCDE, la fonction publique serait réduite de 1.600.000 personnes, ce qui permettrait une économie sur les seules rémunérations d’environ 48Md€.
A titre d’exemple, selon un rapport du Sénat de janvier 2016, « Si la durée légale de travail était portée à 37,5 heures par semaine, ce qui correspond à la durée habituelle hebdomadaire de travail déclarée par les salariés du secteur privé, l’économie réalisée s’élèverait à 5 Md€ pour les trois fonctions publiques ».
- Collectivités territoriales
La dérive des finances de collectivités locales est très préoccupante. René Dozière, député PS qui traque la mauvaise dépense, a estimé les économies potentielles au titre du millefeuille à environ 15Mds€.
C’est d’ailleurs un chiffre analogue d’économies qu’a annoncé le nouveau gouvernement pour le quinquennat à venir.
- Les aides aux entreprises
Si les entreprises versent environ 55Mds€ d’impôt sur les sociétés à l’Etat, celui-ci leur reverserait un montant total d’aides (au travers d’un nombre de dispositifs estimé à 6000) évalué à 110 Mds€. C’est un système aberrant qui consiste à matraquer les entreprises et, d’un autre côté, à les rendre addictives aux subventions et aux aides. Selon un rapport remis au ministre du Redressement productif, ces aides forment un maquis illisible pour les chefs d’entreprise. Pas moins de 15.000 agents des collectivités locales travaillent à distribuer ces aides ; le coût pour celles-ci serait de 700 millions €.
- Normes et complexité administrative
En France, le stock de normes est évalué à 400.000, parmi lesquelles 10.500 lois et 127.000 décrets répartis dans 62 codes différents. Le coût moyen de la charge administrative pour les entreprises a été évalué par l’OCDE en Europe à 3% ou 4% du PIB, soit 60Md€ pour notre pays.
- Ferroviaire
A la lecture du dernier livre de Christian Gérondeau Climat, la grande manipulation, il ressort que, face aux recettes commerciales de la SNCF de 2015 – 8Mds€ – le chemin de fer a reçu près de 14Mds€ de subventions des pouvoirs publics.
La même année, les investissements, jugés financièrement non rentables par C. Gérondeau, se sont élevés à 9Mds€.
Chaque année, près de 4Mds€ sont consacrés aux TER qui sont empruntés régulièrement par moins de 2% des habitants de province alors que 93% ont recours à la voiture.
- Transition énergétique
Il faudrait une étude spécifique pour évaluer précisément le coût à venir de la loi sur la transition énergétique adoptée en 2015, loi idéologique, inutile, coûteuse et à terme désastreuse. Selon C. Gérondeau : « Le coût global des énergies intermittentes à mettre en œuvre de 2014 à 2025 est évalué à 56Mds€ selon la Commission de régulation de l’électricité, mais il s’élèverait à 180Mds€ si l’on voulait que les énergies renouvelables aient une production équivalente à celle des 19 réacteurs nucléaires à fermer ».
La transition énergétique est ainsi appelée à devenir un pilier de la gabegie nationale pour de pures raisons d’idéologie pseudo-écologique.
En définitive
Le cumul des montants des dépenses illégitimes de la gabegie nationale des dépenses publiques pourrait être considérable. Pourtant certains postes n’ont été qu’effleurés ou négligés : l’école, l’insécurité, l’émigration, Mayotte, ou pourraient se révéler sous-évalués : l’immigration clandestine, les collectivités territoriales, les énergies renouvelables.
Cette gabegie, s’il existait une véritable volonté politique d’y porter le fer, pourrait représenter une marge de manœuvre significative pour rétablir les équilibres financiers nationaux (hors les déficits extérieurs), plutôt que de raboter les budgets régaliens.
Affirmer que ce rabotage est conforme à une stratégie mondialiste d’affaiblissement des moyens de l’Etat et, à terme, de destruction et de disparition de celui-ci, pourrait soulever des accusations de procès d’intention et de complotisme. Il est possible de rétorquer que s’il y avait un complot de l’oligarchie dirigeante c’est bien de cette manière qu’elle procéderait.
André Posokhow
Consultant
12/08/2017
Correspondance Polémia – 12/08/2017
Image : L’armée sacrifiée à l’État-Providence
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