Par Eric Delcroix, juriste, essayiste et écrivain, auteur de Droit, conscience et sentiments ♦ Lu dans le Figaro du 8 septembre (page 3), sans aucune appréciation négative ou réprobation comme on va le voir, un article signé J. C.[i] et intitulé « Un soutien d’Éric Zemmour nommé brièvement conseiller ministériel ». On y lit cet écho, benoîtement présenté ainsi : « Certaines nominations ne passent pas inaperçues. Un arrêté publié au Journal Officiel le 5 septembre, repéré par Franceinfo, révèle que Brieuc Frogier a été nommé conseiller spécial au cabinet de la secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté, Sonia Backès. Mais sitôt nommé, le conseiller a finalement démissionné … » Et ce, parce que M. Frogier « avait apporté son parrainage d’élu à Éric Zemmour, alors candidat à la présidentielle. » Pour le collaborateur du Figaro, Fouquier-Tinville de toute petite pointure comme ses confrères de Franceinfo, il s’agit-là de rien moins que… d’ « accusations », terme ordinaire dans le lexique criminel !
Quand la radio d’État établie des liste de proscription
Il est stupéfiant de voir qu’une radio d’État puisse dénoncer à la vindicte des auditeurs d’un service public, un personnage public, motif pris que celui-ci donné son parrainage, dans un cadre légal et hautement civique, à un candidat à la présidence de la République. Le folliculaire du Figaro, qui ne s’embarrasse pas de nuances, ne voit aucune malice à ce mouchardage, choisissant le verbe bien neutre de repérer (« repéré par Franceinfo »). Au passage, notons la lâcheté de Sonia Backès, laquelle n’aurait jamais dû accepter cette démission. Mais la lâcheté de notre personnel politique est bien connue, illustrée récemment par la ridicule liquéfaction de Caroline Cayeux, passée incontinent de l’hostilité rabique à la faveur obséquieuse à l’égard du mariage des homosexuels… pour conserver son tout petit portefeuille.
Bref, la rédaction de Franceinfo se croit autorisée, pis se fait un devoir, de persécuter un citoyen et élu français qui n’a commis pour prétendue faute que d’avoir accompli son libre devoir civique. Nul ne peut douter qu’un tel traitement n’aurait pas été infligé à ce quasi quidam néo-calédonien s’il avait donné sa signature à Jean-Luc Mélanchon, comme David Lisnard maire LR de Cannes ! Est-ce alors autre chose que de la délation, savoir une « dénonciation inspirée par des motifs méprisables » (Petit Robert) ?
On aurait tort de ne regarder que dans le rétroviseur : non, la délation, ce n’est pas seulement quand on envoyait une lettre anonyme à la Kommandantur ou avantageusement signée au Comité local de Libération !
A quoi sert donc l’ARCOM (ci-devant Conseil supérieur de l’audiovisuel ou CSA), si ce n’est à pourchasser à bon compte le fascisme et les contempteurs des LGBT. Ou est donc la déontologie ?
De l’indépendance du service public de l’audio-visuel
Je ne connais pas ce Brieuc Frogier, mais il est comme vous et moi citoyen français et contribuable, aussi est-il révoltant de voir des journalistes gauchistes monopoliser les antennes publiques pour donner libre cours à leur militantisme, payés par nos impôts, et établir ainsi des listes de proscription ou fulminer des excommunications.
Ces journalistes d’extrême gauche, nommés sinon par brigue, du moins dans les coulisses d’un pouvoir culturel complaisant, revendiquent une totale indépendance, mais sur quel fondement ? Ils ne sont pas propriétaires de leur charge, contrairement aux officiers ministériels par exemple, et ils ne sont pas élus (contrairement, au passage, à leur malheureuse cible). Alors, pour utiliser un mot fort mais néanmoins adapté ici au Quatrième pouvoir, quel est, au regard de leurs prétentions, leur justification métaphysique ?
Peut-être est-il difficile d’organiser des élections au suffrage universel à tout bout de champ, mais l’indépendance des fonctionnaires de la radio d’État suppose un minimum d’onction démocratique, sauf à laisser n’importe qui, sans attache et comme en lévitation, être le service public. Peut-être conviendrait-il de remettre le choix des journalistes, comme de la ligne éditoriale, à un conseil d’administration qui pourrait être constitué de représentants des groupes parlementaires de l’Assemblée nationale, au prorata de leur nombre de députés ? En tout cas, il est inadmissibles de laisser sévir sur les antennes nationales des individus réunis en une coterie, à nos frais et sans légitimité aucune.
Eric Delcroix
12/09/2022
[i] Dont le nom complet ne figure pas, contrairement à l’usage, dans un article précédent.
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