Et si Emmanuel Macron faisait oublier son bilan désastreux durant cette crise du Covid-19 ? Les Français vont-ils tout oublier à la faveur du déconfinement ? Pierre Boisguilbert, contributeur régulier de notre site estime ce risque malheureusement très élevé.
Polémia
« Vous verrez qu’ils finiront par leur dire merci. » On entend cette petite phrase de plus en plus. Et ce que l’on voit depuis le début du confinement en est souvent, une consternante confirmation. « Français, vous avez la mémoire courte », avait dit le maréchal Pétain.
Démocratie Alzheimer
Et c’est vrai que, devant le lâche soulagement de la population devant quelques libertés retrouvées, on peut se demander si la Macronie ne va pas s’en tirer à son avantage. Devant la joie de pouvoir prendre un pot dehors avec copains et copines, tout paraît oublié. Oublié le scandale des masques et des tests, oubliés les mensonges et l’abandon des populations sensibles. On voit bien que c’est la vague du retour au monde d’avant, de consommation et d’égoïsme, qui remplace la peur de la deuxième vague. Ceux qui avaient annoncé un monde plus responsable n’ont qu’à regarder la pelouse des Invalides transformée en déchèterie par la génération écologie pour se dire que, décidément, l’être humain ne tire leçon de rien.
Pour nos gouvernants, s’ils ne sont pas sanctionnés par les tribunaux ou dans les urnes, ce sera encore marquant. Ceux qui vantent le travail pour lutter contre le désastre social, la famille pour briser les isolements générationnels et la patrie pour redonner une souveraineté par son économie à notre pays auront tout oublié si le peuple oublie. Nous sommes dans une démocratie Alzheimer. Nous n’avons plus de mémoire immédiate, mais une mémoire du temps passé qui permet de vivre dans un monde virtuel et une histoire reconstituée, sans s’affronter aux réalités du moment.
L’incompétence de nos dirigeants pendant cette crise aurait dû leur être fatale. Cela a paru un moment une évidence. Certains auraient même dû se faire seppûku ou du moins démissionner. La juste colère populaire aurait dû dès le déconfinement les submerger. Mais on se dit maintenant que l’épidémie a autant de chances, sinon plus, de renforcer le pouvoir que de l’affaiblir et c’est assez démoralisant pour ceux qui espèrent une réaction populaire contre les élites faillies. On voit bien également un rebond du Politiquement Correct qui a profité de la passivité des téléspectateurs captifs du confinement — valorisation de la diversité et du rôle des femmes, accroissement de la censure des opinions divergentes.
Le seul véritable ennemi du pouvoir, ce sont ses incohérences. On ne peut pas imposer le vélo pour sauver la planète et obliger le petit peuple à acheter des voitures électriques pour sauver Renault. On est toujours dans le même discours de la démocratie des hypocrites. Les masques ne servent à rien puisque nous n’en avons pas, ils sont indispensables dès lors que en avons et, grâce à nous, vous êtes sauvés. Finalement, de quoi vous plaignez vous ?
« La crise est finie et grâce au pouvoir vous êtes toujours vivants, ne soyez pas ingrat. » Voila la petite musique que l’on tente d’imposer. Et qui, hélas ! peut marcher. Les populistes finiront-ils par désespérer eux-mêmes du peuple ? C’est tout de même au peuple de montrer à ses défenseurs qu’il est à la hauteur des responsabilités historiques pour la nation, qu’on lui a confisquées et qu’il s’agit de lui redonner. Le pouvoir est à prendre mais il ne suffira pas de se vautrer aux Invalides ou sur les quais de Seine pour le ramasser.
Un espoir cependant. On sait que l’émergence politique de Jean-Marie Le Pen a été tout d’abord une émergence médiatique. Un tribun convaincant, disant enfin autre chose, a crevé l’écran pendant une Heure de vérité en 1984. Le débat Zemmour-Onfray sur Cnews a stupéfié les téléspectateurs par son niveau. Sans parler d’adhésion aux penseurs de la diversité souverainiste, il y a eu reconnaissance d’une confrontation d’intelligences. Ils ont fait la différence dans le débat d’idées. Sur une grande chaine nationale se serait produit un effet Le Pen. On comprend que les Avia et autres Sibeth veuillent interdire une expression de qualité en la diabolisant car, dans ce domaine, la Macronie ne fait pas plus le poids qu’ailleurs. On pensait que tout le monde, et pas seulement Gérard Collomb s’en était rendu compte, et allait en tirer les conséquences. Pour le constat c’est certain ; pour les conséquences, entre mémoire courte et lâche soulagement, c’est hélas bien moins sûr.
Pierre Boisguilbert
15/06/2020
Source : Correspondance Polémia
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