Accueil | Société | Décès de François : un pape encensé par la gauche

Décès de François : un pape encensé par la gauche

Décès de François : un pape encensé par la gauche

par | 23 avril 2025 | Société

Décès de François : un pape encensé par la gauche

Tourmenté depuis deux mois par une double pneumonie, Jorge Mario Bergoglio était brièvement apparu le dimanche de Pâques au balcon de la basilique Saint-Pierre qu’il quitta après quelques paroles inaudibles. N’a-t-il pas supporté cet effort ? On apprenait le lendemain matin qu’âgé de 88 ans il avait succombé à un AVC. Ses obsèques, auxquelles assisteront notamment Emmanuel Macron, Donald Trump, le prince de Galles, Volodymyr Zelensky, Ursula von der Leyen et bien entendu le président argentin, auront lieu samedi, et le conclave d’où sortira son successeur débutera début mai. Inutile de préciser que les vaticanologues se perdent en conjectures sur le nom du prochain souverain pontife et débattent du bilan laissé par le défunt.

La théologie du peuple, héritière de la mortifère théologie de la libération

Pour la gauche, la cause est entendue. Si Marine Le Pen s’est bornée au service minimum (« Une figure spirituelle s’éteint, laissant derrière elle un héritage de foi, de paix et de dialogue. Pensées pour la communauté catholique endeuillée par sa disparition »), cependant qu’Éric Zemmour se montrait plus offensif (« Pour certains catholiques, son pontificat fut une épreuve dans leur foi dans l’Église. […] Je fais des vœux pour que l’Esprit Saint éclaire son successeur »), le « camp du progrès » est presque unanime dans le panégyrique.

Jugeant le pape François certes un peu « décevant sur les questions sociétales » – encore qu’il ait autorisé la bénédiction des couples homosexuels ou transgenres car, professait-il, « on ne peut pas refuser cette bénédiction à deux êtres qui s’aiment » –, Libération célèbre ainsi « un pontificat engagé sur les pauvres, les migrants et l’écologie », ce qui explique d’ailleurs, selon le quotidien anarcho-bancaire, « la sourde hostilité que le parti d’extrême droite a portée à l’évêque de Rome, favorable, tout au long de son pontificat, aux droits des migrants à travers le monde ». Mêmes éloges, et pour le même motif, dans L’Humanité qui salue l’Argentin « au nom de la paix, des migrants et du Saint-Esprit », étrange trinité. Son de cloche tout aussi élogieux sur le site Slate.fr que dirige Mme Anne Sinclair : « Pour plusieurs raisons, liées à sa personnalité, à son exercice de la papauté, à ses décisions énergiques pour changer l’Église catholique, le pape François ne s’est pas fait que des amis, tant au sein de l’institution qu’à l’extérieur. Mais si elles n’ont pas abouti à des réformes substantielles, les douze années de son pontificat ont permis à l’Église d’entrer dans le xxie siècle », car l’exotique successeur de Benoît XVI avait mis en pratique son grand dada, « la “théologie du peuple” qui s’inscrit dans le sillage de la théologie de la libération ». Dont on vit les sanglantes conséquences en Amérique latine.

Les migrants, chair de l’Église

Dis-moi qui tu loues, et je te dirai qui il fut…

En se précipitant le 8 juillet 2013, à peine consacré, sur la minuscule île italienne de Lampedusa, 20 km2 à peine et qui comptait à l’époque moins de 6 000 habitants, submergés par des milliers de boat people africains, et en pressant ces derniers sur son cœur pour leur affirmer qu’ils étaient « la chair de l’Église » – opération renouvelée en 2016 puis en 2021 sur l’île égéenne de Lesbos au grand déplaisir du gouvernement d’Athènes et du patriarche orthodoxe grec –, François avait lancé un mouvement irrépressible.

À la fin du mois de septembre 2023, ce sont près de 11 000 migrants en provenance d’Afrique du Nord qui, en une semaine, débarquèrent derechef sur Lampedusa, la pire catastrophe subie par l’île depuis les bombardements américains de juin 1943 qui l’avaient dévastée, jetant bas son riche patrimoine historique. Déferlement encore plus cataclysmique à la fin du mois de septembre 2017 sur l’île de Sappho, envahie par 91 506 Moyen-Orientaux (l’équivalent de la population locale) fuyant l’État islamique par la Turquie, ravie de mettre l’ennemi grec (et chrétien) dans une situation impossible.

Mais il en aurait fallu davantage pour inciter le détenteur du siège de Pierre à battre sa coulpe… et le dissuader de poursuivre son autre grand œuvre : le dialogue interreligieux, en particulier avec l’islam. Ce qui ne l’empêchait d’ailleurs pas de flétrir en toute occasion, et encore la veille de sa mort, « le poison de l’antisémitisme ».

D’aucuns ont attribué à François la divine surprise que fut dans notre pays le baptême en la dernière vigile de Pâques de 17 788 adultes et adolescents, soit trois plus qu’en 2022 par exemple. Mais ce chiffre, qui ne doit pas faire oublier le nombre sans cesse plus restreint d’enfants ayant reçu le baptême (178 388 en 2022 contre 380 093 en l’an 2000), est-ce à sa « théologie du peuple » et à sa bonhomie surjouée qu’on le doit, ou au contraire, comme le soupçonne La Croix, à une démarche certes religieuse mais surtout identitaire, au désir devenu vital de « refaire nation », selon l’expression consacrée, voire de refaire civilisation, laquelle, sous nos climats, est indissociable du christianisme ?

Une question que pourrait utilement se poser le successeur de l’Argentin.

Conclave : un complot contre le cardinal Sarah

Mais François avait pris soin de « tout changer pour que rien ne change » – on en revient sans cesse à Lampedusa.

Non content d’abroger le motu proprio de Benoît XVI autorisant le retour dans nos églises de la messe traditionnelle et de bouleverser les règles de la Curie, il avait ainsi marginalisé les cardinaux qui lui déplaisaient et octroyé la pourpre à d’autres, plus proches de ses vues. Sur les 135 mitrés qui, enfermés sans téléphone ni ordinateur dans la chapelle Sixtine, participeront au conclave et y jouiront du droit de vote – refusé aux octogénaires et plus, lesquels peuvent cependant assister aux débats –, 110, soit 79 % du total, ont été nommés par lui. En fonction moins de leurs mérites que de leur adéquation à sa propre Weltanschauung.

Ainsi, en ce qui concerne les Français, de S. Exc. Jean-Marc Aveline, cardinal-archevêque de Marseille, élu président de la Conférence des évêques de France le 2 avril, et de S. Exc. Bustillo, évêque d’Ajaccio, deux villes où François s’était rendu malgré sa santé chancelante, alors qu’il avait refusé tout net d’assister à la réouverture de Notre-Dame de Paris. L’un d’entre eux a-t-il une chance de parvenir au pontificat, devenant le premier Français (encore que natif d’Espagne, dans le cas de Mgr Bustillo) admis à une telle charge depuis Grégoire XI, né Pierre Roger de Beaufort vers 1329 en Corrèze ?

Tous deux sont jeunes (66 ans pour le premier, 56 ans pour le second), mais le franciscain Bustillo s’est peut-être sabordé en accordant tout récemment une longue interview à Valeurs actuelles, horresco referens ! Quant à Aveline, au contraire très progressiste et zélateur du dialogue avec l’islam, son ambition et son activisme, ainsi que son ignorance de la langue italienne, jouent contre lui. À l’inverse, l’élection du cardinal guinéen Robert Sarah, né dans une famille animiste, pourrait séduire les conservateurs et ravir le tiers-monde où vivraient désormais 80 % des catholiques pratiquants, mais sa rigueur théologique et morale le handicape – cas également de l’Américain Raymond Burke, lui aussi très attaché au rite tridentin – et tous deux sont quasi octogénaires. À moins que le conclave ne choisisse un pape de transition après deux pontifes – Benoît XVI puis François – très âgés, ils ont donc théoriquement peu de chances. Et le cardinal Sarah moins que tout autre puisque, selon son collègue hongrois Péter Erdö, archevêque d’Esztergom, le Saint-Siège – sans doute le cardinal italien Parolin, grand maître de la politique étrangère du Vatican et lui-même papabile – serait intervenu auprès de Macron afin que celui-ci dissuade les cinq conclavistes français de voter pour l’Africain. Une démarche scandaleuse si elle est avérée.

Foin de tout pronostic, il faudra donc attendre la fumée blanche pour connaître le nom du 267e pape de l’histoire en espérant que le suspense ne s’éternisera pas deux ans, neuf mois et deux jours, comme ce fut le cas avant l’élection de Célestin IV en 1241. En espérant, surtout, que ce pape sera non pas un idéologue au service du mondialisme et de la déconstruction, mais un véritable défenseur de la foi et de la tradition, capable de remettre l’église au cœur du village. Est-ce trop demander de l’homme en blanc ?

Camille Galic
23/04/2025

Camille Galic

Mots-clefs :

Cet article vous a plu ?

Je fais un don

Je fais un donSoutenez Polémia, faites un don ! Chaque don vous ouvre le droit à une déduction fiscale de 66% du montant de votre don, profitez-en ! Pour les dons par chèque ou par virement, cliquez ici.

Voir aussi

Le pape François et l’Église cathodique

Le pape François et l’Église cathodique

Les médias audiovisuels dominants sont par leur nature idéologique antimonarchiques et anticatholiques. À une réserve près : quand la reine d’Angleterre meurt ou quand un pape décède. Ils sont alors les plus assidues des pleureuses. Car, pour ces entreprises...

Arrow