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De Lola à Justine : récupération et diversion

De Lola à Justine : récupération et diversion

par | 5 novembre 2022 | Politique, Société

De Lola à Justine : récupération et diversion

Par Pierre Boisguilbert ♦ Le meurtre de Justine a permis aux médias de ne plus parler du massacre de Lola. Il y a eu remplacement d’un fait de société par un fait divers.

Le meurtre horrible de Justine est bien entendu un événement dramatique de grande portée, mais il n’est pas comparable aux questions de société posées par celui de Lola.

Calvaire de Lola : accusations de récupération et silences coupables

La sidération de l’opinion publique et la colère sourde largement partagée ont paniqué le pouvoir et les médias. C’était le drame de trop, lié au laxisme vis-à-vis de la présence illégale d’immigrés sur le territoire national. Cette fois, le pouvoir a eu peur. Peur de l’effondrement du « pas d’amalgame » et d’une réaction populaire. C’est pourquoi les médias ont vite entonné l’air indigné de « la récupération politique de la droite et de l’extrême droite ». Depuis, Darmanin allume des contre-feux et se positionne sur une ligne de fermeté contre les clandestins délinquants. L’affaire Lola montait en puissance et Justine a permis une diversion médiatique ou une autre orientation, un drame en chassant toujours un autre. Justine, sans doute droguée dans une boîte de nuit puis abusée et tuée par un ouvrier agricole, a permis de braquer les projecteurs sur autre chose que l’horreur perpétrée sur une préadolescente par une jeune femme algérienne qui n’aurait pas dû être sur notre territoire. Le calvaire de Justine était inévitable, imprévisible en tout cas, et personne ne peut rien reprocher au pouvoir ; celui de Lola était évitable si la loi avait été respectée et appliquée. On n’est pas dans la même dimension. Justine ne gêne pas l’idéologie médiatique, Lola oui.

« Ce drame qui a dévasté les familles s’est produit en sortie de discothèque et sur fond d’alcool », affirme, vendredi 28 octobre, sur France Info, Me Michel Labrousse, avocat du mis en examen dans l’affaire du meurtre de Justine Vayrac. Son client a été mis en examen pour meurtre, séquestration et viol. Des expertises psychologiques et psychiatriques devront également être menées sur le suspect. Me Michel Labrousse assure que son client est « un individu normalement constitué », au « profil tout à fait normal, équilibré ». « C’est un jeune homme de bonne famille, éduqué, intelligent, qui pratique un sport, qui a une vie sentimentale normale », décrit l’avocat.

Il assure que « rien ne pouvait laisser penser » que son client « puisse commettre l’acte qu’on lui reproche ». « Il nous faudra savoir si au niveau psychologique, psychiatrique, si son passage à l’acte a des explications techniques », plaide Me Michel Labrousse.

La mort atroce de la petite Lola a donné lieu, de son côté, à une communication pour le moins chaotique de la part du président de la République et de l’exécutif en général. Le silence a longtemps été dominant. Il faut s’interroger sur ce silence, comprendre d’où il vient, ce qu’il signifie politiquement et en quoi il se fracasse sur le mur du réel. Le service minimum d’abord opéré par le gouvernement à l’occasion de cette tragédie visait d’abord à dépolitiser l’assassinat de Lola. Dahbia B. est mise en examen dans la mort de la jeune Lola tuée dans d’atroces circonstances le 14 octobre dernier dans sa résidence du XIXe arrondissement de Paris. Son corps avait été découvert dans une malle par un sans-abri.

Dahlia B est un exemple d’un certain laxisme. Sur des images, on voit Dahbia B. se présenter à l’accueil d’un médecin pour une consultation. Elle refuse de payer. En réponse, une des secrétaires médicales décide de lui confisquer son sac à main. « Là, si j’ai envie de faire des problèmes, je vais les faire tout de suite. Mais, pour éviter les problèmes, je veux juste récupérer mon sac. Tu as vu, là, je suis gentille », réagit la meurtrière présumée de Lola. Puis le ton monte. « Vous n’allez rien comprendre. Je vous ai prévenues, j’ai rien à perdre. » Cette altercation avait justifié le dépôt d’une main courante par les deux secrétaires médicales au cas où la jeune femme serait revenue mettre ses menaces à exécution. D’après le compte rendu policier de la main courante, consulté par BFMTV, c’est à cette occasion qu’elle aurait déclaré : « Je vais revenir, vous ne savez pas de quoi je suis capable. »

On sait maintenant de quoi elle était capable, mais trop tard pour le malheur de Lola.

Pierre Boisguilbert
05/11/2022

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