À l’occasion de la journée des femmes du 8 mars 2003, une large promotion est assurée à « l’appel national des femmes des quartiers : ni putes, ni soumises » lancé par la Fédération nationale des Maisons des Potes. Prisonniers de l’immédiateté et formatés par le politiquement correct, beaucoup de médias expliquent qu’il s’agit là d’une prise de conscience des femmes des banlieues soucieuses de jumeler le combat féministe et le combat antiraciste. Et pourtant un peu de recul historique devrait conduire à un minimum d’esprit critique !
L’appel « ni putes, ni soumises » arrive très exactement 20 ans après « la marche des Beurs », événement médiatique de l’année 1983 couronné par une réception officielle au Palais de l’Élysée et suivi dans une optique manifeste de récupération par la création de SOS Racisme.
L’objectif officiel de cette marche, c’était « l’intégration » et la promotion du métissage des cultures selon le fameux slogan : « La France c’est comme une mobylette, ça marche au mélange ».
Cela s’est traduit dans la réalité des banlieues par la réislamisation : les Minguettes, point de départ de la « marche des Beurs », sont désormais un quartier islamique ; Toumi Djadja, l’initiateur de l’opération est aujourd’hui un « barbu » respecté ; quant à son ami de 20 ans, l’abbé Delorme, il rumine son amertume
Mais l’islamisation des banlieues et la réislamisation des populations qui y habitent sont en train d’y imposer les conceptions traditionnelles de la femme dans le monde musulman : respectée à condition de rester à l’intérieur des murs de la maison.
Le voile ou le viol ?
Voilée ou violée, tel semble être le dilemme auquel est confrontée la jeune fille qui réside dans les quartiers à domination musulmane.
Or, faute de comprendre la logique de l’islam, les autorités françaises ont géré en dépit du bon sens l’affaire du voile islamique.
D’abord les autorités politiques – de Jospin à Bayrou – ont refusé de prendre leurs responsabilités : elles se sont défaussées sur les juristes du Conseil d’État : pétris d’individualisme et d’idéologie des droits de l’homme, ceux-ci ont vu dans le choix du port du voile – à l’école d’abord, à l’hôpital ensuite puis demain dans les entreprises – une liberté à respecter. Sans voir que la liberté des unes pouvait être l’oppression des autres.
Il est vrai que certaines jeunes filles ou certaines femmes peuvent choisir librement de porter le voile : par conviction religieuse dans certaines circonstances ; pour être plus libre de sortir, pour poursuivre des études ou exercer un métier, dans d’autre cas ; tout simplement parfois pour affirmer une identité différente de celle des Euros-Français. Mais cette « liberté » pour les unes, c’est une oppression pour les autres.
D’abord pour toutes celles qui portent le voile parce qu’elles y sont obligées par leur père ou leur mari, leurs frères ou leurs cousins, voire leur belle famille.
Et puis aussi pour celles qui ne portent pas le voile. Car le voile dans l’islam c’est le signe pour une femme de l’appartenance à la communauté des fidèles, à l’oummah – appartenance qui protège. A contrario, celles qui ne portent pas le voile ne bénéficient pas de cette protection et, qu’elles soient d’origine musulmane ou euro-française, elles courent alors des risques pour leur dignité et leur intégrité.
Dans certains quartiers, dans certains établissements scolaires, la femme voilée est protégée par les imams pendant que la femme sans voile est une proie pour les gangs.
Alors le slogan « ni putes, ni soumises », si médiatique soit-il, ne correspond à aucune réalité.
Le problème des femmes dans les banlieues est simple : c’est celui du choc des civilisations, entre une civilisation islamique pour qui la femme doit rester à l’intérieur des murs ou du voile pour ne pas être exposée à la convoitise masculine, et une civilisation européenne qui a toujours été attachée à la liberté et à la dignité des femmes.
Jean-Yves Le Gallou
11/03/2003
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