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De la gendarmerie mobile aux Gilets jaunes

De la gendarmerie mobile aux Gilets jaunes

par | 4 avril 2025 | Médiathèque, Société

De la gendarmerie mobile aux Gilets jaunes

Dans son livre Gilets jaunes – Des Ténèbres à la Lumière (Éditions Publifrance, 270 pages, 15 euros), Jean-Marc Ermann propose des chroniques rédigées durant cinq ans, à compter du début de ce mouvement de contestation.
Ancien gendarme mobile, il est représentatif de cette frange de la « France périphérique » qui s’intéresse de près à la chose publique et à la marche du monde tout en se défiant des partis politiques et des centrales syndicales, considérées comme complices de l’« oligarchie prédatrice » et du « Nouvel ordre mondial » dont Emmanuel Macron est l’actuel représentant dans notre pays.

D’où parle-t-il ?

Issu d’un milieu ouvrier lorrain, Jean-Marc Ermann a tout d’abord travaillé, comme ses parents avant lui, dans une usine de fabrication de chaussures avant d’effectuer son service militaire dans les parachutistes puis de s’engager dans la gendarmerie mobile.

Il garde un souvenir marquant d’une mission en Guyane dans le cadre de la lutte contre les orpailleurs clandestins de la forêt amazonienne. Durant ce séjour, il a découvert le mode de vie de deux ethnies amérindiennes vivant dans des villages isolés, les Wayampi et les Tekos, en conservant des liens d’amitié avec certains d’entre eux.

En 2015, après vingt-cinq ans de carrière, il est revenu à la vie civile en exerçant des fonctions de gestionnaire d’immeubles en Moselle.

« À l’époque, je crois encore aux institutions, au partage de la société française entre droite et gauche, au bien-fondé des élections, du syndicalisme, de la justice, des forces de l’ordre, de l’information… Je n’ai alors aucune once de défiance vis-à-vis de notre représentation politique. Rien ne me permet de remettre en cause les fondements de la société française. »

Il va déchanter peu à peu…

Un Gilet jaune des ronds-points

« Le 17 novembre 2018, une colère sourde issue du peuple se propage dans tout le pays. Les Gilets jaunes investissent les ronds-points de la France profonde et les pavés parisiens. Je comprends la motivation du peuple dont les revendications sont protéiformes et légitimes. La lutte contre les injustices sociales et fiscales, les dérives de nos institutions et les trahisons d’État semble être leurs principales revendications. Les médias tentent en vain de la circonscrire aux seules taxes sur le carburant. »

« Mon engagement dans le mouvement des Gilets jaune n’a rien d’antinomique avec ma carrière dans la gendarmerie. J’ai œuvré pour la justice, pour le bon fonctionnement de la démocratie. Les dérives de nos représentants, les atteintes à la nation, la corruption, l’injustice sociale vont à l’encontre des valeurs et de l’état d’esprit du gendarme. Ce mouvement me paraît plus que légitime. Sans hésitation, j’endosse un nouvel uniforme : le gilet jaune. Je me rends sur les ronds-points puis à Paris. Je regarde ce mouvement avec ma vision gendarmesque, mais aussi d’ouvrier et de citoyen de la nation. Les valeurs de justice, de respect de l’effort consenti instillées dans le mouvement des Gilets jaunes sont en adéquation avec mon vécu et celles inculquées en gendarmerie. »

Après son travail, il se rend avec son épouse sur un rond-point où se rassemblent les Gilets jaunes de Saint-Avold. L’ambiance est très conviviale. « Nos motivations : “Plus de justice sociale et fiscale, dénoncer la corruption d’État, plus de pouvoir au peuple (Référendum d’initiative citoyenne, mandat révocatoire…), un monde meilleur pour nos enfants.” » « Et nos devises : “Force et honneur !”, “On ne lâchera rien !” »

[En annexe du livre figure une recension, parue dans Polémia le 01/12/2023, d’un livre collectif qui raconte l’histoire des Gilets jaunes de Saint-Avold.]

La violence de la répression

Au sein des manifestations parisiennes, son expérience du maintien de l’ordre l’amène à s’interroger : « De la place de la République aux Champs-Élysées, nous avons été chargés par les forces de l’ordre, alors qu’il suffisait de nous canaliser. Les Gilets jaunes ont exprimé leur colère mais ne sont pas les auteurs des dégradations. »

« Nous sommes encerclés par les forces de l’ordres qui tiennent les carrefours. Avant d’ouvrir un passage, elles nous gazent copieusement, aucune issue de sortie n’est prévue. À l’aide d’un haut-parleur, un policier nous dit de prendre la direction de la place de la République, mais nous tombons dans un guet-apens. […] Toutes les issues se ferment de sorte que l’ensemble des manifestants se retrouve bloqué dans un véritable enclos. Nous sommes dans l’impossibilité d’en sortir sous peine de nous prendre un coup de matraque ou un jet de gaz lacrymogène. […] Sous un soleil de plomb, nous sommes gazés de façon régulière. […] Cela me donne l’impression de me trouver dans une arène avec des gladiateurs romains. » Deux heures trente plus tard, « nous sommes autorisés à quitter la place en passant entre deux rangées de policiers qui nous fouillent. Ils recherchent un objet, un masque pour justifier une garde à vue. »

L’ancien gendarme mobile observe que des policiers commettent des actes illégaux : « nassages prolongés » et « gazages » de manifestants pacifiques, coups de matraque inutiles dans la tête lors des interpellations et, surtout, tirs de LBD 40 à hauteur de visage… « Ces policiers, si on peut encore les appeler des policiers, qui salissent la police, salissent ceux qui l’honoraient lors des attentats et des moments difficiles, ne méritent plus leur place au sein des forces de l’ordre. La gendarmerie, quant à elle, attache davantage d’importance à son image. Une fois qu’un gendarme sort du cadre de la loi, ne respecte plus la déontologie, la gendarmerie le lâche et c’est tant mieux. »

Le 18 novembre 2023, il participe à la manifestation parisienne qui marque le cinquième anniversaire du début du mouvement. « Bravant le froid et la pluie, les Gilets jaunes ne lâchent rien. Ils dénoncent sans relâche cette situation délétère. Ce sont des phares qui sauveront les âmes perdues lors de la tempête. Quant aux forces de l’ordre, elles canalisent les dernières poches de résistance et laissent partir la France à vau-l’eau. »

La désinformation médiatique

Les médias français couvrent les violences pour discréditer le mouvement, en utilisant tous les vocables pour salir le mouvement : « Guerre civile, séditieux, foule haineuse, racistes, antisémites, homophobes, complotistes… »

Lors d’une manifestation à Nancy, Jean-Marc Ermann fait la une de l’Est Républicain qui titre « Les Gilets jaunes défient le Préfet ». Une photo donne ainsi l’impression qu’un Gilet jaune défie du regard un gendarme mobile, alors qu’en réalité les deux hommes parlent tranquillement de la gendarmerie ! « Comme quoi, on peut faire dire n’importe quoi à partir d’une photo. »

De son côté, « Facebook entrave la propagation de l’information. Nos comptes sont bloqués dès lors que les messages vont à l’encontre de la pensée dominante ».

La dictature sanitaire

Jean-Marc Ermann fait partie de ces Gilets jaunes qui poursuivent le mouvement de contestation lors de l’instauration des mesures contraignantes édictées durant la pandémie du Covid-19. Très vite, les intéressés mettent en doute la version officielle d’un virus provenant d’un pangolin ou d’une chauve-souris du marché de Wuhan, en privilégiant la thèse d’une création en laboratoire défendue par le prix Nobel Luc Montagnier que les médias de grand chemin contredisent alors fermement.

Les mesures réglementaires et sanitaires leur paraissent d’emblée liberticides : « Est-ce pour protéger la population ou mieux la contrôler ? […] Par petites touches successives, nous nous laissons emprisonner dans une cage dorée. Le besoin du tout sécuritaire supplante celui des libertés. […] Par un puissant lobbyisme de la terreur, les industries font croire à la population mondiale que tous sont potentiellement malades, ou vont l’être, de sorte à s’octroyer une clientèle totale. […] Les partis d’opposition, les syndicats, le Conseil constitutionnel, les représentants du peuple, les journaleux, la justice n’ont pas de scrupules à se laisser corrompre au détriment de la population. »

Le rôle de Mc Kinsey – une société américaine multi-condamnée – comme conseil du gouvernement ne contribue pas à les rassurer.

Anticipant par ailleurs les effets indésirables de la thérapie génique, ils préfèrent se fier à la maxime : « Dans le doute, abstiens-toi. ».

« Dans quelques années, les dirigeants, les médecins et les médias proposeront-ils un débriefing sur cette période, une fois les bénéfices engrangés ? Il est à craindre que non et que la consigne officieuse soit : “Surtout, n’en parlons plus jamais, de sorte à ce que les braves gens oublient ce qu’on leur a fait subir…” »

L’espérance demeure

En annexe du livre, le sociologue Benoît Kastler prône la suppression des élections législatives et leur « remplacement par un tirage au sort réellement représentatif des citoyens français majeurs. Les tirés aux sorts assument le rôle d’écrivants des lois proposées au peuple dans son entier ». Ces préconisations s’inscrivent dans la lignée des thèses défendues par Étienne Chouard, très populaire au sein des Gilets jaunes.

Au-delà de ce projet politique, l’objectif déclaré du livre de Jean-Marc Ermann est de « faire prendre conscience qu’il est temps pour les petits poissons de regarder au-delà du bocal dans lequel nous sommes emprisonnés depuis de trop nombreuses années. Les laveurs de vitres sont là pour vous y aider. La société française et les peuples du monde vivent dans des microcosmes, où seuls des oligarques de toutes nations, de toutes religions tentent de nous maintenir. Il est temps de casser le bocal et de retrouver les cours d’eau, les océans créés par Dieu. Nous sommes des êtres libres et souverains. »

Ultimement, son engagement repose sur une conception métaphysique des forces en présence : « Désormais, deux mondes s’imposent à nous : celui des ténèbres voulu par les oligarques et les mondialistes où l’humain tient peu de place, et celui du pays des Lumières et de la fille aînée de l’Église, qui doit reprendre sa souveraineté et son destin en main. » Dans cette perspective spirituelle, la victoire finale est assurée car « Saint Michel Archange n’abandonnera pas la France » !

Johan Hardoy
04/04/2025

Johan Hardoy

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