Le traitement par nos médias de l’assassinat de Daria Douguine peut être considéré comme la grande leçon idéologique de cet été. Nos médias sont bien des médias de propagandes et, à partir de ce cas, on peut mettre en doute tout ce qu’ils disent, notamment sur la guerre en Ukraine.
Deux poids, deux mesures
Imaginons. Un idéologue proche du président Zelensky se rend avec sa fille à une réunion culturelle nationaliste ukrainienne. La fille de l’idéologue est une journaliste partageant ses convictions et reconnue comme intellectuelle engagée mais de haut niveau. Les servies secrets russes décident d’éliminer l’idéologue. Ils piègent sa voiture. Il ne la prend pas et c’est sa fille qui est tuée dans cet attentat.
Que n’aurait-on entendu ?
On aurait condamné un État terroriste s’attaquant au droit de la presse et de la liberté d’opinion et ayant tué une journaliste innocente. Le journaliste est normalement démocratiquement intouchable.
La diabolisation de l’idéal d’Alexandre Douguine
Pour Daria, rien de tout ça. Elle n’était pas dans le camp du bien, et finalement elle a bien mérité ce qui lui est arrivé.
On diabolise son père et par amalgame on confond souvent les deux pour éviter de constater une épouvantable bavure. On avait parfois l’impression, que Douguine père avait été tué.
Il y a donc un bon terrorisme et des bavures acceptables contre ceux qui pensent différemment de l’idéologie médiatique occidentale.
« Grand Réveil » contre « Great Reset », qui est Alexandre Douguine ?
Daria soutenait le discours de son père sur le projet eurasiatique. C’est le rêve d’une puissance européenne de Lisbonne à Vladivostok d’un seul tenant au nom d’une civilisation partagée par des nations indépendantes.
C’est le cauchemar absolu du modèle mercantile thalassocratique anglo-saxon, représenté par la puissance américaine et ses affidés, dont l’Europe militairement soumise par l’Otan. Dans cette stratégie, la démocratie libérale est une idéologie qui se veut attractive et supérieure moralement. La mainmise américaine sur l’Ukraine fait parti du plan d’encerclement et d’affaiblissement de la Russie, cœur géopolitique de l’Eurasie. On comprend que, pour la mouvance américaine, Alexandre Douguine soit un homme à abattre, mais c’est sa fille qu’ils ont tué.
Nos médias si moraux et éthiques s’en sont quasiment félicités. Voila qui les discrédite dans leurs analyses de l’actuel conflit.
Des médias militants
LCI joue sur une ligne éditoriale belliqueuse et manichéenne prônant clairement la guerre contre la Russie. On se croirait sur un média ukrainien aux mains de Zelensky.
Et sur les autres chaines, c’est à peine moins ridicule de parti-pris et de désinformation.
De jeunes Ukrainiennes sachant tout sur tout sont adulés par des militaires à la retraite jouant les stratèges de plateaux télés avec une suffisance peu rassurante.
Quant au président Zelensky acteur un jour, acteur toujours. Sa transformation – réelle et sincère un temps – en chef de guerre adulé par le monde lui est monté à la tète. Dans les mains d’officines de communication pilotées par Washington, il ne quitte plus son costume d’un maillot vert de gris qu’il porte en toute occasion. C’est inquiétant. Il en fait trop. Il s’est pris au personnage, c’est en effet indiscutablement le rôle de sa vie et chaque jour il demande à l’occident américain de déclencher pour se sauver de l’impérialisme de Poutine une troisième guerre mondiale nucléaire. Tout cela sous les applaudissements de nos médias va t-en guerre.
Les médias du camp de la paix de la démocratie et du bien qui n’ont pas été choqués par l’assassinat terroriste d’une brillante jeune journaliste qui ne pensait pas comme eux. Tout est dit, honte à eux. Et honneur à ceux qui osent dire.
Hommages
Au contraire de Marine Le Pen ou d’Éric Zemmour, qui n’ont pas réagi, Florian Philippot, ancien numéro deux du Front national aujourd’hui dirigeant des Patriotes, a déclaré sur Twitter : « Fille de Douguine assassinée, saillies guerrières de Macron, provocations de Zelensky autour des sites nucléaires à la recherche d’un incident… Il est clair que le camp washingtonien veut la guerre ! Et Macron n’attend que ça ! »
On soulignera également un hommage particulier et légitime : « Les Occidentaux voulaient la tête du père depuis 2014, date d’une interdiction de séjour inique sur le sol de l’Union européenne, ils viennent d’avoir celle de la fille du “cerveau de Poutine”, selon la terminologie moutonnière des médias, de la manière la plus honteuse et lâche possible », peut-on lire sur le site d’Éléments qui propose un hommage ou tout est à lire. « Volodymyr Zelensky, le clown au tee-shirt kaki, qui disait craindre que la Russie fasse ‘quelque chose de particulièrement dégoûtant’ et ‘cruel’ pour la fête de ‘l’indépendance’, est un maître dans la prophétie autoréalisatrice. Dégoûtant, atroce et cruel, c’est bel et bien ce qui vient d’arriver à la famille Douguine, Alexandre, Natacha et Arthur, à qui la rédaction d’Éléments adresse ses condoléances. »
Lié par une grande amitié à Alexandre Douguine, Alain de Benoist a avoué son immense peine à l’annonce de la mort de la journaliste russe : « Daria nous a toujours témoigné beaucoup d’amitié et sollicitude. Sa mort, c’est un acte de guerre, plus qu’un attentat. Un acte de guerre… On a voulu tuer un intellectuel, on a tué sa fille. Un jour, c’est Rushdie, un autre c’est Douguine. La question, c’est qui sera le prochain ? »
Pierre Boisguilbert
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