Comme ces socialistes sont prévisibles ! Pour contrer le Front national, disent-ils, une seule solution : constituer un front républicain UMP-PS.
Cette vieille ficelle aussi grosse qu’inefficace, mais que MM. Jean-Marc Ayrault et Harlem Désir continuent à porter autour du cou comme une amulette pour faire fuir le diable. Prévisibles et, qui plus est, incorrigibles. Car les socialistes en connaissent un rayon pour faire progresser le parti de Marine Le Pen.
Ainsi Manuel Valls, dont la tournée anti-FN pendant la campagne restera dans les annales. Son tour de France l’a notamment conduit à Hénin-Beaumont, Forbach, Avignon et Marseille. Des villes où le vote frontiste a atteint des sommets, ou presque ! Était-ce l’effet recherché ? On va finir par le croire. À moins que la parole du ministre de l’Intérieur n’ait pas la valeur que les sondages lui accordent. Ce qui reste possible. La gauche est le meilleur allié du Front. Ses conseils pleins de beaux sentiments en matière de désistement républicain sont autant de pièges qu’il convient d’éviter. Les alliances de circonstance, les réflexes politiciens, les arrangements d’appareils sont précisément tout ce que détestent les électeurs. Et tout ce qui peut les jeter dans les bras du FN. Qu’ils soient de droite ou de gauche, où ils sont de plus en plus nombreux à exprimer leur amertume face à la démagogie de leur camp…
Contrairement à un discours complaisamment entretenu, l’extrême droite ne fait pas son miel des prétendues « dérives droitières » de l’UMP. Elle doit plus sûrement ses succès à l’incompétence, à l’incompétence de la gauche quand elle exerce le pouvoir Cela ne s’est jamais démenti : avant-hier avec Mitterand, avec Jospin et aujourd’hui avec Hollande. N’en déplaise aux quelques artistes effarouchés qui menacent de ne plus fréquenter le Festival d’Avignon au cas où le fond de l’air y serait moins culturellement correct.
Yves Thréard, éditorial du Figaro
26/03/2014