Par l’Observatoire du journalisme ♦ Le rapport annuel établi par le régulateur de l’audiovisuel et publié le 19 juillet 2022 déplore la trop grande présence de « personnes blanches appartenant à des catégories sociales aisées et vivant dans des grandes villes plutôt que celles issues de l’immigration, de catégories sociales inférieures et vivant à la campagne ». Coup d’œil sur le « Rapport sur la représentation de la société française dans les médias audiovisuels — Exercice 2021 et action 2022 ».
Novlangue de la bien-pensance à tous les étages
Un simple regard sur ce texte de 140 pages permet déjà de se faire une idée du message que veulent faire passer ses auteurs. Le rapport de l’ARCOM est en effet un condensé chimiquement pur d’une terminologie destinée à lutter contre le Mal et ses associés que sont prétendument les discriminations, la haine, le racisme, la misogynie et l’handicapophobie. Un véritable festival d’expressions toutes aussi laides que ridicules.
Cette langue frelatée atteint des sommets d’absurdité quand, de manière inévitable, les auteurs du rapport livrent le traditionnel numéro de claquette antiraciste. Toujours le même casse-tête à résoudre : vendre l’antiracisme en tentant de cacher que ce dernier consiste en une réintroduction permanente de la question raciale. En l’espèce, les experts de l’ARCOM se sortent de cet exercice en saccageant notre belle langue à un point qui défie l’entendement.
« Personnes perçues comme non-blanches » et « Personnes vues comme blanches » sont les expressions employées par l’ARCOM pour faire mine de ne pas être obsédés par la couleur de peau des personnes intervenants sur les plateaux de télévision. Il fallait y penser !
Les obsessions de l’ARCOM
Le rapport en question a été rédigé en s’appuyant sur 1800 heures de programmes tous genres confondus visionnés sur dix-neuf chaînes de télévision numérique terrestre en 2021. Sa conclusion principale, si l’on en croit ce qu’en ont retenu les médias de grand chemin, est que la société française n’est pas convenablement représentée sur les petits écrans.
L’autorité de régulation s’étonne qu’en France « Les personnes perçues comme ‘non-blanches’ ont été moins représentées en 2021 à la télévision (14 % contre 16 % en 2020). Leur présence est particulièrement faible sur les chaînes d’information en continu puisqu’elles ne représentent que 10 % des personnes indexées ».
Et l’ARCOM va plus loin : « Si les personnes vues comme “non-blanches” tiennent une place plus importante dans les rôles à connotation négative (22 %) que dans ceux à connotation positive (18 %), leur proportion dans des rôles de héros est plus importante que chez les personnes vues “comme blanches”. 43 % des personnes ayant une attitude à connotation négative dans les programmes d’information sont vues comme “non-blanches” ».
Pour résumer : pas assez de « personnes vues comme non-blanches » et trop de « personnes vues comme blanches » ; les premiers trop souvent dans le bon rôle et les seconds dans le mauvais. On ose à peine imaginer ce que serait un paysage audiovisuel complètement d’équerre et aux standards de l’ARCOM. Sans doute un véritable cloaque mental suintant le wokisme et la repentance !
« La télévision donne à voir une image très urbaine de la société »
Après avoir récité leur catéchisme antiraciste, les auteurs du rapport sont bien obligés de s’intéresser à d’autres critères que la couleur de la peau. C’est à ce moment précis que le bât blesse et que les esprits critiques seraient en droit de se demander si l’ARCOM, en plus d’être idéologiquement marquée, n’exercerait pas sa mission en étant parfaitement hypocrite.
Roch-Olivier Maistre, orléaniste à l’échine souple, nommé Président du CSA
Comment en effet sérieusement croire l’ARCOM, dirigée par Roch-Olivier Maistre, produit archétypal de l’énarchie française, quand elle se scandalise du fait que les catégories socioprofessionnelles supérieures des centres-villes historiques sont les plus représentées à la télévision ? L’ARCOM note que les habitants des villages et ceux des banlieues sont très nettement en sous-représentation (respectivement 13% et 4%). Mais veut-elle réellement accorder plus de place à des voix réfractaires à l’idéologie de centre-ville et exprimées depuis une France provinciale et oubliée ? Veut-elle par ailleurs vraiment que les banlieusards s’expriment plus et montrent ainsi leur vrai visage, que la presse officielle s’acharne à idéaliser voire à dissimuler ? Pas si sûr…
Observatoire du journalisme
28/10/2022