Ce matin, 9 octobre 2013, « le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le chef du gouvernement italien Enrico Letta ont été accueillis sur l’île italienne de Lampedusa, par les huées et les insultes des habitants » a constaté l’AFP (dépêche du 9/10/2013, 10h28).
« « Honte! », « assassins! » ont crié des habitants venus les attendre à l’aéroport, en brandissant des photos de migrants, devant MM. Barroso et Letta, accompagnés de la commissaire chargée des Affaires intérieures, Cecilia Malmström, et du vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur italien Angelino Alfano. »
On peut s’interroger sur le pourquoi d’un tel accueil. N’allons pas chercher trop loin : les médias en sont certainement responsables pour une grande part. Durant ces derniers jours, si l’on se réfère au seul quotidien français Le Monde, on aura relevé le degré de culpabilisation lancée contre les ressortissants européens : « en ces temps de chômage de masse, de récession, et alors que l’État-providence roule sous l’endettement un peu partout en Europe, l’immigration n’a pas bonne presse. Elle nourrit la rhétorique simpliste et la montée de formations extrémistes qui intimident les partis de gouvernement. Et, réflexe compréhensible mais néanmoins catastrophique, ceux-ci se replient sur le “chacun pour soit“ ». (Éditorial, Le Monde du 08/10/2013).
Est-ce aussi simple que ça ? N’y aurait-il pas aussi de la part des pays d’origine de ces migrants une part importante de responsabilité, en laissant partir, et même en favorisant leur départ, dans les conditions que l’on sait, leurs nationaux à leurs risques et périls ? La source de ces drames se trouve bien en Érythrée, en Somalie, en Libye… Que font de concret nos démocraties ploutocrates auprès des gouvernements concernés ? Ne leur appartient-il pas d’aider ces pays à gérer leur population, plutôt que pleurnicher sur le sort de ces pauvres hères fuyant « la misère et l’absence de liberté » ?
Enfin, un rappel : la guerre de Libye, 2011. L’africaniste bien connu, Bernard Lugan, rend responsable de ce drame ceux qui ont déclaré la guerre au colonel Kadhafi. En effet, le guide libyen était un allié dans deux combats : la lutte contre le fondamentalisme islamiste, mais aussi la lutte contre l’immigration venue d’Afrique subsaharienne, en ayant fermer, avec efficacité, tout embarquement clandestin vers l’Europe. La Libye aujourd’hui en pleine anarchie est éclatée en fiefs tribaux et miliciens et les zones situées en Cyrénaïque sont aux mains des mafias organisant le commerce d’hommes. CQFD.
Source : Bulletin de réinformation, R.C., 07/10/2013