Il y a deux ans, dans un premier ouvrage solidement documenté et assis sur les statistiques officielles [1], Pierre Chaillot, statisticien de son état, avait mis en évidence le caractère pour le moins déraisonnable, disproportionné et inadéquat des mesures prises par les pouvoirs publics dans notre pays face au virus du Covid 19 en 2020 et 2021. Chaillot avait montré notamment que le surcroît de mortalité observé en 2020 s’expliquait bien davantage par les mesures prises (confinements, restrictions de l’accès aux soins et déprogrammation de soins…) que par le virus lui-même, dont la létalité restait somme toute modeste.
Avec Victimes des vaccins Covid 19 : ce que révèlent les chiffres officiels, tout juste paru aux éditions L’Artilleur, Pierre Chaillot nous livre un 2e opus tout aussi rigoureux et tout aussi solidement étayé que le premier, consacré plus particulièrement à la question des effets indésirables du vaccin. La sortie de cet ouvrage mérite d’être saluée, car si, dans les pays voisins, la question des effets secondaires bénéficie d’une attention – prudente mais réelle – de la part de la presse généraliste (voir [2] et [3] pour ne donner que deux exemples), c’est en revanche une véritable chape de plomb qui s’est abattue sur ce sujet dans notre pys.
Effets secondaires et responsabilité juridique
Chaillot s’intéresse tout d’abord aux faiblesses du dispositif de repérage et d’indemnisation des patients victimes d’effets secondaires, avant d’examiner en 2e partie d’ouvrage les impacts en termes de santé publique de la vaccination de masse réalisée en 2021. Dans un premier chapitre, Pierre Chaillot rappelle et analyse les conditions dans lesquelles la responsabilité du fabricant d’un vaccin peut être invoquée devant la justice en cas d’effets indésirables.
Dans l’Union européenne, les dispositions juridiques en la matière relèvent d’une directive du 25 juillet 1985 – pour tous les produits, et d’une directive de 2001 concernant plus particulièrement les produits de santé. Une indemnisation ne peut être mise à la charge du fabricant qu’à la triple condition que le plaignant prouve l’existence d’un dommage, la défectuosité du produit, et l’existence d’un lien de causalité entre le défaut et le dommage. Cette triple condition est classique en droit, mais s’agissant d’un vaccin, le « consommateur » lambda dont l’état de santé se dégrade suite à la vaccination n’a guère que son cas personnel à apporter aux débats : or, les individus réagissent de manière très diverse à l’administration d’un médicament, et du coup il est difficile d’établir avec certitude que la dégradation de l’état de santé d’un patient particulier est imputable au produit administré.
La preuve des effets délétères du vaccin ne peut guère être que « statistique », sur un ensemble de patients, et le quidam isolé ne dispose ni des moyens ni des connaissances qui lui permettraient de l’établir. Un jugement de 2017 de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a toutefois assoupli l’exigence de preuve à la charge du patient dès lors qu’il existe « des indices précis, graves et concordants permettant de conclure à l’existence d’un défaut du vaccin et à celle d’un lien de causalité entre ce défaut et la maladie [invoquée par le requérant] ».
Le chapitre 2 est consacré aux essais cliniques, avant la mise sur le marché d’un médicament. Pierre Chaillot rappelle que ces essais sont financés par les laboratoires et réalisés sous leur contrôle étroit. L’auteur décortique les nombreuses « ficelles » qui permettent d’en falsifier ou d’en biaiser les résultats. Dans le cas des vaccins Covid, une « astuce » à laquelle Pfizer a recouru a consisté à considérer les individus observés comme non vaccinés pendant les quinze jours suivant l’administration de la dose, au motif que la protection (alléguée) par le vaccin ne serait acquise qu’au terme de ce délai, et ce alors même que de nombreux effets indésirables (certains mortels) ont été rapportés justement dès les premiers jours qui suivent l’injection… Les agences sanitaires sont censées exercer un regard critique sur ces essais cliniques, mais elles sont en réalité minées par les conflits d’intérêt (Chaillot en donne de nombreux exemples). C’est ainsi, notamment, que l’irlandaise Emer Cooke, qui a occupé par le passé des postes stratégiques au sein d’entreprises multinationales de l’industrie pharmaceutique, a été nommée en novembre 2020 à la tête de l’agence européenne du médicament !
Une fois le médicament sur le marché, il importe que les effets indésirables en soient recensés, centralisés, et analysés. C’est ce que l’on appelle la pharmacovigilance. Au chapitre 3, Pierre Chaillot en indique les limites : tout d’abord, la pharmacovigilance est passive, au sens où les autorités attendent que les patients constatant des effets indésirables se signalent, alors que compte tenu du nombre élevé de personnes vaccinées, il eut été pertinent (et peu coûteux au regard de l’enjeu) de suivre au fil du temps une cohorte de personnes vaccinées et un groupe témoin de personnes non vaccinées. Signalons au passage qu’il serait sans doute possible, aujourd’hui, à partir des données de l’assurance-maladie, de reconstituer une telle cohorte, et d’analyser la mortalité (et la morbidité) comparée(s) des personnes vaccinées et non-vaccinées, en contrôlant du sexe, de l’âge, et des principales comorbidités des personnes observées.
Ensuite, les patients ne connaissent pas bien la marche à suivre pour déclarer un effet indésirable, et les médecins n’y ont guère intérêt dans la mesure où la tâche est chronophage. Ils n’y sont en outre guère incités par les instances ordinales, qui ont tendance à chercher des poux dans la tête de tous les praticiens qui exerceraient un regard critique sur la vaccination. L’industrie pharmaceutique n’a évidemment pas davantage intérêt à faire remonter les problèmes qu’elle s’échine à masquer pendant les essais cliniques !
Pour autant, la remontée d’effets indésirables a plutôt bien fonctionné, en dépit de tentatives grossières de l’agence européenne du médicament de tronquer (pour ne pas dire : « truquer ») les données (Pierre Chaillot expose les détails de ces manipulations). On dénombre ainsi 2000 remontées de décès rien que pour la France. Aux états-Unis, ce sont pas moins de 19 000 décès qui ont été rapportés en quatre ans pour les vaccins Covid, alors que sur trente ans, de 1990 à 2019, 5500 décès « seulement » avaient fait l’objet d’un signalement pour tous les autres vaccins – ce qui avait d’ailleurs conduit les autorités sanitaires de l’époque à retirer du marché certains des vaccins incriminés. Au vu de chiffres aussi élevés, sans commune mesure avec ceux observés antérieurement pour d’autres vaccins, il est tout simplement incompréhensible que la vaccination n’ait pas été à tout le moins suspendue.
Des effets indésirables substantiels
Au chapitre 4, en observant les chiffres hebdomadaires de mortalité par tranches d’âges et en comparant ces chiffres à ceux qui pouvaient être attendus au vu des tendances de la mortalité constatées de 2013 à 2018, l’auteur montre que chaque campagne de vaccination Covid a été suivie d’une hausse (et non d’une baisse) de la mortalité, et ce non seulement en France mais aussi dans les autres pays européens – où les campagnes de vaccination sont intervenues à des dates différentes. La coïncidence entre les campagnes de vaccination et les pics de mortalité, dans tous les pays sous revue, est pour le moins troublante, surtout pour les groupes d’âges jeunes, peu susceptibles de décéder des affections respiratoires saisonnières et pour lesquels les variations au cours du temps de la mortalité sont de ce fait peu susceptibles de s’expliquer par un effet de « moisson ».
Les chiffres hebdomadaires de natalité et de mortalité péri-natale constituent un signal faible que le vaccin Covid a pu avoir un effet sur la capacité reproductive des personnes vaccinées. Pierre Chaillot constate une baisse des naissances 9 mois après chaque campagne de vaccination. Mais la natalité est tout autant une affaire de comportements qu’une affaire de capacité biologique à procréer, et d’autres facteurs intervenus concomitamment (hausse des prix de l’énergie à partir de mi-2021, guerre en Ukraine au printemps 2022) pourraient avoir affecté la volonté des couples de mettre au monde des enfants. Il est cependant troublant de constater que les campagnes de vaccination ont coïncidé, avec un décalage de six mois, avec des pics de mortalité néonatale : celles-ci concerne en général des bébés nés prématurément, tout semble donc se passer comme si chaque campagne de vaccination générait, avec six mois de décalage, un pic de naissances prématurées et son lot de décès chez les nouveaux-nés.
Au total, Pierre Chaillot met en évidence un ensemble d’indices précis (sauf peut-être ceux relatifs aux évolutions de la fécondité, qui sont moins probants), graves et concordants que les vaccins Covid s’accompagnent d’effets indésirables substantiels. Pour reprendre les termes de l’auteur, « toutes les sources sont concordantes, mais [si l’on en juge par le silence des médias et des autorités sur le sujet] il [serait] interdit de conclure »… Avec les éléments apportés au débat par Pierre Chaillot, les autorités sanitaires et politiques ne pourront toutefois pas faire l’autruche éternellement. Comme dans les scandales des opioïdes ou du tabac, l’industrie pharmaceutique usera sans doute de manœuvres dilatoires et abusera de son influence dans les médias pour freiner la marche vers la vérité. Puissions-nous à l’avenir tirer les enseignements de cette crise sanitaire, en ne rééditant pas l’injection à grande échelle d’un produit encore en phase de test, en soumettant les essais cliniques à des contrôles beaucoup plus drastiques, et en luttant avec beaucoup plus d’énergie contre les conflits d’intérêt.
André-Victor Robert
07/02/2025
Références
[1] Chaillot Pierre (2023) : Covid 19 : ce que révèlent les chiffres officiels, éd. L’Artilleur ;
[2] « Corona-Impfstoff : Der Preis der Hast », Die Welt, 14 août 2023 ;
[3] « Covid vaccines may have helped fuel rise in excess deaths », The Daily Telegraph , 5 juin 2024.
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