Par Pierre Boisguilbert ♦ « De tous les peuples de Gaule, les Belges sont les plus braves », estimait Jules César. Ils semblent aujourd’hui dans l’espace de l’ancienne Gaule rester les plus lucides. Ils ont décidé qu’« ultracrépidarianisme » était le mot de l’année. Inutile de le chercher aux côtés d’« iel » dans Le.La.petit.petite.Robert.Roberte, il n’y est pas. Ce mot désigne l’action de donner son avis sur des sujets pour lesquels on n’a pas de compétence. C’est la méthode pour manipuler l’opinion de la médiacratie. Socrate accuse la démocratie d’être les gouvernements des ignorants, la tyrannie de l’incompétence. Platon, disciple de Socrate considérait la démocratie dangereuse en ce sens qu’elle place le pouvoir politique entre les mains de gens ignorants et envieux. Eh bien sûr, la médiacratie, cet exhibitionnisme démocratique pour un peuple transformé en voyeurs, est encore pire.
L’ultracrépidarianisme est la règle des médias.
Les journalistes d’abord qui se succèdent dans la précarité organisée dans certaines télévisions. Ils sont choisis souvent en fonction de leur look et des respects de la féminisation et de la diversité. Plus de la féminisation que de la diversité d’ailleurs. Très souvent, de toutes jeunes femmes viennent donc nous dire ce que nous devons faire et penser… comme si leur carte de presse toute fraîche était une carte de compétence indiscutable. Quand on connaît l’effondrement du niveau des journalistes dans les rédactions notamment audiovisuelles, comme dans bien d’autres métiers, cela pourrait faire sourire si à la longue ce n’était insupportable. Nous n’avons pas besoin de journalistes pour nous dire, souvent avant le gouvernement, comme de la piétaille préparant le terrain pour la cavalerie, ce que nous devons faire ou penser. Au nom de quoi ?
Deuxième illustration, les journalistes parlent aux journalistes. On n’est jamais mieux servi que par soi-même dans un corporatisme de bon aloi. Les journalistes invitent sur les plateaux d’autres journalistes qui le plus souvent ont l’avantage de penser comme tout le monde ou presque et en tout cas comme eux. Passe-moi le sel, je te passe le poivre.
Troisième cas, les Diafoirus de plateau. Il serait temps d’interdire de plateaux télévisés les pigistes permanents de l’apocalypse sanitaire. Des gens qui du haut de leurs suffisances péremptoires se réclament sachants face aux ignorants et cumulent les erreurs de prévision sans jamais revenir dessus. On n’est pas tous morts et l’Omicron est une bonne nouvelle qui annonce peut-être la fin de la pandémie. Qui l’a dit, à une ou deux exceptions près ? On a eu des profs tétanisés devant la maladie comme un politique devant ses éventuelles responsabilités judiciaires. Par peur d’être débordés dans leur mission ils ont voulu terroriser les Français. L’hôpital est là pour soigner les malades, le patient n’est pas là pour sauver les pontes de l’incurie hospitalière dont il faut rechercher les coupables.
Le pire du pire : le micro-trottoir. Cela devrait être interdit par déontologie professionnelle. Le principe est d’aller demander à n’importe qui son avis sur un sujet dont il ne connaît rien ou pas grand-chose. On est en plein dans la dérive ultracrépidarianisme des médias. Et l’avis de Mme Michu est présenté comme représentatif de l’opinion publique au niveau presque d’un sondage. Le journaliste choisit la personne interrogée avec très souvent bien sûr des critères de diversité et de féminisation. On sélectionne ensuite les réponses, et on aboutit au résultat recherché conforme à l’opinion de l’interviewer ou de son donneur d’ordre. Aucun contrôle n’est possible. Aucun avis vraiment divergent n’est diffusé. C’est de la manipulation de l’opinion publique en se servant du public. Le degré zéro de la médiacratie est atteint.
L’ultracrépidarianisme est non seulement le mot de l’année, c’est aussi une méthode à long terme de mise au pas des citoyens par des médias qui favorisent par idéologie l’incompétence bien-pensante. Et ils dénoncent le populisme !
Pierre Boisguilbert
07/01/2022