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Covid-19. Vivons-nous dans la société du deuil permanent ?

Covid-19. Vivons-nous dans la société du deuil permanent ?

par | 17 avril 2020 | Société

Covid-19. Vivons-nous dans la société du deuil permanent ?

Par Raymond F. ♦ L’épisode actuel de Coronavirus plonge la France dans une situation exceptionelle. Pourtant, il y a quelques décennies, un virus lui aussi très virulent, la grippe de Hong-Kong, avait entraîné une surmortalité importante, sans pour autant provoquer la panique. Le Coronavirus n’est évidemment pas une simple grippe et sera peut-être même plus meurtrier que la grippe de Hong-Kong. Néanmoins, ce confinement général et cette panique jamais vu interpellent. Ce texte de Raymond F, contributeur de Polémia, s’avère donc précieux.
Polémia


Au cours de l’hiver 1969/ 1970, près de 30 000 Français moururent de la grippe dite de Hong-Kong (née elle aussi en Chine). Rapporté au nombre des Français de l’époque, ce chiffre correspondrait à quelque 40 000 morts de nos jours. L’étude de cette pandémie est sans doute plus révélatrice de notre situation actuelle que la fameuse grippe espagnole des années 1918/ 1919, bien plus meurtrière mais occultée par la censure de guerre.

Nous sommes, heureusement, avec le coronavirus, encore loin du chiffre de la grippe de Hong-Kong, la moitié environ à ce jour où l’on nous annonce que le pic est dépassé et que les chiffres devraient régresser.

Ce qui frappe est l’énorme différence de perception dans l’opinion et chez les politiques de ces deux épidémies, comparables dans leur brutalité.

La société des deuils

En 1969/1970, indifférence quasi générale, avec la simple perception d’une grippe un peu plus grave qu’habituellement, sans qu’aucune mesure particulière de protection ne soit même envisagée. La pandémie du coronavirus, elle, a donné lieu à travers la planète à d’impressionnantes mesures de confinement des populations, entraînant la mise à l’arrêt des économies mondiales pour un coût qui va s’avérer énorme.

On peut dans une certaine mesure rapprocher ces différences d’attitude quant à la mort, des deuils nationaux aussitôt proclamés en grand cérémonial chaque fois que l’un de nos soldats périt au Mali, avec la sobre douleur de nos ancêtres de la Grande Guerre, qui virent mourir, dans une relative indifférence, ou du moins une grande accoutumance, nos soldats au rythme moyen de près de mille par jour pendant quatre ans (et jusqu’à 20 000 certains jours très meurtriers.)

Autre exemple, modeste mais révélateur : voici quelques années, notre premier ministre d’alors déclarait, à la suite d’un accident d’autocar ayant fait une cinquantaine de morts : « La France est en deuil ! ». Ce même jour, plus de 1 500 autres Français mourraient sans avoir droit au même éloge funèbre.

Ce n’est pas l’épidémie du coronavirus qui est chose nouvelle, c’est la réaction des sociétés et des gouvernants face à cet événement. La novation de notre attitude face à la mort précède l’épidémie : elle n’est pas récente, entrée sans doute d’assez longue date dans nos mœurs, mais la crise actuelle l’expose au grand jour.

Foules sentimentales

Comment l’analyser ? C’est d’évidence une conséquence du « village mondial » cher à McLuhan, où chacun partage à travers la planète les mêmes émotions par le biais des médias globalisants. La force de ces médias s’est, depuis la prédiction de McLuhan, considérablement renforcée par l’émergence d’Internet. Nous composons tous désormais dans le monde une seule « foule sentimentale », immense et bigarrée. Une preuve en est l’universalité du confinement jusqu’aux fins fonds de l’Afrique, chose naguère inimaginable.

Foule sentimentale ? Les dictateurs et leurs modernes successeurs, les « démocrateurs », établis ou en herbe, qu’ils s’appuient sur le peuple tel V. Orban, ou sur de puissants réseaux et des médias de connivence tel notre Jupin national, ont bien compris la leçon révélée jadis par Gustave Le Bon, et qui inspira, dit-on, Hitler. Si les peuples ne forment plus qu’une foule, c’est par le sentiment et non la raison qu’il faut les diriger.

D’où l’importance de filtrer les nouvelles, de contrôler l’information (cf. la cour assidue faite par Macron aux géants du net, Bill Gates, Mark Zuckerberg etc.), et la mise en place d’un dispositif de contrôle des « fake news » pour n’autoriser que les informations validées par l’intelligentsia (voir le chœur des médias sur ces thèmes : les masques ne servent à rien, ni les tests, ni… tout ce dont on ne dispose pas, par manque de prévoyance !)

Halte au confinement et à la Terreur sanitaire !

Il faut aussi, pour flatter l’âme des foules, exprimer toujours son empathie et ses bons sentiments (l’élève Macron, pas si brillant qu’on ne l’a dit, aura pris quelque temps pour assimiler la leçon.) Courir au-devant des sentiments de la foule, au détriment parfois de toute rationalité. Des dirigeants porteurs d’un vrai projet pour leur pays, et non susceptibles de céder au conformisme, tels Donald Trump et Boris Johnson, ont dû céder à la vague sentimentale.

Le réalisateur David Lynch, confiné à Los Angeles, vient de déclarer que cette épidémie allait nous rendre « plus gentils et plus intelligents ». Plus gentils : peut-être, plus intelligents : pas sûr !

Raymond F.
17/04/2020

Source : Correspondance Polémia

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