Une mine d’or : c’est ainsi que l’on pourrait résumer Covid 19, ce que révèlent les chiffres officiels. Mortalité, tests, vaccins, hôpitaux, la vérité émerge, l’ouvrage de Pierre Chaillot, statisticien de son état, au vu de la richesse des informations qu’il apporte sur la crise sanitaire, son ampleur, son traitement par la puissance publique, et ses effets. Étendue de l’épidémie, surmortalité, saturation hospitalière, mesures prises pour la gestion de l’épidémie, efficacité et effets indésirables du vaccin, Pierre Chaillot analyse en profondeur chacune de ces dimensions à partir des données disponibles, qu’il mobilise à bon escient. Le discours officiel, martelé et rabâché par les médias depuis trois ans, en ressort très largement « déconstruit » !
Une saturation hospitalière ?
C’est sur le fondement d’un risque de saturation hospitalière que le pouvoir a décrété les confinements. Mobilisant les données officielles de l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH), Pierre Chaillot montre d’une part que le volume d’activité hospitalière n’a jamais été aussi faible qu’en 2020, et d’autre part que le Covid n’a représenté tout au long de l’année qu’une part très mineure de cette activité : 1,3 % en moyenne sur l’année, avec un maximum de 7,5 % au mois d’avril. Chaillot montre également que ce constat, qui est vrai pour l’hospitalisation considérée dans son ensemble, l’est également si on se limite aux soins critiques ou à la réanimation. Chaillot rappelle aussi fort opportunément qu’au cours des 20 dernières années, les Pouvoirs publics ont réduit de 100 000 le nombre de lits d’hospitalisation.
Le comptage du nombre de malades est évidemment crucial pour juger de la propagation d’une épidémie. Chaillot rappelle que les critères pris en compte sont contestables et qu’ils ont beaucoup varié au cours du temps : prendre en compte toutes les personnes testées positives y compris celles qui ne présentent aucun signe clinique est éminemment critiquable dans la mesure où les tests comprennent forcément une proportion de faux positifs ; en outre la politique de traçage a varié au cours du temps ainsi que les incitations individuelles à se faire tester, notamment avec l’introduction du passe sanitaire à l’été 2021, qui a conduit de nombreuses personnes à se faire tester pour pouvoir continuer à mener une vie sociale normale – ce qui a donné l’impression d’une reprise de l’épidémie en plein été, que les pouvoirs publics ont qualifié de « quatrième vague » ! À certains moments, Chaillot rappelle que les hôpitaux et les médecins ont même été incités (y compris financièrement) à décompter comme patient décédé du Covid tout patient décédé de difficultés respiratoires quand bien même il n’a pas été testé.
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Surmortalité : une analyse intéressante à nuancer
Le chapitre sur la surmortalité suscite de notre part quelques réserves, non pas tant sur la méthode que sur les conclusions qui en sont tirées, qui mériteraient d’être nuancées quelque peu. La population française tend à vieillir, sous l’effet de l’arrivée des générations nombreuses du baby-boom aux âges élevés, ce qui fait augmenter mécaniquement le nombre de décès. À juste titre Pierre Chaillot neutralise l’effet de l’évolution de la structure par âge de la population, dans son évaluation du nombre de décès qui aurait pu être attendu en 2020 en l’absence d’épidémie de Covid. Chaillot montre ainsi qu’après neutralisation de l’effet du vieillissement, le nombre de décès en 2020 (ce que l’on appelle le nombre de décès « standardisé ») est à peu près du même ordre de grandeur qu’en 2015, l’une des années de plus faible mortalité de notre histoire puisque seules les années 2016 à 2019 ont fait exception avec une mortalité plus faible. Chaillot en tire la conclusion qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter outre mesure, qu’il s’est tout juste produit en 2020 l’effet « moisson » qui survient habituellement tous les trois-quatre ou cinq ans, par lequel une épidémie décime la frange la plus fragile de la population après plusieurs années d’accalmie. Un indicateur quasi-équivalent au nombre de décès « standardisé » est l’espérance de vie à la naissance (indicateur dont Chaillot signale à juste titre que son appellation peut induire le profane en erreur sur sa signification), qui aboutit toutefois à une conclusion légèrement différente de celle exprimée par Chaillot. En 2020, l’espérance de vie a baissé de 0,6 an chez les hommes et de 0,4 an chez les femmes (voir graphique ci-dessous), ce qui représente une baisse d’une ampleur assez exceptionnelle : il arrive en effet que l’espérance de vie baisse d’une année sur l’autre, mais en général beaucoup plus modérément. Au cours des soixante dernières années, seules deux années font exception avec une baisse presque aussi forte qu’en 2020 : 1969 qui est l’année de la grippe de Hong-Kong (-0,4 an chez les hommes et 0,1 an chez les femmes), et 2015 (-0,3 an chez les hommes comme chez les femmes). Chaillot souligne en revanche – à très juste titre – que la hausse de la mortalité constatée en 2020 concerne exclusivement les personnes de plus de 65 ans.
Source : Ined
Surmortalité : la faute du Covid-19 ?
Il reste à savoir si la hausse de la mortalité en 2020 est imputable au Covid en tant que tel, ou bien aux mesures prises pour tenter d’endiguer l’épidémie : recommandation de rester chez soi, de ne pas aller voir son généraliste en cas de symptômes et d’attendre que les symptômes s’aggravent, soins déprogrammés dans les hôpitaux… Chaillot apporte des informations qui accréditent très clairement la seconde hypothèse : les patients ayant été dissuadés de consulter (leur généraliste ou les services hospitaliers), il y a eu notamment beaucoup moins de patients accueillis à l’hôpital – y compris aux urgences – pour infarctus ou AVC en 2020 que les années qui ont précédé (cf. bulletin épidémiologique de Santé Publique France), ce qui pourrait expliquer une partie importante de l’accroissement des décès à domicile constaté en 2020 ; les prescriptions d’antibiotiques ont diminué brutalement de 15 % en avril 2020, par rapport à la moyenne pour un mois d’avril, sous l’effet de l’injonction à ne pas consulter, ce qui a pu permettre à des bactéries de proliférer chez des patients âgés et affaiblis ; à la fin du mois de mars 2020, 50 % des patients arrivant à l’hôpital sont placés en réanimation dès le premier jour, et 17 % d’entre eux décèdent dès le premier jour, ce qui laisse penser que ces patients arrivent trop tard à l’hôpital ou que les traitements choisis dans le contexte de panique du moment ont été des échecs cuisants.
Chaillot s’interroge aussi sur le recours au Rivotril, avec pour motif l’accompagnement de fin de vie, que le décret n°2020-360 du 28 mars 2020 a élargi aux « patients atteints ou susceptibles d’être atteints par le virus SARS-CoV-2 dont l’état clinique le justifie (…) ». Ce décret intervient au moment où la recommandation officielle était de ne pas placer en réanimation les patients âgés atteints du Covid afin de ne pas encombrer ces services, qui pourtant n’ont à aucun moment été saturés (cf. supra). L’élargissement du recours au Rivotril est d’autant plus étrange que la notice Vidal du médicament indique que son usage est contre-indiqué en cas d’insuffisance respiratoire grave. Chaillot observe que les ventes de Rivotril sous forme injectable ont augmenté de 59 % au mois de mars 2022 et de 227% en avril, comparativement à la moyenne 2017-2019, et qu’elles sont restées depuis à niveau très supérieur au niveau de 2017-2019. Chaillot observe aussi que sur les deux mois de mars et avril 2020, les ventes de Valium injectable, qui sert classiquement à accompagner la fin de vie, ont également explosé. Chaillot note par ailleurs qu’autour du 31 mars, « la quasi-totalité des décès en EHPAD sont enregistrés dans les statistiques Covid-19 alors qu’à cette même date, moins de la moitié des départements français connaissent une surmortalité et sont considérés comme touchés par cette pathologie. » Et Chaillot de conclure : « On observe une généralisation du protocole palliatif sur cette période, à des endroits particuliers, là où la panique a probablement été la plus forte. Le système s’est emballé. Le choix du ‘tout palliatif’, l’empressement à soulager la douleur plutôt que de prendre le risque de soigner, est le type d’emballement que les états-Unis ont connu avec le scandale des opioïdes. La peur et les protocoles déshumanisés : voilà ce qui a le plus tué depuis le début de cette crise. »
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La question des vaccins
S’agissant des vaccins, Chaillot décortique les nombreux biais des essais menés par les fabricants eux-mêmes (pas de double-aveugle, inclusion dans les essais de nombreux cobayes jeunes peu susceptibles a priori de faire une forme grave du Covid, incitation plus forte pour les non-vaccinés à se faire tester que pour les vaccinés, exclusion de patients aux résultats gênants des résultats des tests…) et des études menées par diverses autorités pour laisser penser que le vaccin est efficace (notamment la Drees du ministère de la santé dans notre pays). Concernant les potentiels effets indésirables des vaccins, Chaillot note – à partir des données du site Euromomo – que la mortalité des jeunes en Europe (mais pas forcément dans chaque pays européen pris isolément) est anormalement élevée peu de temps après le démarrage des campagnes de vaccinations. Les doutes quant à l’innocuité du vaccin ne pourraient être levés qu’en disposant de données de mortalité par âge et par statut vaccinal, données que les autorités sanitaires se refusent pour l’heure à mettre à la disposition des chercheurs.
Un ouvrage limpide
Au terme de son ouvrage, dans un dernier chapitre, Chaillot revient sur la grippe H1N1 de 2009, les craintes qu’elle avait suscitées, la surréaction des pouvoirs publics à cette occasion, notamment via l’achat massif de doses de vaccin qui ont finalement dû être détruites faute de pouvoir être écoulées. La crise a fait l’objet en 2010 d’un rapport du Sénat qui mettait en évidence les errements des modélisateurs et de l’OMS, critiquait le fonctionnement des publications scientifiques et pointait les trop nombreux conflits d’intérêt, et a contrario soulignait la contribution très positive qu’avaient eu les médecins de ville à la gestion de l’épidémie, dont l’implication sans faille en première ligne avait permis d’éviter l’encombrement des services hospitaliers. La crise Covid a vu la mise sur la touche des médecins généralistes, la mise en exergue de quelques modélisateurs qui n’ont eu de cesse de se tromper, le renforcement des conflits d’intérêt et la négociation de contrats dans des conditions pour le moins obscures avec les fabricants de vaccins, bref, l’exact inverse de ce qui était préconisé par le rapport du Sénat… N’avons-nous donc rien appris entre temps ?
Tout est sourcé et étayé dans l’ouvrage de Pierre Chaillot. Modulo les quelques réserves exprimées supra, au total, on ne peut qu’être admiratif devant l’énergie et le temps consacrés par l’auteur à rassembler et disséquer les données disponibles ; on ne peut qu’être admiratif de la rigueur méthodologique et de la rigueur dans le raisonnement dont fait preuve Pierre Chaillot tout au long de cet ouvrage. On ne peut qu’être admiratif aussi du courage et du sang-froid dont l’auteur fait preuve face au rouleau compresseur de la vérité officielle élaborée et martelée par le pouvoir avec la complicité de Big Pharma et des cabinets de conseil, relayée par des médias « mainstream » complaisants et largement subventionnés. Le pays aurait bien besoin de davantage de personnes possédant la trempe, le talent, la curiosité intellectuelle et la rigueur scientifique de Pierre Chaillot !
Dans la postface, l’épidémiologiste Laurent Toubiana, reprenant les mots de Zola à propos de l’affaire Dreyfus, estime que « la vérité est en marche, et [que] rien ne pourra l’arrêter » ; puisse cet augure se révéler exact !
André-Victor Robert
27/02/2022
Pierre Chaillot, Covid 19, ce que révèlent les chiffres officiels. Mortalité, tests, vaccins, hôpitaux, la vérité émerge, Éditions de l’Artilleur, 480 pages, janvier 2023. ISBN : 978-2810011520
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