Par Jean-Yves Le Gallou ♦ Le dernier livre de François Bousquet – Biopolitique du coronavirus : télétravail, famille, patrie – est à lire. Ne serait-ce que pour méditer sur l’impact de la maladie sur l’opinion.
Le livre, qui reprend les billets parus au fil de l’épidémie sur le blog d’Eléments, suit la chronologie des événements et décrit la versatilité des gouvernants et des médias.
Comme à l’époque de la Grande peste (selon La Grande peur en occident de Delumeau), les responsables politiques et le clergé (médiatique aujourd’hui !) sont passés du déni à la prise de conscience et de la prise de conscience à l’hystérie. Avec toujours un décalage temporel entre les faits et les réponses qui leurs sont apportés. Sans que l’occident progressiste soit beaucoup plus efficace que le « sombre Moyen Âge », décrit avec un brin de condescendance par Delumeau en bon historien… progressiste.
L’analyse de Bousquet évolue aussi au cours du temps. À certains égards, l’épidémie est présentée initialement comme une « divine surprise » percutant de plein fouet la mondialisation et le sans-frontiérisme. Et conduisant les hommes et les femmes à se retrouver dans un cadre plus local et plus familial. D’où le titre !
Le Covid ? Un rêve pour décroissant ?
Pourtant, très vite, Bousquet va déchanter. Finalement, le coronavirus sert bien les intérêts des très grandes multinationales : grandes surfaces commerciales, GAFA, vendeurs par internet. Certains gros prospèrent, beaucoup de petits souffrent.
C’est la stratégie du choc qui prévaut : le coronavirus va permettre une mise en place d’un contrôle social accru, allant jusqu’au traçage numérique en attendant l’obligation de vaccination. Big Pharma et Big GAFA sont aux aguets. C’est la mise en œuvre de la biopolitique chère à Michel Foucault dont Bousquet est le décrypteur talentueux.
La comédie des masques illustre aussi l’extraordinaire efficacité de la propagande gouvernementale quand elle est relayée avec une discipline nord-coréenne par les médias.
Interdits en mars (lorsqu’ils auraient pu être utiles), les masques sont obligatoires à peu près partout, y compris dans les espaces ouverts et les entreprises, en août (au moment où l’épidémie est en phase résiduelle). Cherchez l’erreur !
Et cela sans que l’opinion ne se rebiffe. Un cas d’école de domestication. Des populations de souche européenne en tout cas, le pouvoir se gardant bien de faire appliquer ces règles dans les quartiers de l’immigration ; dans le silence des médias sur ce deux poids, deux mesures.
Cette recension n’est qu’un court aperçu d’un livre plein de fulgurances et de formules flamboyantes. Bref c’est du Bousquet. À lire absolument.
Jean-Yves Le Gallou
23/08/2020
Biopolitique du coronavirus : télétravail, famille, patrie, François Bousquet, La Nouvelle Librairie, 14,90 €
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