Jean-François Luc, essayiste.
♦ Sous l’impulsion d’une idéologie mondialiste, nos sociétés européennes ont abandonné la notion de frontière.
Portant d’abord leurs arguments sur le terrain de la morale, les défenseurs du « sans-frontiérisme » (1) ont dénigré les frontières sous prétexte qu’elles divisaient les peuples, qu’elles étaient responsables des guerres ou qu’elles impliquaient « l’idée qu’une partie des humains sont indésirables ».
Les autres arguments souvent entendus sont d’ordre économique ou pratique : les frontières et ses contrôles intempestifs « ralentissent » le flux des échanges. Pour l’institut Prognos, œuvrant pour le compte de la Fondation Bertelsmann, la suppression de Schengen coûterait au moins 470 milliards d’euros (2) aux pays européens ces dix prochaines années. Par ailleurs, les frontières seraient une plaie pour les travailleurs frontaliers et les nombreux touristes qui, dépités, resteraient chez eux …
Les élites européistes ont donc supprimé les frontières et les barrières douanières des Etats-nations par le biais de l’Espace Schengen puis du Traité de Lisbonne. La situation aurait pu à la rigueur être tenable si les frontières de l’Europe étaient défendues. Las, l’arrivée massive des clandestins, requalifiés de « réfugiés » par le truchement de la novlangue du politiquement correct, infiltrés par de nombreux islamistes, (4 000 combattants d’après Daech) (3), dont certains sont malheureusement déjà passés à l’action en France et en Belgique, a provoqué une augmentation très importante du terrorisme, de la délinquance et de la criminalité.
Face à cette réalité, le pouvoir politique est dans le déni des causes réelles, et continue de refuser de supprimer Schengen et de rétablir des contrôles systématiques aux frontières historiques de chaque pays. Mais il ne reste pas sans réaction pour autant : mise en place d’un état d’urgence quasi permanent, fouilles systématiques à l’entrée des lieux publics (musées, théâtres, concerts), barrières physiques devant les lieux sensibles (synagogues, préfectures, etc.), bientôt des portiques de sécurités dans les gares… A quand des détecteurs de métaux devant les écoles ?
En réalité, les frontières sont partout, sauf là où elles devraient !
Mais est-ce là la société que nous voulons ? En Allemagne, pour lutter contre les agressions sexuelles dans les trains, on en est arrivé à envisager la création de wagons réserver aux femmes (4) ! Allons-nous encore longtemps accepter de vivre dans un climat de surveillance généralisée et de restriction de nos libertés parce que notre pays est ouvert aux quatre vents ?
S’il y a bien une frontière qui doit disparaître en Europe, c’est la barrière mentale qui empêche les électeurs de se tourner vers les partis politiques qui défendent la souveraineté nationale, le retour des frontières, la liberté, l’identité et la sécurité.
Jean-François Luc,
01/04/2016.
Notes :
(1) Soyons réalistes : 10 raisons d’ouvrir les frontières
(2) La fin de l’espace Schengen coûterait 80 milliards à la France en 10 ans, selon une étude
(3) 4 000 terroristes parmi les migrants accueillis en Europe
(4) Allemagne. Des wagons réservés aux femmes dans les trains
Correspondance Polémia – 5/04/2016
Image : Interdit aux hommes