Accueil | Europe | Commission européenne : Juncker, c’est Barroso en pire, forcément !

Commission européenne : Juncker, c’est Barroso en pire, forcément !

Commission européenne : Juncker, c’est Barroso en pire, forcément !

par | 7 novembre 2014 | Europe

Commission européenne : Juncker, c’est Barroso en pire, forcément !

« Un parangon de la super-classe mondiale prête à brader les histoires et les identités nationales à une idéologie dominante fondée sur le cosmopolitisme, le règne de la fonction marchande, la « gouvernance «  planétaire et, bien entendu, la démocratie sans le peuple. »

C’est un truisme de dire que les institutions européennes, ça ne marche plus depuis bien longtemps, et, bien évidemment, en raison inverse du nombre des membres de l’Union. Mais dans cet édifice vermoulu, la Commission est sans aucun doute l’élément le plus inacceptable au regard des règles élémentaires de la démocratie.

En dix ans de présidence de José Manuel Barroso, même si l’on ne se faisait aucune illusion sur le fond, on avait toutefois eu le temps de se mithridatiser, et le personnage, digne d’un diplomate florentin de la Renaissance, avait au moins le mérite de préférer les solutions de compromis à l’affrontement direct, et de caresser dans le sens du poil les ego des dirigeants des États membres.

Telle n’est pas la voie choisie par son successeur, l’inénarrable Jean-Claude Juncker, qui a pris ses fonctions le 3 novembre, et qui s’est déjà illustré par de tonitruantes déclarations visant notamment le président du Conseil italien, Matteo Renzi, et le premier ministre britannique David Cameron.

Selon l’AFP, accusant les deux chefs de gouvernement de mentir à leurs concitoyens à propos des remontrances budgétaires exprimées par Bruxelles, il aurait notamment déclaré devant la presse : « Je ne suis pas un type qui tremble devant les premiers ministres », et devant le Parlement européen :

« J’ai dit à Matteo Renzi que je ne suis pas à la tête d’un gang de bureaucrates. Je suis président de la Commission européenne, une institution politique, et je veux que les premiers ministres respectent cette institution. »

En l’occurrence, l’aspect technique du débat et la question de savoir qui a tort et qui a raison importent peu. Il est en revanche primordial de retenir qu’avec l’arrivée de Juncker à la tête de la Commission, le clan des « fédéralistes » marque un point, à contrecourant de la montée de l’euroscepticisme et du souverainisme observée depuis dix ans et mesurée dans toute son ampleur à travers les résultats des dernières élections européennes.

On sait en effet que M. Juncker, qui n’est pas un nouveau venu dans le paysage de l’UE, puisqu’il a en particulier présidé l’Eurogroupe de 2005 à 2013, s’est depuis toujours illustré comme un des défenseurs les plus acharnés de la prééminence des institutions européennes sur la souveraineté des États.

Sa candidature ne semble pas avoir suscité de réticences marquées, à part celles de David Cameron, et ce n’est sans doute pas sans lien avec le conflit mis sur la place publique depuis trois jours. Cette inertie des chefs d’État et de gouvernement est symptomatique de la dérive idéologique de « l’établissement » politique européen, complètement coupé de la volonté des peuples pourtant exprimée à haute et intelligible voix.

Il ne se trouve que les mouvements populistes pour demander à M. Juncker : « Qui t’a fait Roi ? ».

La « désignation » de M. Juncker en dehors de toute onction de l’élection n’est pas en soi différente de celle de ses prédécesseurs et continue de poser la question cruciale de la légitimité de la Commission européenne.

Mais ce qui en fait un « événement », c’est l’identité de la personne choisie. Comment, en effet, ne pas y voir l’illustration de nos analyses ? M. Juncker n’est pas autre chose qu’un parangon de la super-classe mondiale prête à brader les histoires et les identités nationales à une idéologie dominante fondée sur le cosmopolitisme, le règne de la fonction marchande, la « gouvernance «  planétaire et, bien entendu, la démocratie sans le peuple.

Par un juste retour des choses, au moment où Jean-Claude Juncker s’illustrait par ses déclarations provocantes, le Luxembourg, dont il fut premier ministre pendant presque 19 ans et ministre des Finances pendant 20 ans, est pointé du doigt, preuves à l’appui, par une vingtaine de grands médias pour être le paradis fiscal de l’UE, ce qui au demeurant n’était un mystère pour personne. Compte tenu du caractère très précis des faits allégués, M. Juncker se voit contraint de faire diligenter une enquête par la Commission. Sauf à imaginer que le « parrain politique » du Luxembourg n’était pas informé des agissements des grands acteurs économiques de son pays (550.000 habitants tout de même !), il risque fort de se trouver prochainement dans la position de l’arroseur arrosé…

Au même moment, la presse se faisait l’écho du fait qu’une partie des membres du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne se rebelle contre son président, Mario Draghi, auquel ils reprochent de prendre des décisions sans consultation préalable.

Les comportements de Juncker et de Draghi sont, chacun à sa manière, des dérives vers la personnalisation du pouvoir. La question est de savoir si ce type de dérives est appelé à s’amplifier. On peut raisonnablement faire le pari de l’optimisme, pour au moins deux raisons :

  • d’une part parce que les peuples ont la vie dure, et que l’écart entre les aspirations nationales et les visions d’un microcosme déraciné sera de plus en plus béant, d’autant que ces visions n’ont apporté aucun résultat tangible aux habitants de l’Union, et notamment pas dans le domaine économique, bien au contraire ;
  • d’autre part parce que, même dans la classe politique, les forces centrifuges, même si on cherche à les camoufler, existent bel et bien. En clair, les intérêts nationaux, eux aussi, ont la vie dure, et lorsque Matteo Renzi demande « du respect pour l’Italie », et déclare : « Je ne vais pas aller à Bruxelles pour me faire expliquer ce qu’il faut faire, et je l’ai dit à Juncker et Barroso… Je n’y vais pas avec mon chapeau entre les mains! », il ne fait qu’exprimer à voix haute ce que la plupart des dirigeants des États membres pensent tout bas.

Bernard Mazin
06/11/2014

Bernard Mazin

Cet article vous a plu ?

Je fais un don

Je fais un donSoutenez Polémia, faites un don ! Chaque don vous ouvre le droit à une déduction fiscale de 66% du montant de votre don, profitez-en ! Pour les dons par chèque ou par virement, cliquez ici.

Voir aussi

Angleterre : la fracture communautaire

Angleterre : la fracture communautaire

La violence des affrontements entre des Anglais de souche et la police peut surprendre dans un pays qui a théorisé le « Policing by consent », le consentement du public à l'action policière. De chaque côté de la Manche, la presse de grand chemin et les politiciens ont...