Par Axel Guibert ♦ Partout en France, qu’elles soient de droite ou de gauche, des équipes municipales font feu de tout bois pour contenter leurs électeurs, quitte à tomber dans le plus pur des clientélismes. Avec une grande spécialité : brosser les islamistes dans le sens du poil.
Imaginez-vous quelques instants à Givors, à 25 km au sud de Lyon. Pays des Burgondes, connu pour ses quais sur le Rhône, ses verriers et ses belles églises, Givors vit une mort lente depuis des décennies. Cela a commencé par la piteuse gestion des affaires municipales par les communistes à partir des années 50, et cela s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui. Remontez à pied la rue Roger Salengro jusqu’à la place de l’hôtel de ville, à l’ombre des vestiges du château Saint-Gérald, édifié par Renaud de Forez au XIIe siècle. Vous ne croiserez que femmes voilées en grappes et immigrés retraités attablés à des bars PMU. Pas un café en face de la mairie. Juste une boulangerie où s’agglutinent des clients qui ne boivent jamais d’alcool.
La flamme islamiste
Quand il reprend les rênes de la mairie en 2020, l’écologiste Mohamed Boudjellaba reprend aussi les bonnes vieilles habitudes clientélistes qui ont permis aux rouges de s’accrocher au pouvoir pendant 70 ans. Désormais, la ville est régulièrement le théâtre de passes d’armes entre les patriotes et les formations de gauche. En 2017, la venue du prédicateur salafiste Nader Abou Anas à la mosquée de Givors avait fait hurler la droite. En 2021, le conseiller municipal Antoine Mellies (RN) s’était accroché avec Foued Rhamouni, adjoint du maire de Givors en charge de la Politique de la Ville, de l’insertion, de la lutte contre les discriminations et de l’Économie sociale et solidaire. En cause, l’affaire du maire de Trappes et du professeur Didier Lemaire, menacé par les islamistes.
Et plus récemment encore, en début d’année, la mairie avait multiplié les manifestations mémorielles en faveur du FLN durant la Guerre d’Algérie, qualifiées de « clientélisme communautaire » par l’opposition. « Pour Fabrice Riva (du groupe municipal Givors Fière, divers droite), ce zèle mémoriel participe d’une forme de ’clientélisme communautaire’ dans une commune qui compte une forte proportion d’habitants d’origine algérienne, souligne le magazine Valeurs actuelles. Lors de la campagne municipale, Mohamed Boudjellaba avait accentué ses efforts sur le quartier prioritaire des Vernes d’où il est originaire. Pari gagnant pour celui qui avait réalisé un sans-faute dans le quartier en arrivant très largement en tête dans les deux bureaux de vote, avec près de la moitié des suffrages dans l’un d’eux. Une mobilisation exceptionnelle d’abord invalidée par le Conseil d’État pour des faits constitutifs de pression ayant entraîné l’intervention de la police municipale, avant qu’une seconde élection ne soit organisée. Il était notamment question d’incitation au vote ainsi que des manifestations publiques de soutien à l’intérieur des bureaux de vote. » Désormais à Givors, la loi du nombre joue donc en faveur des Français de confession musulmane. Et le maire l’a très bien compris, en caressant sa communauté dans le sens du poil.
Ce cas est symptomatique : quel que soit leur bord politique, les maires ont très souvent tendance à « caresser dans le sens du poil » leurs administrés, pour se faire réélire. Il en va ainsi pour de nombreux petits barons locaux, mandat après mandat. En région parisienne par exemple, le département de l’Essonne compte de nombreuses communes où le clientélisme s’est érigé comme mode de fonctionnement, insidieusement, sans jamais déroger à la loi. À Massy par exemple, longtemps fief de Vincent Delahaye (UDI) – désormais sénateur et vice-président du Sénat –, l’équipe municipale a su acheter « la paix sociale ». Dans cette commune de 50506 habitants – dont 15,3% d’étrangers et 21,5% d’immigrés, selon l’INSEE –, le ton est donné avant chaque scrutin : il faut plaire spécifiquement à cette population pour espérer l’emporter. C’est ce qu’a su faire Vincent Delahaye en 1995 et lors de ses trois réélections (2001, 2008, 2014) ; c’est aussi ce qu’a su faire son dauphin désigné, Nicolas Samsoen, en 2020.
Les Frères musulmans, acteurs majeurs de l’islamisation de l’Europe
Le clientélisme islamiste, mais pas que
À Massy, le problème ne date pas d’hier. Déjà en 2005, le Centre Français de Recherche sur le Renseignement notait que « la construction de nouvelles mosquées de grande taille – comme celle de Massy, en Essonne – regroupant plusieurs anciens édifices cultuels vétustes, risque fort d’accroître cette tendance [une perte de clientèle « européenne » dans les hypermarchés particulièrement fréquentés par des consommateurs musulmans portant le voile ou d’autres signes extérieurs religieux]. Cette préoccupante dérive communautariste est aggravée par la récente montée en puissance d’un islam radical qui prospère dans ce contexte favorable ». La construction de la nouvelle grande mosquée de Massy, avenue de Paris, avait d’ailleurs soulevé des questions : Vincent Delahaye avait été accusé par des conseillers municipaux d’avoir bradé un terrain municipal, vente qui avait tout d’une subvention déguisée en faveur de la communauté musulmane. Et depuis, rien n’a vraiment changé à Massy. Bien au contraire, la recette continue de marcher.
Le plus cocasse – si tant est que l’on puisse dire cela –, c’est que cette psychologie du clientélisme pour conserver les faveurs de tel ou tel électorat, peut se transposer à tous les enjeux de la vie municipale. Pour plaire aux automobilistes locaux, le même Delahaye – alors maire, mais aussi depuis son arrivée au Sénat – milite depuis des années pour la gratuité de l’autoroute A10, au niveau du péage de Dourdan, sur les réseaux sociaux comme dans la commission sénatoriale qu’il préside… Tout le monde sait bien que les services gratuits n’existent pas et que le coût d’une telle mesure se répercuterait sur l’ensemble des contribuables, et non sur les seuls utilisateurs. Mais qu’importe, cette proposition électoraliste semble plaire puisqu’elle est reprise à chaque campagne électorale.
Les insupportables « politiques d’accommodement »
Restons en région parisienne, mais plus au nord cette fois. Direction Goussainville dans le Val d’Oise. Là aussi, les élections municipales de juin 2020 n’ont fait qu’entériner les pratiques clientélistes les plus viles. En juillet de la même année, la sénatrice Jacqueline Eustache-Brinio (LR) rendait public le rapport de la commission d’enquête sénatoriale sur la radicalisation islamiste. « Cette petite toile d’araignée se tisse », avait-elle alors souligné, dressant un constat alarmiste de la campagne électorale des municipales des mois passés. Résultat à Goussainville, les électeurs venaient d’élire Abdelaziz Hamida (sans étiquette) à 38,58%, « quelqu’un qui interroge les services de renseignement » puisqu’ancien fichier S. « Cette élection, déplore Annika Bruna, député (RN) au Parlement européen, est la conséquence directe du jeu dangereux joué par la maire de Goussainville en invitant Abdelaziz Hamida, qui avait négocié avec la mairie le terrain de la mosquée et contribué à sa construction, à devenir conseiller municipal, draguant ainsi l’électorat communautaire, avant d’être battu par ce dernier aux élections suivantes. Un schéma de complicité avec l’islam radical que reproduisent la gauche mais aussi la droite dans de nombreuses villes de banlieue. » Quelle que soit notre sensibilité politique, qui pourrait nier cette réalité ?
« À Goussainville, on arrive à la deuxième étape des stratégies de conquête de l’islam politique, qui consiste à établir ses propres listes, une fois l’emprise sur la communauté musulmane assurée et le noyautage des sections de partis effectué, explique Céline Pina dans son article savamment titré Aux municipales, le clientélisme paie !, paru dans Causeur. Lors de cette première étape, la tête de liste est islamiste et ses compagnons de route sont présents, mais la liste intègre aussi des candidats ayant une autre image. Puis, si la prise de pouvoir réussit, l’intégrisme suit et s’impose dans le temps. » Dans le rapport de la commission sénatoriale, Jacqueline Eustache-Brinio dénonçait les « ambiguïtés » de certains, le « clientélisme » ou les « politiques d’accommodement »… Alors, vous Français, avez-vous vraiment envie que cela se reproduise dans votre ville lors des élections municipales de 2026 ? La riposte démocratique doit commencer maintenant.
Axel Guibert
28/08/2023
Crédit photo : Domaine public