Par Johan Hardoy ♦ Steven E. Koonin, l’auteur de Climat, la part d’incertitude, professeur de physique théorique, a été sous-secrétaire d’État à la science de 2009 à 2011 dans l’administration Obama. En 2014, lorsque l’American Physical Society (l’organisation professionnelle des physiciens du pays) l’a chargé d’une mise à jour de la déclaration officielle sur le climat, il s’est rendu compte de faits scientifiques qui ont ébranlé ses convictions antérieures. Dans un livre signalé comme le « numéro 1 des ventes aux USA », il présente de façon rigoureuse un bilan des connaissances scientifiques concernant le changement climatique. Le contenu de cet ouvrage, que nous ne faisons ici que survoler, se montre très critique à l’égard des affirmations médiatiques et politiques courantes qui se prévalent indûment du consensus scientifique.
Le réchauffement de la Terre
Au cours du dernier million d’années, des périodes de réchauffement rapide ont alterné avec des périodes de refroidissement plus lent. Ces variations ont surtout été entraînées par de légers changements de l’orbite de la terre autour du soleil et de l’inclination de son axe.
Entre 1940 et 1980, la planète s’est refroidie avant de se réchauffer depuis quarante ans (en 1991, la Terre a cependant perdu 0,6°C durant les quinze mois qui ont suivi l’éruption du Pinatubo aux Philippines).
Ce réchauffement récent, qui n’a pas été uniforme sur toute la surface du globe, a surtout concerné les terres, la basse atmosphère et les latitudes élevées. La calotte glaciaire de l’océan Arctique et les glaciers de montagne se sont réduits, tandis que les saisons de l’activité végétale se sont légèrement allongées. Les températures les plus froides (la nuit, durant l’hiver, etc.) se sont élevées plus vite que les plus chaudes.
Une influence humaine physiquement restreinte
La croissance démographique et l’activité économique, qui ont fortement augmenté depuis un siècle, contribuent au réchauffement climatique en raison des combustions fossiles, productrices de dioxyde de carbone (CO2), et des activités liées à l’agriculture, l’élevage des bovins et aux décharges de rebuts qui génèrent du méthane (CH4). Les molécules de CH4 restent dans l’atmosphère une douzaine d’années avant de se convertir en CO2, mais elles contribuent trente fois plus au réchauffement que ce dernier.
Les aérosols et la déforestation, entre autres, exercent cependant une influence refroidissante qui annule environ la moitié de l’influence inverse des gaz à effet de serre dus aux activités humaines.
L’influence des hommes est donc croissante, mais elle demeure physiquement restreinte sur le réchauffement climatique car elle ne représente aujourd’hui que 1 % de l’énergie qui circule dans le système climatique. De même, la relation entre les émissions de gaz à effet de serre – sur lesquelles se focalisent pratiquement toutes les politiques – et leur influence sur le climat recèle encore de nombreuses incertitudes.
Des modèles climatiques contestables
En 2014, le 5ème rapport d’évaluation du GIEC a estimé qu’il existait une « faible confiance » que le réchauffement actuel ait dépassé l’ampleur des températures reconstituées pour le passé le plus lointain, et une « confiance moyenne » (deux chances sur trois) que les trente dernières années constituaient la période la plus chaude des quatorze derniers siècles pour l’hémisphère nord. Selon cet organisme, le doublement de la concentration de CO2 antérieure à l’industrialisation provoquerait une hausse de 3°C de la température moyenne de surface, celle-ci passant donc de 15 à 18°C.
En fait, les modélisations climatiques, dont l’incertitude a augmenté au fur et à mesure qu’elles étaient de plus en plus sophistiquées, sont dépendantes de la façon dont sont traités des paramètres difficilement prévisibles comme les nuages, par exemple. En outre, ces modèles sont incapables d’expliquer le précédent réchauffement survenu entre 1910 et 1940 (une mesure cruciale de la crédibilité d’un modèle est son aptitude à reproduire le passé).
La confiance que l’on peut accorder aux projections climatiques est donc fortement érodée et rend difficile de séparer le rôle de la variabilité naturelle de celui des influences humaines dans le réchauffement qui s’est produit depuis 1980. Les connaissances actuelles ne sont pas suffisantes pour faire des projections utiles sur la façon dont le climat changera au cours des prochaines décennies, et encore moins pour savoir l’effet que nos actions auront sur lui.
Les catastrophes naturelles n’augmentent pas
Selon l’Organisation Météorologique Mondiale, « aucun événement individuel, comme un cyclone tropical sévère, ne saurait être attribué à un changement climatique induit par les activités humaines ».
Les rapports d’évaluation du GIEC, qui présentent dans leurs sommaires des conclusions contradictoires, sont à l’origine de cette erreur régulièrement répétée par les médias et de nombreux politiciens.
Les observations effectuées sur un siècle entier indiquent que la plupart des événements météorologiques extrêmes ne révèlent aucun changement significatif, certains étant même moins fréquents ou moins sévères. Les variations de la météo ne constituent d’ailleurs pas des changements climatiques, ces derniers pouvant être définis comme la moyenne des météos calculées sur plusieurs dizaines d’années.
Les chercheurs établissent clairement que les canicules ne sont pas plus fréquentes aux États-Unis qu’elles ne l’étaient en 1900 et que les températures maximales n’y ont pas augmenté au cours des cinquante dernières années. Le dernier rapport d’évaluation du gouvernement américain de 2017, concernant les records de chaleur, est non seulement fallacieux mais « carrément erroné », ce qui est d’autant plus dommageable que ce document polluera les prochains travaux qui reprendront immanquablement ses conclusions.
La montée des eaux
Le dernier demi-million d’années a connu des épisodes répétés caractérisés par une baisse du niveau de la mer d’environ 120 mètres tous les 100 000 ans, mais durant le dernier minimum glaciaire, il y a 125 000 ans, le niveau des eaux était à peu près six mètres plus haut que de nos jours.
Depuis environ 12 000 ans, nous sommes dans l’Interglaciaire Holocène et le niveau de la mer a augmenté d’environ 120 mètres depuis le dernier Maximum Glaciaire, avec un ralentissement spectaculaire depuis 7 000 ans.
Depuis trente ans, le niveau de la mer a augmenté d’environ 3 mm par an, soit davantage que la hausse moyenne annuelle de 1,8 mm depuis 1880. Le réchauffement en constitue certes un facteur, du fait de la fonte de la glace et d’une dilatation de l’eau des océans, mais la hausse du niveau était presque aussi rapide entre 1925 et 1940. Une accélération significative a également commencé dans la première moitié du XIXe siècle, voire même à la fin du XVIIIe siècle.
Les variations du niveau de la mer évoluent ainsi à une telle vitesse qu’il est difficile d’établir scientifiquement, concernant les années récentes, ce qui est causé par les activités humaines et ce qui est naturel.
L’Apocalypse annoncé
En 2019, au milieu d’une pléthore d’annonces catastrophiques réalisées à partir de prévisions hautement incertaines, un article du Directeur général de l’OMS, intitulé « Le changement climatique nous tue déjà », a été relayé par les médias. Dans ce cas d’école de la désinformation, celui-ci amalgamait tout simplement la mortalité due au changement climatique induit par les activités humaines à celle due à la pollution de l’air ambiant et de l’intérieur des habitations (ce grave problème, causé par la pauvreté et non par le réchauffement, affecte trois milliards de personnes).
De même, des publications faisant état de menaces sur l’alimentation paraissent régulièrement alors que la production mondiale de calories végétales et animales a augmenté de façon spectaculaire depuis 1960 et que la concentration croissante de CO2 constitue un facteur significatif de l’amélioration des rendements.
Le GIEC observe effectivement que les rendements de blé et de maïs ont respectivement augmenté d’environ 100 % et 70 % entre 1981 et 2010 (malgré le réchauffement planétaire), tout en affirmant qu’ils auraient atteint 104 % et 77 % sans le changement climatique causé par les activités humaines. Ces estimations, qui représentent des impacts minimes, sont obtenues par le biais d’une méthodologie dont les limitations sont reconnues.
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Steven E. Koonin sait d’expérience que, pour les scientifiques, les pressions institutionnelles sont réelles et que nombre d’entre eux sont tombés dans l’opprobre parce qu’ils avaient publié des données n’étayant pas le récit du dérèglement climatique.
Il ajoute également : « Il est clair que les médias, les hommes politiques et souvent les rapports d’évaluation eux-mêmes déforment sans vergogne ce que dit la science concernant le climat et les catastrophes. Ceci met en cause les scientifiques qui rédigent les rapports et les révisent avec trop de désinvolture, les journalistes qui les répètent sans le moindre esprit critique, les rédacteurs en chef qui laissent faire, les militants et leurs organisations qui jettent de l’huile sur le feu et les experts dont le silence public cautionne l’imposture. La répétition constante de ces mensonges sur le climat et de bien d’autres les transforment en « vérités » acceptées. »
Carl Wunsch, un océanographe de premier plan du Massachusetts Institute of Technology, compare quant à lui son activité à « ce qui se passe dans le business de la médecine : on s’appuie sur des études mal contrôlées, portant sur des cohortes réduites, pour proclamer l’efficacité d’un nouveau médicament ou traitement. Combien d’entre elles ont été retirées des années plus tard, quand on a disposé d’une quantité suffisante de données adéquates ? »
Johan Hardoy
23/12/2022
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