Au surlendemain des cérémonies de réouverture de Notre-Dame de Paris, la veille du jour de la fête de l’Immaculée Conception, la presse internationale n’est pas tendre avec le président de la République française. Ainsi peut-on lire dans le quotidien autrichien Die Presse : « Aux yeux de Trump, Macron n’est plus que le président impopulaire, d’un pays ingouvernable, sur un continent à la dérive. » Encore plus cruel est le commentaire du journal espagnol El Pais pour qui « Emmanuel Macron a voulu faire de cette cérémonie un symbole de sa capacité à se reconstruire. Or, cette prestation, en ce qui concerne sa propre stature politique ressemble davantage à un requiem ». En matière d’oraison funèbre, le quotidien madrilène ne pouvait pas mieux dire.
Un sacré destructeur
Ces différentes appréciations sont certes vachardes mais elles sonnent si vrai quand on sait que, depuis son arrivée au pouvoir en 2017 avec la bénédiction de tout le gratin mondialo-affairiste, Macron a créé autour de lui un véritable champ de ruines en instrumentalisant la Vème République pour assurer sa survie politique. Ajoutons à cela une classe gouvernante responsable de la « corrosion accélérée de notre architecture institutionnelle » comme l’écrit dans le dernier numéro du Journal du Dimanche le politologue Arnaud Benedetti, et l’on conviendra que la dernière motion de censure qui a fait tomber le gouvernement Barnier n’est que la fille naturelle du chaos provoqué sciemment par l’homme (ou l’ado prolongé ?) de l’Elysée. Et il ose, par-dessus le marché, accuser l’extrême-gauche et ce qu’il appelle extrême droite d’être responsables du désordre actuel alors qu’il était bien content, en juillet dernier, tout comme d’ailleurs ses complices de la droite BCBG, de composer avec les potes de Mélenchon afin d’éliminer les candidats lepénistes et ciottistes et d’avoir ainsi créé un pays ingouvernable !
L’homme de toutes les audaces
Sa majesté Macron 1er a sûrement béni la très opportune tempête Darragh. Il a, en effet, profité du prétexte des mauvaise prévisions météorologiques, très exagérées en ce qui concernait la capitale, pour jouer l’astre du jour en tenant son homélie républicaine à l’intérieur de la cathédrale, comme par hasard, sous la Vierge du second pilier à l’entrée du chœur. Précisément l’endroit où, aux vêpres de Noel 1886, Paul Claudel avait redécouvert la foi.
Une fois de plus, le président de la République se sera joué des règles de la loi de 1905 — on se souvient de la séquence élyséenne du 8 décembre 2023 au cours de laquelle le rabbin Khorsia avait allumé la bougie d’Hanoukka au cœur même du Pouvoir — une loi qu’il vénère par ailleurs quand il s’agit de nier les valeurs et les origines chrétiennes de la France et de l’Europe.
Un double langage
Son discours ? Il contenait tout ce qui fait l’ossature de notre vieux pays, Macron rappelant le don par le saint roi Louis IX de la Couronne d’épines, la consécration par Louis XIII de Notre-Dame à la Vierge et employant à plusieurs reprises le mot de Nation, parlant même de transmission et d’espérance. Bref, un discours parfait mais un discours de circonstance destiné à redorer un blason nettement dédoré. C’est le même Macron qui, au moment de la crise du Covid, avait rangé la messe catholique au rang des accessoires (« une activité non essentielle »). C’est encore le même Macron qui avait applaudi des deux mains la constitutionnalisation de l’IVG après que le Conseil d’Etat eut été saisi d’un projet de loi en ce sens le 3 novembre 2023. C’est toujours le même Macron qui, quelques jours plus tard, le 8 novembre 2023 exactement, courait ventre à terre rue Cadet pour chanter les louanges de la création du Grand Orient de France deux cent cinquante ans plus tôt. C’est enfin le même Macron qui a fait des pieds et des mains pour avoir le privilège d’assister au retour du culte dans la cathédrale, mais qui, dans le même temps, veut faire déposer les vitraux en grisaille imaginés par Viollet-le-Duc et qui avaient miraculeusement échappé à l’incendie.
Un calcul intéressé
En réalité, il a voulu faire de ce moment solennel son retour sur la scène internationale en réunissant — un bon coup de pub cependant — l’Ukrainien Zelenski toujours aussi ridicule dans ses tenues pseudo- militaires et l’Américain Donald Trump, impérial dans son retour aux affaires tout comme d’ailleurs Elon Musk, visiblement très ému par son entrée dans ce lieu où souffle l’esprit, selon la formule chère à Maurice Barrès. Il n’en allait pas de même pour Zelenski, pénétrant comme en terrain conquis dans ce lieu sacré et se conduisant comme un guerrillero de troisième zone, ce qui n’a pas empêché les invités à la cérémonie de lui faire une ovation de maréchal soviétique.
Va-et-vient de voitures roulant à tombeau ouvert toutes sirènes hurlantes, service de sécurité délirant, mise en place d’un système anti-terroriste, présence de plus de 6000 forces de l’ordre, Emmanuel Macron s’est offert un beau spectacle, Brigitte lui servant de faire-valoir et accueillant en sa compagnie, et avec force embrassades et câlineries, tout un gratin de personnalités, allant de têtes couronnées à une kyrielle de responsables africains accompagnés de leurs épouses. Marc Guillaume, actuel préfet de Paris et ancien secrétaire général du gouvernement réglait, sur le parvis, le ballet des allées et venues. Clou du spectacle, le comédien Zelenski étreignant le théâtreux de l’Elysée. Séances photos immortalisant les retrouvailles avec des chefs d’Etat dont beaucoup manquaient cependant à l’appel, Emmanuel Macron s’agitait comme un beau diable, palpant ses invités, satisfait de lui-même et visiblement ravi de se constituer un nouvel album photos.
Les ministres démissionnaires étaient également présents et l’on pouvait ainsi apercevoir, assise au premier rang et vêtue comme une veuve corse — il ne manquait que la mantille — Rachida Dati qui portait sans doute le deuil de sa malheureuse initiative consistant à vouloir faire payer l’entrée de la cathédrale. A noter que le pape François, qui avait dédaigneusement rejeté l’invitation à venir honorer de sa présence la cérémonie, et bien d’autres l’ont sévèrement recadrée ! Une grosse partie des donateurs qui ont entièrement financé la restauration de Notre-Dame étaient présents, mais bien modestes quand on sait que sans eux, le sanctuaire aurait pu rester un champ de ruines et devenir ce que regrettait la philosophe Simone Weil dans L’engagement : « La destruction du passé est peut-être le plus grand crime…La perte du passé est la plus grande tragédie et nous avons jeté le nôtre comme un enfant déchire une rose. »
Emmanuel Macron a également voulu, comme pour la cérémonie des Jeux Olympiques, offrir au bon peuple chants profanes et chants sacrés. Il a ainsi fait venir, du fin fonds d’une township sud-africaine, la soprano Pretty Yendi, comme s’il n’y avait pas de soprano dans notre pays. En 1989, également, l’obèse soprano Jessie Norman avait chanté La Marseillaise drapée dans un drapeaux tricolore alors que Régine Crespin aurait été parfaite dans le rôle.
Lors d’une venue en France en 2021, Pretty Yendi avait fait pleurer Margot se plaignant d’avoir été contrôlée sauvagement par la police de l’air et des frontières à son arrivée à l’aéroport de Roissy-Charles -de Gaulle. Le problème ? Elle n’avait pas de visa.
Eternelle Notre-Dame
Si ridicules les nouveaux costumes liturgiques sortis de l’imagination délirante de Castelbajac ou le reliquaire pour la Couronne d’épines, sans oublier le fauteuil épiscopal ou l’autel massif comme un billot de boucher, Notre-Dame ressuscitée demeure cependant comme la décrivait Victor Hugo dans Notre -Dame de Paris : « Chaque face, chaque pierre du vénérable monument est non seulement une page de l’histoire du pays, mais encore de l’histoire de la science et de l’art. Ainsi l’abbaye romane, l’église philosophe, l’art saxon, le lourd pilier nord qui rappelle Grégoire VII , le symbolisme hermétique par lequel Nicolas Flamel préludait à Luther, l’unité papale, le schisme, Saint -Germain des Prés et Jacques de la Boucherie, tout est fondu, combiné, amalgamé dans Notre-Dame. »
Françoise Monestier
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