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Censure : un coup de pied bienvenu dans la fourmilière

Censure : un coup de pied bienvenu dans la fourmilière

par | 6 décembre 2024 | Politique

Censure : un coup de pied bienvenu dans la fourmilière

Dans Polémia, il y a polémique. Voici un texte de Michel Geoffroy sur la censure. À contrepied de Jean-Yves Le Gallou, il analyse positivement le geste de censure du gouvernement Barnier par le Rassemblement national (RN).
Polémia

 

Coup de tonnerre dans le ciel politicien

Depuis 40 ans, nous vivions la même palinodie : un nombre croissant d’électeurs votaient pour le RN ou pour Marine Le Pen, mais cela ne servait jamais à rien.
Les élus comme les électeurs finissaient toujours ostracisés. Au Parlement on ne reprenait pas les propositions des élus RN et on ne leur confiait aucune présidence. L’extrême gauche, on l’écoutait et on la respectait ; mais pas le RN.

L’oligarchie ne redécouvrait ce mouvement qu’au second tour des élections : quand elle appelait à « faire barrage » contre « l’extrême droite », ce qui permettait l’élection des candidats du Système. Macron a été élu et réélu grâce à ce subterfuge.

Mais tout ce bel édifice, garant du statu quo politicien et du déclin français, vient brusquement de s’effondrer avec le vote de la motion de censure contre le gouvernement Barnier le 4 décembre dernier, par le RN.

Nos politiciens découvrent avec stupeur que les élus du RN peuvent faire autre chose que de la figuration. Et qu’il ne faut pas négliger les avertissements et les « lignes rouges » qu’ils formulent. Mais où va-t-on s’il faut désormais tenir compte de ce que veut le premier parti de France ?

Peu importe que la censure ait porté sur tel ou tel texte.

Ce qui compte c’est qu’elle ait eu lieu car il faut remonter à 1962 pour retrouver un bouleversement similaire : la censure d’un premier ministre en exercice.

Le chaos c’est eux, pas le Rassemblement national

Curieusement ceux qui hier nous vantaient à tout propos la « rupture », les « réformes disruptives » ou les « chocs », s’affolent du vote d’une motion de censure.

On nous fait croire que cela va provoquer le désordre, comme si notre pays n’était pas déjà dans une situation chaotique dans quasiment tous les domaines. Comme si la dissolution n’avait pas déjà ajouté le chaos politique à la crise sécuritaire, économique, financière, migratoire, sociale et morale de la France. Comme si le bilan macronien n’était pas déjà globalement catastrophique.

On affirme que la dissolution va faire le jeu de la gauche la plus extrême. Comme si la gauche n’était pas déjà au pouvoir en France depuis 1981 et comme si la gauche culturelle ne dominait pas depuis 1944.

Ou que la dissolution va empêcher M. Retailleau de juguler l’immigration et l’insécurité. Comme si ce dernier aurait pu changer quoi que ce soit d’important en la matière tout en restant dans le Système.

Bref on nous dit que le RN a « choisi le désordre »[1] et nous entraîne vers l’inconnu. Mais vers quoi exactement Emmanuel Macron et Michel Barnier nous emmenaient-ils vraiment, sinon dans une dangereuse fuite en avant ?

La leçon de Dune

En votant la censure du gouvernement Barnier avec la Gauche, les élus du RN viennent enfin d’entreprendre un acte politique : désigner l’adversaire principal.

Ils viennent aussi de réactiver un vieux principe : celui qu’invoque, Paul, le héros de la célèbre saga de Frank Herbert, Dune [2]: « pour se rendre maître d’une chose il faut détruire cette chose » …

La vie politique française tournait à vide à force de compromissions, de régime des partis et d’impuissance politicienne.
Le vote de la motion de censure par le RN casse ce mortel ronronnement, en donnant un coup de pied bienvenu dans la fourmilière politicienne.

Notre pays étouffait, faute d’issue politique à son déclin.
La motion de censure contribue à rebattre les cartes d’abord au Parlement et sans doute à terme, celles de la présidentielle : car elle confirme l’impasse dans laquelle se trouve désormais Emmanuel Macron, malgré ses rodomontades télévisuelles.

Bien sûr, l’issue politique de cette censure n’apparaît pas encore clairement.
Mais on commence à avoir l’espoir d’en entrevoir une et c’est déjà beaucoup.

Michel Geoffroy
06/12/2024

[1] Allocution d’Emmanuel Macron le 5 décembre 2024
[2] Publié en 1965

Michel Geoffroy

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