Par Julie G. ♦ Interrogé dans Bourdin Direct sur BMFTV le 9 Juin, Christophe Castaner a déclaré que, malgré l’interdiction légale des rassemblements de plus de 10 personnes dans l’espace public, les manifestations « antiracistes », bien que non autorisées, ne seraient pas sanctionnées « car l’émotion mondiale, qui est une émotion saine sur le sujet, dépasse au fond les règles juridiques qui s’appliquent ».
L’article 7 du Décret N° 2020-548 du 11 mai 2020, promulgué par le Premier Ministre dans le cadre du déconfinement, interdit ces rassemblements pour assurer la sécurité sanitaire de la population face au Covid-19.
Il restreint donc drastiquement les libertés individuelles, dont celle de manifester.
Le choix fait de cette restriction avait au moins une justification et une contrepartie : celle d’assurer la protection de la vie de nos concitoyens face à une maladie dont la mauvaise gestion par nos gouvernants a favorisé la forte létalité.
Or, ce louable objectif de protection sanitaire cède devant la pression de minorités instrumentalisées et « racisées » qui envahissent l’espace public, avec désordres et violences, au nom de l’antiracisme ou d’exigences de régularisation par des clandestins.
On avait vu, jusqu’à présent, le peu d’empressement du ministre de l’intérieur à tenter de juguler ces manifestations. Ordre a manifestement été donné aux Forces de l’ordre de «laisser faire ».
Les propos de M. Castaner éclairent désormais pleinement cette politique laxiste.
L’État de Droit, tant brandi pour prétendre à l’existence d’une démocratie, vient d’être très officiellement abandonné.
La puissance publique, par la voix de M. Castaner, s’affranchit du principe de respect de ses propres normes juridiques au nom de « l’émotion », principe désormais supérieur à la Loi.
Peu importe que cette émotion ne repose que sur un fantasme de racisme présupposé permettant de faire, avec amalgame, de quelques cas isolés des généralités.
Peu importe que ce fantasme soit sans égale mesure avec la prise en otage et les risques de contamination, eux très réels, du reste de la population.
L’idéologie et, partant, l’arbitraire sont désormais les seuls ressorts de l’action publique sécuritaire.
M. Castaner ne s’en cache pas. Il rappelle que son combat contre le racisme est ce qui l’a fait comme militant.
C’est donc au nom de ce militantisme qu’il pousse à la violation de la Loi.
Dans l’acception moderne de ce terme, on appelle « dictatures » les régimes politiques qui se caractérisent par une forme de pouvoir arbitraire, autoritaire, entièrement soumis à la volonté (et à l’idéologie) de celui ou ceux qui gouvernent.
En temps de paix, ces dictatures s’installent souvent en période de crise, là où les institutions sont incapables ou impuissantes à gérer les problèmes qu’elles contribuent à générer.
M. Castaner vient de se faire le héraut de la disparition du principe d’État de Droit qui est une des principales caractéristiques des sociétés démocratiques.
Nous entrons donc officiellement dans l’ère du despotisme et de l’arbitraire. Certaines populations choyées du pouvoir, y ont des droits, en contradiction totale avec avec le principe d’égalité des citoyens devant la loi, déniés aux mal aimés et invisibles qu’il convient de maintenir en soumission.
M. Macron devrait rapidement sortir de son mutisme et nous éclairer sur sa perception des propos de son ministre de l’intérieur. Il devra préciser clairement si L’État français entend ou non s’affranchir de ses propres normes juridiques.
Dans l’hypothèse probable où il entendrait maintenir le mythe de l’État de droit, il devra en tirer les conséquences quant à l’opportunité de maintenir à son poste un Ministre affirmant s’en affranchir.
Julie G.
10/06/2020
Source : Correspondance Polémia
Crédit photo : Arthur Empereur [CC BY-SA 4.0]