« La gauche a toujours su créer la zizanie. Et François a encore plus d’un tour dans son sac. »
Contrairement à ce que pensent les esprits superficiels, François Hollande a une grande cohérence. Trois lignes de force structurent son action : de profondes réformes sociétales et fiscales marquées par une immense hostilité à la famille ; un clientélisme appuyé en faveur des banlieues de l’immigration, réservoir électoral de rechange ; une politique économique et sociale favorable à la finance et aux grandes entreprises. Cette logique cosmopolite s’accompagne dans sa mise en œuvre d’une multiplication des opérations de diversion complaisamment reprises par les médias de l’oligarchie pour des raisons tant politiques que commerciales. Michel Geoffroy fait le point pour Polémia.
Alors que la droite établie offre dans l’opposition un spectacle toujours plus affligeant, François Hollande, lui, prépare méthodiquement les prochaines élections. Chaque opération marque une nouvelle étape dans sa stratégie.
Opération chef de guerre
Il y a eu d’abord l’opération « chef de guerre ». D’abord au Mali. Cela devait se faire aussi en Syrie mais cela n’a pas marché comme prévu. Mais pas de problème : il y a maintenant la République centrafricaine : des opérations à l’efficacité réelle douteuse et au coût certain pour une armée budgétairement étranglée. Mais peu importe car elles visent à donner au président de la République une stature ; et à gêner la droite, toujours suiveuse quand il est question de défense. Bravo François !
Opération Taubira
Il y a eu ensuite l’opération Taubira, c’est-à-dire les réformes sociétales. On en sort toujours une au bon moment : le mariage des homosexuels, la théorie du genre, la politique pénale ou, maintenant, l’avortement pour tous. La liste n’est sans doute pas terminée.
Cela offre deux occasions à la gauche : d’abord, faire oublier qu’elle s’est mise au service de l’oligarchie financière et du patronat, en jouant sur le registre « progressiste » ; ensuite, diviser l’opinion et gêner une nouvelle fois la droite qui a peur d’apparaître politiquement incorrecte. La vieille stratégie de Mitterrand n’a pas pris une ride !
En outre, le Système a réussi à présenter Mme Taubira comme une pauvre domienne victime des méchants opposants fachos au mariage pour tous. Moralité : si tu contestes ces réformes c’est que tu es raciste. Coup double ! Bravo François !
Opération Dieudonné
Il y a eu aussi l’opération Dieudonné. Elle a permis de roder les bons vieux thèmes de l’antiracisme et de l’antisémitisme. L’antisémitisme marche toujours quand il s’agit de rassembler la gauche !
Et puis cela a permis aussi de planter de nouveaux jalons forts utiles dans la voie de la censure d’Internet au nom de la chasse à la quenelle : un point de plus pour le pouvoir, en particulier face à la protestation populaire et identitaire qui utilise largement Internet et les réseaux sociaux. Bravo François !
Opération patronat
Il y a maintenant le virage social-démocrate du président de la République, savamment orchestré, même si sa mise en scène a été quelque peu perturbée par la révélation imprévue de ses aventures motocyclistes. On ne saurait tout prévoir.
Mais, comme le titre sans rire Le Monde du 19 janvier – « Les 15 jours qui ont changé Hollande » –, la gauche a décidé de tendre la main aux entreprises. C’est l’opération « Pacte de responsabilité » avec l’aimable participation du MEDEF, et sous l’autorité du secrétaire général adjoint de l’Élysée, Emmanuel Macron, associé-gérant de la banque Rothschild.
Les mêmes qui ont augmenté les impôts expliquent maintenant qu’il faut diminuer les charges. Évidemment il faut décoder : les salariés payeront toujours plus mais les entreprises encore moins. Cela doit améliorer notre compétitivité, comme on nous le répète inlassablement depuis les années 1980, même si les résultats se font attendre. Peu importe car il est toujours fort utile de complaire au patronat quand on fait de la politique. Et puis, complaire aux patrons a le don de rendre la droite aphone… enfin encore plus aphone que d’habitude. Encore bravo François !
Bravo François ?
Pour le moment cependant, les sondages ne démontrent pas la pleine réussite de cette stratégie.
Le score personnel de François Hollande plafonne et les intentions de vote sanction lors des municipales ou des européennes restent élevées. La défiance vis-à-vis de la classe politique est à son comble. Et les résultats économiques et sociaux manquent toujours au rendez-vous. En outre, jusqu’à présent le Front national a réussi à ne pas tomber dans les pièges que le pouvoir lui tendait, une différence notable avec la présidence Mitterrand.
En vérité, seule l’UMP pâtit de ces opérations successives qui érodent sa capacité d’opposition et donc sa raison d’être, sur fond d’inextricables querelles de personnes. Sur ce plan le but est atteint.
La gauche a toujours su créer la zizanie. Et François a encore plus d’un tour dans son sac.
La suite à la prochaine « opération » ?
Michel Geoffroy
22/01/2014
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