Quand Maxime Tandonnet, haut fonctionnaire, inspecteur général de l’administration au ministère de l’Intérieur et auteur, écoute la radio…
Ce matin sur Europe 1, au lendemain de la « Manif’ pour tous », j’écoutais le témoignage d’une « mère porteuse », qui en était à son troisième bébé, conçu aux États-Unis à la demande de couples pour une somme de 20.000 dollars chacun.
Cela me faisait penser à un livre célèbre, jadis bien connu de tous les lycéens de France qui avaient obligation de le lire au passage en seconde, dans les années 1970 : Le Meilleur des mondes (The Brave New World), d’Aldous Huxley. Extraordinaire prophétie, écrite en 1945, d’un monde où les enfants sont conçus en série pour répondre à la demande des adultes. Nous n’en sommes pas exactement là, mais la même logique de cauchemar est bien à l’œuvre, celle de la marchandisation du corps féminin et de l’enfant. Nous tentons d’en retarder le triomphe par différentes digues, mais combien de temps vont-elles résister ?
Par association d’idées, un autre roman me revient à l’esprit : 1984 de George Orwell, qu’il fallait impérativement lire aussi quand nous avions 14 ans. Il annonçait, 60 ans avant la pensée unique, l’obligation de penser tous pareil, dans le même moule idéologique, avec les mêmes mots destinés à formater les esprits (Novlang) sous le contrôle d’un gigantesque ordinateur « Big Brother », le moindre écart vous exposant à d’effroyables tortures, en particulier morales. La prophétie est à mes yeux le paroxysme de l’intelligence – déduire des observations présentes ce qui nous attend demain – et aussi de la subversion, au meilleur sens du terme. C’est pourquoi, sans doute (vérification faite) on ne lit plus Le Meilleur des mondes ni 1984 dans les lycées de France.
Maxime Tandonnet
06/10/2014
Source : maximetandonnet.wordpress.com