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Belkacem et L’ABCD de l’insensé

Belkacem et L’ABCD de l’insensé

par | 31 août 2014 | Société

Belkacem et L’ABCD de l’insensé

« Une vision parfaitement marxiste : “Là où commence l’humanité, la nature s’arrête” ».

Le gouvernement Valls 2 est profondément cohérent. À travers ses ministres phares, c’est une attaque en règle contre l’identité française qui est conduite : Macron contre l’identité économique, Taubira contre l’identité nationale, Belkacem contre l’identité de sexe. C’est en effet la militante de la théorie du genre qui a été portée à la tête du ministère de l’Éducation. Une occasion pour notre chroniqueuse Laurence Maugest de revenir sur « L’ABCD » de l’insensé, de l’intrusion et de l’irrespect de l’intimité.
Polémia

Durant ces deux dernières années scolaires, à travers le mariage des personnes de même sexe et l’idéologie du genre, les questions relevant de l’identité sexuelle ont envahi l’espace public.

Bien sûr, il faut résister et je ne regrette pas les distributions d’invitation à aller manifester et la mobilisation qui ne cessera pas tant que des projets de loi menaceront notre identité.

« On ne lâchera rien » c’est vrai, mais néanmoins, il y a dans ce débat quelques effets pervers

Être dans l’obligation de prouver une évidence c’est la mettre en péril, non pas dans sa réalité propre, bien sûr, mais dans l’univers des mots et des médias qui est de plus en plus le nôtre.

En définitive, nous n’avons pas le choix. Nous devons défendre nos convictions dans les sphères médiatiques où elles prolifèrent. C’est pourquoi, je réagis, aujourd’hui encore, au sujet des déclarations des femmes qui sont à l’origine de l’ABCD de l’égalité (1).

  1. Est-ce qu’une société en bonne santé peut laisser des professeurs expliquer à nos enfants « que les différences sexuelles anatomiques perceptibles dès la naissance ne dictent pas les comportements féminins ou masculins mais que c’est la société tout entière, l’éducation, l’environnement qui vont créer ces comportements » comme l’assène très gravement Jocelyne Mongellaz ?
    Allons, Madame Mongellaz, un peu de sérieux ! Quel serait le rôle d’une différence limitée à la simple anatomie ? Pour assurer la reproduction de l’espèce me direz-vous ! Mais Madame, il y a d’autres types de reproduction. Demandez à notre amie la paramécie qui se duplique à l’identique : le bonheur, peut-être, pour vous qui semblez avoir quelques difficultés avec la diversité. Allez ! Je vais être gentille, j’oublie les variations d’hormones entre l’homme et la femme, les cycles menstruels et même la grossesse (soyons fous !). Dans un élan de générosité, j’omets aussi les caractères sexuels secondaires. Je me borne à la stricte différence physique entre un petit bébé garçon et un petit bébé fille. Ne croyez-vous pas que l’être humain, qui est complexe (2), peut ne pas être influencé par cette dissemblance anatomique ?
  2. Est-ce que les parents doivent déléguer l’éducation sexuelle de leurs enfants en général et en particulier à des idéologues endoctrinés ?
    La sexualité n’est pas une matière à apprendre, elle se découvre, elle est un lien spécifique et fondamental entre l’individu et sa raison intime d’être au monde. C’est un lien philosophique, profondément enraciné et tourné vers l’avenir qui croît, chez l’enfant, dans le calme et les soubresauts de la complicité familiale faite d’histoires et de projets. La sexualité est un lien au temps.
  3. Est-ce que ce sujet, par nature intimiste, doit être lancé sur la place publique, donné en pâture à des médias dont on connaît l’attrait rampant pour le domaine sexuel et qui sauront parfaitement développer, à outrance, une sexualité sans âme dans la tête des jeunes ?
    Les journalistes, les professeurs et les pédagogues ont en commun d’utiliser, dans leur travail, la même matière première : « les mots ». Ils détiennent donc un pouvoir certain car les mots sont les briques de nos pensées. Leurs manipulations sont de véritables machines de démolition. Ainsi lorsque Catherine Hugonet étiquette des comportements différenciés entre les garçons et les filles comme « une construction imposée par la société », de son propre chef, elle les identifie comme « stéréotypes », ce qui lui permet d’invoquer « leur déconstruction » qui revient en leitmotiv dans les propos de ces femmes.

Que signifie cette obsessionnelle recherche de déconstruction ?

Identifier un comportement comme « un stéréotype social », sans aucune argumentation scientifique d’ailleurs, permet de chercher à le détruire sans état d’âme.

En définitive, Mme Hugonet parvient ici à nier toute influence « naturelle » qui signifierait un lien, une prédisposition, un sens à l’espèce humaine et elle éradique, en même temps, les effets du lent tissage culturel en les nommant presque vulgairement « stéréotypes ». Dans un anachronisme verbal et violent, Madame Hugonet cherche à débarrasser l’enfant de sa nature et de son histoire tout simplement. Avec Mme Hugonet, nous réalisons que nous vivons dans l’erreur depuis des siècles, sans doute parce que nous n’avons pas été déconstruits, puis rebâtis selon les plans de leurs certitudes idéologiques.

Elle va jusqu’à dire que « ces différences de comportement existent depuis si longtemps (200.000 ans) que l’on imagine que c’est naturel ! » Pauvre Madame Cro-Magnon ! Elle ne s’en est pas doutée, mais ce n’est pas sa taille menue qui l’a reléguée à la chasse aux petits gibiers mais la virulence des stéréotypes machistes de son Cro-Magnon de compagnon !

Leur objectif évident est de réduire l’influence de la nature sur l’Homme, de la rejeter

C’est une vision parfaitement marxiste : « Là où commence l’humanité, la nature s’arrête ». Pour ces femmes, l’Homme est façonné par la société, point.

Ce qui vient de la nature est forcément un mystère pour l’Homme. Quel serait cet élan qui l’influencerait en dehors de sa propre volonté raisonnante, de ses propres constructions sociales ?

Alors Madame Hugonet, qui, comme toute idéologue, ne s’embarrasse pas du doute, n’hésite pas : en une phrase, le problème de la séparation entre la nature et la culture, pourtant si longtemps médité par des penseurs certainement moins perspicaces qu’elle, est réglé : la féminité et la virilité sont culturelles !

La culture est le domaine de l’Homme, contrôlable par lui, tout au moins le pense-t-il ; c’est le lieu de la production, de ce qui est matériel et monnayable.

La nature échappe à l’Homme, elle est dissipée, incernable ; le matérialiste marxiste cherche à l’éradiquer – comme s’y emploie Madame Hugonet quand elle cite l’exemple de la petite fille qui joue à la poupée et qui ne reçoit, selon elle, aucun retour, aucune gratification dans ce jeu, contrairement au garçon qui évalue bien la trajectoire de son ballon.

Pour elle, ce qui est important et valorisant c’est ce qui est quantifiable. La relation imaginaire, le rêve, le mystère du jeu, sont stériles, voire dangereux car ils écartent l’Homme de son axe essentiel qui va de la production à la consommation.

Mais où sont-ils ?… Mais où sont-ils ?… Mais où sont-ils, les stéréotypes ?

Dans un grand moment, en définitive, cruellement humoristique, Madame Johana Dagorn de Goïstisolo semble terrorisée par l’idée qu’une jeune fille aspire à rencontrer le grand amour. Sans ambages, elle relie la virilité aux punitions, ce qui n’est pas sans évoquer une certaine idée, forcément « associable » de la virilité (c’est certain que la société s’est construite sans les hommes virils, forcément hors circuit, et marginaux !). Puis, enfin, cerise sur le gâteau, elle nous affirme (dans une ambiance de laboratoire d’analyses médicales) que la jeune fille en âge de procréer (taux hormonal à l’appui ?) va brutalement être attirée par un prince charmant forcément à lunettes, ce qui fait de lui un bon géniteur. Bien ! Qui est victime de stéréotypes ? Certainement pas les opticiens qui vont se frotter les mains de ce lien inespéré entre les capacités de procréation et le port de lunettes.

Pour me reposer après avoir visionné le meilleur des interventions de ces dames, je me suis lancée dans la recherche des princes charmants à lunettes, je n’en ai pas trouvé un seul ! Non, Madame, l’homme à lunettes, dans le monde stéréotypé qui est le vôtre, représente, éventuellement, l’intellectuel, le bon élève et, par extension, qui ne vous échappera certainement pas, l’homme qui va réussir « matériellement », « être riche ». Vous liez, curieusement, la virilité à la punition, au désordre, et vous affirmez que les femmes, qui à votre grand dam, renoncent ou ne souhaitent pas mettre l’accent sur leur réussite professionnelle, recherchent le prince charmant parmi des hommes susceptibles de réussir leur carrière (votre romantisme est sans bornes !). D’un bout à l’autre, l’homme est coincé entre « le tout muscles sans cerveau » et « le cravaté à cartes de crédit ». Bref, l’amoureux, le père, disparaissent (la virilité attaquée, dirait le clairvoyant Eric Zemmour).

Merci Mme Johana Dagorn de Goïstisolo pour ce monde enchanté que vous nous présentez là.

Quelqu’un aurait-il une dague, un poignard ?

En réfutant le rôle humble et essentiel de « passeur des traditions » où la nature et la culture s’entremêlent dans leur alchimie mystérieuse, Mme Hugonet et ses comparses font donc œuvre de déconstruction. « Du passé faisons table rase » pour ériger la société Benetton, Coca-Cola, où l’indifférenciation du public favorisera les ventes massives de produits identiques, destinés à des personnes identiques, partout dans le monde. Mais, ériger des « pseudo-philosophies » pour répondre à des objectifs financiers oblige à une considération de l’homme si médiocre que celui-ci risque demain de se révéler monstrueux car irrespectueux de la vie qu’on s’évertue à lui présenter comme sans mystère et parfaitement désacralisée.

Il est, malheureusement, envisageable que les grandes enseignes qui sont agents de cette indifférenciation pandémique regrettent un jour d’avoir éradiqué les particularités nationales, identitaires et structurantes, car les irrespectueux, les barbares n’achètent pas mais volent.

La meilleure façon de nuire à l’émergence ou à l’épanouissement de la singularité chez les jeunes et les moins jeunes est de détruire leurs intimités

Depuis deux ans, nos enfants entendent sur les ondes cette remise en cause de l’identité sexuelle innée chez l’être humain. C’est un fait sans précédent, ils sont poursuivis à l’école, matraqués par les médias. L’identité sexuelle, qui mûrit doucement, parfois avec difficulté, par identification aux parents ou à d’autres membres de la famille du même sexe, a été extirpée de la vie intime pour s’afficher sans pudeur dans la sphère publique.

Ces « pédagogues » ont la lourde responsabilité de créer, par leurs idéologies absurdes, un trouble téléguidé dans la tête de nos enfants qui va venir s’ajouter et même peut-être inhiber le trouble naturel : la recherche personnelle de l’adolescent en maturation sexuelle.

Cet étalage impudique de la vie sexuelle la désacralise, la dépoétise. Nous risquons, en effet, d’engendrer des barbares obsédés par l’avoir, renforcés par les sollicitations perpétuelles où ils risquent de se perdre, pour oublier qu’il est si difficile « d’être », de découvrir son identité dans cette société indifférenciée qu’ils vont recevoir en héritage.

La relation entre les hommes et les femmes est le cœur et le reflet de la richesse d’une société

La complémentarité entre les sexes gommée, l’émotion risque de disparaître dans la relation amoureuse qui devient un acte de consommation comme un autre. La relation « homme/femme » dont la complexité fait la richesse peut en souffrir considérablement. L’homme perdu, dans cette cour qui n’en est plus une, risque de devenir violent pour persister à démontrer sa supériorité à cet être qui l’attire et que la société, ses professeurs persistent à lui présenter comme absolument identique à lui-même. Apothéose du jeu de miroir de notre société narcissique !

Mme Thérèse Jacob-Hargot (3) montre très bien que la pornographie violente devient envahissante dans la tête de nos enfants. Bien sûr, que reste-t-il à une sexualité dépouillée de sa nature et de sa culture ? Que reste-il face à un « autre » qui devient « un identique » ? Un vide abyssal et source d’angoisse. Que fait un jeune angoissé qui n’a pas acquis les mots pour exprimer cette angoisse car ses professeurs étaient plus mobilisés par les ABCD de l’égalité que par son acquisition de la grammaire ?

Les bonnes blagues, les néologismes, les « nanas », « cocottes » et autres interpellations piquantes, poétiques ou vulgaires… signifient depuis la nuit des temps les remous des relations entre les hommes et les femmes car, justement, ils sont différents ! L’importance de ce lien fut créatrice, au pire, de quelques régressions puériles, au mieux, de créations et d’élévations essentielles. Mais « la meuf » actuelle est plus inquiétante. En effet, ce n’est pas un « surnom », plus ou moins créatif, mais une déconstruction du joli nom de « femme ». Je crois que c’est un signe qui ne relève plus de la tension entre l’homme et la femme mais que nous quittons, là, les chemins chaotiques de l’aventure amoureuse et de la séduction pour l’ambiance beaucoup plus terne et glauque de la destruction en marche de nos singularités. Celles-ci sont menacées par l’ambiance impudique et froide qui étouffe dans notre société la relation « homme/femme ».

Je finis juste par un petit message personnel, en toute complicité féminine (si j’ose dire !) : Mesdames de l’ABCD de l’indifférenciation (3) ou encore de la « mêmeté » épinglée par l’acuité d’Alain de Benoist (4), je pense que vous devriez vous épanouir un peu. Je sais, nous ne traversons pas que des moments heureux (ah les hommes !… Pardon, j’ai l’impression d’aggraver mon cas !).

Allez, je me lance : contemplez, admirez les beautés de la nature (aurais-je terminé par un mot grossier ?)

Laurence Maugest
07/07/2014

Notes

  1. Le zapping des déclarations des femmes qui sont à l’origine de l’ABCD
  2. Vous me l’accorderez, l’Homme est bien un être complexe et il le restera ; enfin, tant qu’il sera épargné par la parthénogenèse rêvée par certains.
  3. Mme Thérèse Jacob-Hargot
  4. Alain de Benoist, Les Démons du Bien, Du nouvel ordre moral à l’idéologie du genre, Pierre-Guillaume de Roux, 2013.
Laurence Maugest

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