La façon grotesque dont les médias de propagande nous présentent la réalité ferait sourire si elle ne travestissait pas bien souvent des faits tragiques. Le drame de Dolomieu : une désinformation exemplaire du Figaro.
Ainsi, par exemple, le drame de Dolomieu où des malfrats ont tué de sang-froid lors d’un hold-up un témoin qui tentait de s’interposer, Hugo Villerez.
Il est vraiment intéressant de lire la façon dont on nous présente cette lugubre affaire. (*)
Un crime odieux de plus ? Mais pas du tout, si vous lisez l’article signé Angélique Négroni dans le site du Figaro du 3 août 2014 !
Chère Angélique
Car Angélique, elle, ne voit pas les choses comme cela. Non : elle a surtout remarqué que le coupable présumé était « en pleurs » samedi, lors de ses aveux après sa garde à vue. Le pauvre, vous comprenez, il a « paniqué ».
En effet, elle nous explique que la victime n’a pas obéi à « l’ordre de s’arrêter » (sic) lancé par l’auteur du coup de feu mortel, ce qui a «contraint» ce dernier à « descendre l’escalier du bureau de tabac à reculons ». « Le braqueur a alors pris peur et tiré une fois », conclut Angélique. Bref, c’est presque un drame de l’autodéfense !
Car si on comprend bien notre journaliste, si le témoin avait gentiment respecté « l’ordre » donné par le braqueur il ne serait pas mort. C’est donc un peu de sa faute, n’est-ce pas ?
Pauvre braqueur
Le braqueur a, lui, droit à bien plus d’égards journalistiques.
Pauvre petit braqueur, si émotif sous sa cagoule qu’il tire si on le contraint de descendre un escalier à reculons ! D’ailleurs, le procureur de la République, interviewé dans l’article, nous dit aussi que le tireur « exprime des regrets et a pleuré ». C’est dire si le pauvre était choqué ! Un conseil : la prochaine fois que vous voyez un procureur, pleurez à chaudes larmes, cela vous aidera sûrement.
Angélique nous dit aussi qu’il s’agit en outre d’un « braqueur repenti » car il a indiqué aux enquêteurs où il avait jeté son arme. Ah le brave garçon !
Des jeunes sans histoire
Mais, au fait, qui sont donc ces braqueurs sanglants ?
On découvre quand même que ces jeunes si émotifs ont eu des démêlés avec la justice : deux condamnations pour l’auteur du coup de feu mortel, douze condamnations pour son complice. On ne nous dit rien du troisième complice, celui qui aurait fourni l’arme.
Mais pour le procureur de la République tout cela ne prouve rien : non, ce ne sont que «de jeunes délinquants qui ont agi avec une absence totale de préparation». Les braqueurs étaient cagoulés et armés mais ils n’étaient pas « préparés » : tout est dans la nuance judiciaire !
Ils se sont seulement essayés au vol à main armée (on écrit « vama », cela fait plus cool), renchérit Angélique. C’était donc de la formation professionnelle, en quelque sorte ! Ce n’est donc pas vraiment de leur faute si ce « vama » a « tourné au braquage mortel ».
Un dernier détail
Ah ! Pour conclure, petit détail : Angélique nous dit que l’auteur du coup de feu est « le fils d’artisans d’origine étrangère et dont les parents, des gens sans histoire, ont divorcé ». Vous suivez Angélique ? Encore un drame social : le pauvre petit, sans doute déjà victime du racisme ambiant et qui a dû supporter la séparation de ses parents. Décidément, pauvre braqueur !
Pleurez, braves gens, Le Figaro vous y invite. Mais pas sur la victime, cela ferait trop peuple.
Michel Geoffroy
04/08/2014
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