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Au cœur du volcan. Carnets de l’Élysée 2007-2012, de Maxime Tandonnet

Au cœur du volcan. Carnets de l’Élysée 2007-2012, de Maxime Tandonnet

par | 27 octobre 2014 | Médiathèque

Au cœur du volcan. Carnets de l’Élysée 2007-2012, de Maxime Tandonnet

L’impuissance de l’État vue par l’ancien conseiller immigration de Sarkozy. Un nouveau livre de Maxime Tandonnet, Au cœur du volcan, vient de paraître. L’auteur, haut fonctionnaire et inspecteur général de l’Administration au ministère de l’Intérieur est un spécialiste de l’immigration à laquelle il a consacré un livre. A ce titre il fut le conseiller aux Affaires intérieures et à l’Immigration de Nicolas Sarkozy, président de la République, pendant un peu plus de quatre ans. Il livre son témoignage sur une expérience qui fut exceptionnelle mais éprouvante. Tandonnet met en exergue la mollesse de nombreux ministres et les hésitations de son entourage de l’Élysée. Il pointe surtout la paralysie de la lutte contre l’insécurité et d’une véritable politique d’immigration due au « garrot » que constituent les médias, les institutions européennes, l’obstacle constitutionnel et surtout la magistrature.

Les larmes aux yeux et la lave au cœur

Tandonnet a noté ce qu’il voyait et entendait. Il livre son témoignage sur une expérience qui fut exceptionnelle. Mais au bout du compte, il n’y a pas que le lecteur à être éprouvé, l’auteur le fut, lui aussi, et terriblement. Comme il le dit : « Je ne pouvais pas une seconde imaginer ce que j’allais voir et vivre. »

Un Sarkozy sympathique mais sans méthode de travail

Eh bien oui, le personnage présidentiel qui ressort de ce témoignage est plutôt celui d’un homme direct, amoureux de Carla et capable de grandes gentillesses. Il se montre souvent naturel, chaleureux, simple et humain.

Son émotion personnelle face à des meurtres terrifiants comme celui de Laetitia Perrais, dix-neuf ans, martyrisée et tuée à Pornic par Tony Meilhon, multirécidiviste, ou l’affaire du saccage du lycée professionnel de Gagny par une bande de voyous dans un déchaînement de violence inouï paraît sincère. Ses colères contre le manque de réactivité face au fléau de la drogue ou les campements illégaux de nomades ne sont pas simulées. Ses visites nocturnes du 93 sont louables.

Mais c’est justement là que le bât blesse. Souvent plus que d’émotion, il s’agit d’émotivité. N. Sarkozy agit par réaction et décide avec impulsivité après des événements graves. Ceux-ci prennent le pas sur le long ou plutôt le moyen terme, étant donné la durée du quinquennat. Ce président est, au fond, arrivé au pouvoir avec de bonnes et nombreuses idées mais sans une véritable stratégie réfléchie de lutte contre l’immigration et l’insécurité. Il n’y eut pas une réelle programmation de mesures concrètes avec leurs modalités juridiques et administratives et un calendrier. Très fréquemment les décisions ne sont pas suivies d’effet ou se perdent dans l’inertie et la mauvaise volonté de l’entourage et des ministères. Comme à Grenoble il peut parler fort, mais l’action qui devrait suivre n’est ni réfléchie ni organisée. N. Sarkozy se targue beaucoup d’être un homme d’action et de volonté. Trop souvent il s’est agi de velléité.

Plus grave : une note du bas de la page 284 souligne que le pouvoir de décision est concentré à l’Élysée. Or c’est bien à Matignon que se trouve l’appareil du gouvernement. La présidence arrête tous les choix importants mais ceux-ci ne sont pas formalisés et tombent dans l’oubli. De la sorte l’autorité gouvernementale est neutralisée et paralysée. L’hyperactivité du chef de l’État détruit l’efficacité et l’autorité de celui-ci.

Le constat : la politique d’immigration ne marche pas

C’est le président lui-même qui, en juillet 2010, trois ans après son élection, le constate tristement :

« Le sentiment des Français est que la politique de l’immigration ne marche pas. »

Certes, de bonnes choses furent décidées et faites

Il ne serait pas objectif de ne pas souligner les efforts et les réussites :

  • la nomination d’inspecteurs des services fiscaux dans les cités sensibles, que le chef de l’Etat imposa contre vents et marées, s’est révélée comme une des mesures les plus efficaces contre le trafic de drogue, de même que la création des GIR, les Groupes d’intervention régionaux pour lutter contre la criminalité ;
  • les peines planchers contre les récidivistes ;
  • la loi anti-bandes et la police d’agglomération dont M. Tandonnet dit avec une certaine fierté qu’elle est sortie de son imagination et de son expérience du terrain ;
  • la loi du 11 octobre 2010 qui interdit le port de la burqa ;
  • la nomination du préfet Lambert dans le 93.

Notons toutefois qu’il s’agit pour la plupart de mesures qui visent plus l’insécurité, c’est-à-dire la conséquence, que l’immigration à proprement parler.

Mais il y eut aussi des décisions contestables

Retenons deux exemples :

  • entre 2007 et 2012, il y eut 10.700 suppressions de poste de CRS et de gendarmes ;
  • en 2010, à l’initiative d’Eric Besson, le projet de loi sur l’immigration a supprimé le « délit de solidarité » sanctionnant les associations qui aident les migrants en situation illégale, même en l’absence d’un but lucratif.
Trop de projets n’eurent pas de suite ou firent long feu

La liste des projets qui n’eurent pas de suite est impressionnante :

  • le projet des tests ADN en matière d’immigration fut abandonné après s’être heurté à une tempête médiatique d’une violence inouïe ;
  • le projet d’instituer des quotas ou plafonds d’immigration ne dépassa pas l’intention ;
  • la transformation du fichier EDWIGE en EDVIRSP ;
  • la reconduite des migrants du Calaisis dans leur pays d’origine par vols collectifs ;
  • le débat sur l’identité nationale lancé par Eric Besson ;
  • l’installation de la vidéo-protection dans les communes.
Des idées ou des projets importants sont arrivés trop tard

Il paraît incompréhensible que des projets aient été formulés si tard dans le quinquennat.

  • C’est le cas de la loi sur l’immigration qui permettait des avancées comme rendre le regroupement familial et les mariages mixtes plus difficiles. Mais pourquoi avoir attendu 2011, à un an de l’élection présidentielle ?
  • Des idées importantes n’ont trouvé leur place que dans le programme électoral de la campagne présidentielle en janvier 2012 : réduction du flux migratoire de moitié, possible sortie de Schengen, référendum sur l’immigration illégale.
L’inacceptable a été trop souvent accepté

Le constat, forcément partiel et incomplet, est accablant ; en réalité, angoissant :

  • L’AME n’a pas été remise en cause ; un ticket modérateur a été seulement maintenu, avec beaucoup de mal d’ailleurs ;
  • Les violences se sont succédé sans qu’une véritable réponse de fond soit apportée : émeutes de Villiers-le-Bel, agressions antisémites, campements sauvages d’Afghans dans le Calaisis, saccage du lycée professionnel de Gagny, chaos et anarchie à la Courneuve, agressions d’autobus à Tremblay-en-France à la suite du démantèlement d’un trafic de drogue, etc. ;
  • La question des nomades fut lancinante : campements illégaux, émeute à Saint-Aignan-sur-Cher ;
  • Toujours subir : en 2010 on apprend, par le directeur du ministre de l’Éducation nationale, que chaque année les écoles du 93 reçoivent 3.000 enfants supplémentaires dont on ne sait d’où ils proviennent, probablement de l’immigration illégale. Ce phénomène impose l’ouverture d’une centaine de classes spécialisées supplémentaires ;
  • Le 22 juin 2010, le préfet du 93 fit à l’Élysée un tableau apocalyptique de la situation du département : quartiers soumis à l’économie parallèle et au trafic de drogue, familles dont les seules ressources sont les prestations sociales et la criminalité, profusion d’armes de guerre, arrivées massives de migrants clandestins, etc., etc., etc. ;
  • On compte, pour seulement Paris, 11.400 délinquants en circulation qui sont fichés plus de 50 fois au Système de traitement des infractions constatées (STIC) ; il existe même le cas d’un individu enregistré 85 fois ;
  • Autres exemples de dérives sans réaction d’un niveau approprié : la hausse vertigineuse des demandes d’asile, les écoles coraniques qui accueillent des centaines d’enfants et échappent à tout contrôle de l’Éducation nationale, faux étudiants qui occupent les logements du CROUS, drapeau français bafoué et insulté à la FNAC, occupation du parvis de l’Opéra Bastille par des centaines de sans-papiers, etc.

Alors pourquoi cette situation qui ne date pas de l’arrivée à l’Élysée de Nicolas Sarkozy mais qui, en revanche, a empiré de 2007 à 2012 malgré les bonnes intentions et quelques indéniables efforts ? La réponse se trouve à la tête de l’État et chez les interlocuteurs de celui-ci : médias, Europe, pouvoir des juges.

Un pouvoir dont la tête est fragile

Un chef de l’État perméable aux modes idéologiques

Au cœur du volcan livre des exemples de perméabilité du chef de l’État au politiquement correct et aux modes idéologiques. Il en va ainsi de la diversité et de la nécessité absolue de promouvoir des Noirs, aspects sur lesquels il insiste sous l’effet Obama à la suite de l’élection de celui-ci en 2008.
Cette sensibilité à l’air du temps, en contradiction avec les priorités de 2007 axées sur l’identité, l’égalité et l’unité de tous les Français, eut son apothéose lors de son grand discours à l’Ecole polytechnique lorsqu’il proclama :

« J’ose le dire, contre tous les tabous, tous les conservatismes, oui, la France est une République métissée. »

Cette perméabilité s’est retrouvée dans la main tendue à des personnalités de l’opposition au nom de l’ouverture. L’ « envoûtement » pour Malek Boutih, ancien président de SOS Racisme, fut symptomatique. Georges-Marc Benamou fut conseiller culture et communication pendant dix-huit mois. Bernard Kouchner fut ministre des Affaires étrangères à un poste où il eût fallu un personnage compétent et influent au plan international. Fadela Amara, Martin Hirsh, Eric Besson furent d’autres perles du collier politiquement correct de N. Sarkozy. Comment s’étonner des problèmes de constitutionnalité avec la nomination de Michel Charasse au Palais Royal ? Le comble fut la nomination de Frédéric Mitterrand à la Culture. Et M. Tandonnet, de visite au QG de campagne du candidat Sarkozy en 2012, releva la présence d’Arno Klarsfeld qualifié de spécialiste de l’immigration !

Tout ce petit monde s’est révélé d’une loyauté éminemment fluctuante.

La pusillanimité des ministres

Pour réussir une véritable politique d’immigration il eût fallu que Nicolas Sarkozy disposât d’équipes ministérielles déterminées à atteindre des objectifs clairement définis dès le départ, compétentes, courageuses et résolues à ne pas plier devant les hurlements du politiquement correct : médias, associations, etc. Ce ne fut visiblement pas le cas :

  • C’est l’ineffable ministre de la Santé Bachelot qui, en 2008, défendit avec véhémence l’AME : « Nous aurons tout le monde associatif et les Églises sur le dos. » Une politique ferme, oui, si elle est menée par les autres, mais pas celle qui risquerait de la clouer au pilori médiatique !
  • Sur l’antisémitisme Maxime Tandonnet est « effaré par l’extrême médiocrité de la séance de travail » consacrée à ce problème au terme de laquelle aucune décision ne fut prise ;
  • Lorsqu’en 2009 Claude Guéant demanda la création de la « Carte nationale d’identité » électronique pour lutter contre « l’usurpation d’identité », c’est Michèle Alliot-Marie qui craignit une nouvelle polémique dans laquelle elle aurait été accusée de « vouloir ficher les Français » ;
  • Face à la situation dans le Calaisis, Claude Guéant voulut organiser des vols groupés comme le font les Britanniques. Bernard Kouchner renâcla et, en compensation, voulut délivrer des visas aux étudiants et interprètes afghans. Ce fut au tour du secrétaire général de s’énerver : « On va créer de nouvelles filières d’immigration ». Le président donna raison à Kouchner. Comme l’indique M. Tandonnet, tout se passa exactement comme le secrétaire général l’avait prévu ;
  • Maxime Tandonnet plaida pour la nomination à la tête de l’INED de François-Gérard Dumont considéré comme conservateur. Il n’obtint pas gain de cause car Matignon et les cabinets ministériels firent un tir de barrage contre lui ;
  • En décembre 2009, lors d’une réunion sur la burqa qui réunit de nombreux ministres et le président, Michèle Alliot-Marie se prononça contre l’interdiction générale de ce couvre-chef qui donna pourtant lieu à une loi en 2010 ;
  • Au cours du débat sur l’identité nationale, Henri Guaino prit position contre les statistiques ethniques au nom de la République. En revanche, E.Besson proposa de mettre en place un système de certificat distribué à chaque contrôle de police, « de manière à éviter l’impression de harcèlement que ressentent les jeunes » ;
  • Quant à François Fillon, la seule chose qui l’intéressa dans l’affaire des campements illégaux c’est que l’on ne confonde pas les Roms et les gens du voyage. La belle affaire ! Il est vrai que E. Besson avait décidé de les baptiser du doux nom de PRISTI : « Populations roumaines itinérantes en situation irrégulière ».

Dans certains cas les prises de position de certains ministres ont confiné à la trahison envers la politique du chef de l’État :

  • Ce fut le cas de Fadela Amara qui, en pleine tempête médiatique contre les tests ADN, qualifia ces tests de « dégueulasses » ;
  • Éric Besson, quant à lui, annonça publiquement qu’il n’appliquerait pas le décret de mise en vigueur des tests ADN, pour lesquels Brice Hortefeux s’était démené au prix d’une immense polémique. Le jour même, N. Sarkozy, qui recevait des députés de son bord, défendit la taxe carbone mais jugea les tests ADN « inutilement provocateurs ». Dans cette affaire capitale c’est le chef de l’État qui trahit allégrement son ministre de l’Intérieur et ami personnel.

Il est vrai que Nicolas Sarkozy, lui-même, a donné le mauvais exemple en désavouant devant 25 représentants du monde associatif le préfet de région d’Orléans qui faisait son devoir en reconduisant à la frontière une jeune Marocaine qui voulait rentrer dans son pays ou en sanctionnant durement le préfet Langlade qui avait perdu son sang-froid en raison de lenteurs d’embarquement à Roissy.

La faiblesse et les dérobades des diplomates

Une mention particulière doit être dédiée aux diplomates :

  • Lors d’une réunion sur les Afghans de Calais, la directrice de cabinet de la secrétaire d’État aux Droits de l’homme affirma que le MAE s’opposera à toute expulsion sans l’accord du Haut Conseil aux réfugiés (HCR) : « Les Droits de l’homme, c’est la dignité de la France ». Et M. Tandonnet de rappeler à la péronnelle : « Et les campements insalubres, le froid, les enfants dans la boue, les viols, les agressions, la jungle, c’est aussi la dignité de la France ? »
    Il est vrai que l’auteur entendit un diplomate reprocher un jour à une Madame Michu virtuelle « qu’elle n’a rien compris au processus de restructuration planétaire en cours » et de « ne pas supporter de voir un squat de réfugiés s’installer sur son trottoir » !
  • En 2010, Nicolas Sarkozy, constatant que les pays d’origine refusaient de délivrer des laisser-passer consulaires, documents sans lesquels aucune expulsion n’est possible, s’énerva et demanda d’organiser une réunion avec les consuls auxquels il s’adresserait personnellement. Deux semaines après, l’auteur apprit que cette réunion, formellement exigée par le président et inscrite dans un calendrier, avait été annulée. La cellule diplomatique de l’Élysée, craignant une atteinte à « la grande diplomatie de la France », avait souhaité l’annulation de cette réunion pourtant vitale pour la maîtrise de l’immigration et sacrifiée au confort relationnel des diplomates ;
  • C’est aussi un membre de la cellule diplomatique qui déclara à Maxime Tandonnet qu’une décision fondamentale avait été prise et que la liberté de circulation avec l’Algérie allait être instaurée avec la fin des visas et la suppression des obstacles à l’arrivée des Algériens en France ! Et Schengen (pour une fois l’Europe servit à éviter un déferlement) ? Et la politique de maîtrise des flux migratoires du président ? Le diplomate n’y avait pas pensé.
Les timidités de l’entourage

Le manque de fermeté, de constance et de fidélité aux options politiques et à la ligne du chef de l’État est frappant, même dans l’entourage du président à l’Élysée.

  • La conseillère technique pour le Sport demande à faire naturaliser deux athlètes africains afin de pouvoir les sélectionner dans l’équipe de France aux Jeux olympiques de Pékin. M. Tandonnet rappelle l’existence de critères légaux pour devenir français. Colère de la conseillère. Qu’importe la politique de notre pays pourvu qu’il y ait des médailles en chocolat ! Elle eut gain de cause ;
  • Il est arrivé à Claude Guéant lui-même, pourtant réputé pour être un dur sur le sujet de l’immigration, de mollir sur des sujets importants : les tests ADN, la réduction du flux migratoire.

Le jour où l’auteur, à la suite du fameux discours de Grenoble, constata contre l’opinion générale que la déchéance de nationalité existait en droit français, il en référa au secrétaire général. Mais celui-ci se montra dubitatif et peu convaincu. Pourtant n’est-ce pas aujourd’hui une piste indispensable face à l’islamisme ?

  • Lors d’une réunion sur la sécurité en milieu scolaire, il fut question d’une suspension des allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire. La représentante du cabinet du président, major de l’ENA, membre du Conseil d’État, fut en désaccord profond et refusa de confier une telle responsabilité aux préfets. Elle était de sensibilité centriste. Encore une erreur de casting !

En définitive, ce passage en revue ne permet pas de faire ressortir beaucoup de personnalités d’envergure derrière le chef de l’État. Margaret Thatcher s’est plainte de ne pas avoir trouvé les 5 ou 6 hommes dont elle aurait eu besoin pour aller au bout de sa politique. N. Sarkozy aurait pu dire la même chose, à ceci près que du fait de sa versatilité il y avait souvent des alternatives !

Le verrouillage

En décembre 2009, M. Tandonnet participa à trois réunions aussi déprimantes les unes que les autres, assorties d’un constat d’échec :

« On ne peut rien faire. Où que l’on tourne la tête, tout est verrouillé. »

Verrouillé par quoi ? Par les médias, l’Europe, la constitutionnalité, les magistrats et l’esprit d’abandon.

Les médias

Les médias ont toujours haï Nicolas Sarkozy. Organes de propagande servis par des journalistes furieusement à gauche pour la plupart, ils s’en sont donné à cœur joie sur la politique d’immigration et l’insécurité :

  • La tempête médiatique sur le projet de tests ADN fut d’une violence extrême. Il fut question en vrac de purification de la race, de néopétainisme, de science asservie à la xénophobie, d’eugénisme, de pratique nazie et de Statut des juifs, etc. Personne du côté du gouvernement n’a fait valoir aussi fort un droit de réponse qui eût consisté à rappeler que toutes les grandes démocraties du monde ont recours à ces tests : la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, le Canada ;
  • La presse fut particulièrement abjecte lorsqu’elle considéra comme inadmissible au nom de la laïcité de porter secours aux chrétiens d’Orient et d’Irak et de les accueillir en France ;
  • Lors d’une grande réunion européenne à Cannes sur le Pacte européen pour l’immigration, l’AFP dénonça « l’Europe bunker ». Le rôle d’une agence de presse était-il de faire de l’idéologie et de la propagande ?
  • Enfin, le scandale médiatique déclenché par le discours de Grenoble du 30 juillet 2010 fut gigantesque. La cause de ce discours : un malfaiteur maghrébin tué par des policiers en état de légitime défense et l’embrasement de tout un quartier aurait beaucoup plus mérité ce tollé. Quant au président de la République, il avait parlé de « Français d’origine étrangère et de déchéance de nationalité ». Cela avait suffi pour provoquer cette bronca médiatique.

Qu’on le veuille ou non les médias s’opposeront de toute leur force à une politique nationale.

L’Europe

Du point de vue de l’immigration l’Europe est une passoire. Mais, pour un pays qui veut lutter contre ce phénomène, elle constitue une barrière particulièrement haute et efficace :

  • Lorsque Brice Hortefeux présida la Conférence européenne sur l’intégration à Vichy en 2008, on n’y parla que de « fertilisation de cultures », de vote des étrangers, de citoyenneté européenne, de non-discrimination, d’idéologies xénophobes et totalitaires et autres balançoires, ce qui résume bien le climat mental de l’Union européenne sur le sujet ;
  • Le 6 octobre 2009, M. Tandonnet constata que la Cour européenne des droits de l’homme avait annulé toutes les décisions de reconduite des migrants clandestins évacués du Calaisis vers l’Afghanistan. Trois cents migrants avaient été interpellés. Les juges des libertés en firent relâcher 270. Il en restait 30 mais la Cour de Strasbourg a interdit leur expulsion : un fiasco ;
  • Le nombre de demandeurs d’asile explose ? C’est inévitable car la France est tenue par la Convention de Genève et par le droit européen. Les accords de Schengen interdisent à la France de contrôler ses frontières. N. Sarkozy a eu la velléité de rétablir les contrôles aux frontières européennes en cas d’afflux migratoire illégal mais s’est heurté aux réticences de la Commission européenne qu’il n’a pas pu ou voulu surmonter ;
  • Dans l’affaire des Kurdes débarqués en Corse et qui disparurent dans la nature, c’est Frontex, la police européenne des frontières, censée patrouiller en Méditerranée, qui était impliquée. De l’avis général, Frontex est un échec complet ;
  • L’Europe n’a rien fait pour régler le problème des Roms. Cela n’empêcha pas Madame Reding, commissaire luxembourgeoise à la Justice et virago, d’accuser la France de discrimination à leur l’égard alors que les évacuations de campements illégaux étaient fondées sur des décisions de justice, et de comparer la politique française dans ce domaine au génocide des juifs ;
  • En 2011 Cecilia Malmström, commissaire suédoise à l’immigration, exigea que la France accueille les dizaines de milliers de Tunisiens débarqués clandestinement en Italie. Il est vrai que le gouvernement de Berlusconi avait décidé de distribuer des sauf-conduits à ces migrants en situation illégale pour leur permettre de venir en France ! Belle solidarité européenne !

En réalité tant que la France sera liée par les traités européens et sera soumise à la Cour européenne des droits de l’homme et à la Cour de justice de l’Union européenne, elle ne sera pas en mesure de mettre en application une véritable politique d’immigration.

L’obstacle constitutionnel

Notre pays connaît un verrouillage intérieur pour les problèmes d’immigration : l’obstacle constitutionnel. Celui-ci prend deux formes : les sanctions du Conseil et la prudence et l’autocensure à laquelle il contraint les gouvernements :

  • Dès la fin de 2007 le projet d’instituer des quotas et des plafonds d’immigration a été formulé. Mais pour cela il fallait modifier la Constitution et disposer d’une majorité des trois cinquièmes au Parlement ou lancer un référendum, ce qui ne se fait pas sans appréhension. Une étude fut confiée à Pierre Mazeaud, ancien président du Conseil constitutionnel, qui rendit d’ailleurs des conclusions défavorables ;
  • Toute mesure contre les écoles coraniques, qui, sans aucun contrôle, procèdent à un travail d’endoctrinement et de radicalisation, pourrait être considérée comme portant atteinte aux libertés de culte et d’éducation et être jugée inconstitutionnelle ;
  • Devant des sénateurs de la majorité, N. Sarkozy a rappelé en 2010 qu’il avait demandé un vote sur « la rétention de sécurité » pour pouvoir maintenir enfermé un dangereux délinquant sexuel à l’issue de sa peine de prison. C’est au nom des droits de l’homme mais visiblement pas de ceux des enfants et des victimes que le Conseil constitutionnel interdit d’appliquer cette mesure ;
  • Dans certains cas l’obstacle constitutionnel dissuada de lancer des mesures sans examen attentif. Ce fut le cas pour la déchéance de nationalité. C’est après le discours de Grenoble que M. Tandonnet eut l’idée de faire une recherche juridique pour s’apercevoir qu’en fin de compte la déchéance de nationalité existait en droit français avec des conditions. Ce ne fut pas pris en considération.

Il n’y aura pas de politique d’immigration et de lutte contre l’insécurité sans une grande réforme constitutionnelle.

La magistrature

L’obstacle constitué par la magistrature à tous les niveaux et sous toutes ses formes apparaît difficilement franchissable pour une politique ferme d’immigration et de lutte contre l’insécurité :

  • Le double contrôle des reconduites à la frontière par le juge des libertés et le juge administratif complique considérablement l’éloignement des migrants illégaux. Une décision sur cinq est appliquée ;
  • Les 120 migrants clandestins qui ont débarqué dans le sud de la Corse en 2010 ont bien été interpellés par la police : ils ont été aussitôt relâchés par les juges des libertés ;
  • Sur treize agresseurs du lycée de Gagny interpellés par la police, un seul fut placé en détention. Tous les autres furent relâchés. Maxime Tandonnet narre comment, lors d’une réunion portant sur cette affaire, le représentant du ministère de la Justice ne se montra attaché qu’à l’indépendance des juges des libertés et manifesta sa complète indifférence aux victimes d’une agression d’une rare barbarie ;
  • En 2011 un homme a été interpellé à Sevran après avoir ouvert le feu sur les policiers à la kalachnikov ; il a aussitôt été relâché, le juge estimant qu’il tirait en l’air !!!
  • Au Trocadéro, deux compagnies de CRS sont mobilisées pour lutter contre les vendeurs à la sauvette. On a saisi 19 tonnes de petites tours Eiffel et arrêté plusieurs des contrevenants ; ceux-ci ont été immédiatement libérés.

Comme le constate amèrement Michèle Alliot-Marie, les juges relâchent systématiquement les délinquants. C’est d’ailleurs ce que ressentent la plupart des Français :

  • De nombreux migrants entrés en France comme étudiants sont installés dans des logements du CROUS et y font venir leur famille. Que faire ? Les pousser dehors ? La justice donnerait tort à l’État, annulerait les expulsions et le condamnerait aux dommages et intérêts aux squatters. On ne peut rien faire ;
  • Le chef de l’État brandit un document d’une page que M. Tandonnet lui a communiqué : un étranger, en situation irrégulière, viole deux fois. Il est condamné à onze ans de prison. On le relâche au bout de sept ans, sans le reconduire à la frontière. Il agresse sexuellement une jeune fille dans un hall d’immeuble. Il est placé en détention provisoire mais n’est pas expulsé. Aussitôt libéré, il commet un nouveau viol. Cela fait dix ans que ça dure. N. Sarkozy conclut : « Quand on voit une chose pareille, on se dit qu’il n’y a plus d’État, plus de République ! »
  • Le chef de l’État fut particulièrement ému par l’affaire de la malheureuse Laetitia Perrais massacrée par un nommé Tony Meilhon. Celui-ci, condamné à quatorze reprises, pour affaires de viol et de violence avec arme, était sorti de prison un an auparavant, après onze ans de prison, et devait faire l’objet d’un régime de mise à l’épreuve, avec suivi des obligations qui lui étaient imparties et personne n’avait réagi. Le dossier avait sombré dans l’oubli et la négligence. Mais les juges n’ont toléré aucun reproche et le font payer cher aujourd’hui à l’ancien président.
L’esprit d’abandon

Il est clair, à la lecture de ce témoignage, que l’entrave la plus contraignante pour sortir de ce carcan se trouve dans la mollesse des esprits et des cœurs. Tout ce qui a été décrit ci-dessus montre abondamment le manque de courage et de détermination de trop nombreux acteurs, que ce soit au plus haut niveau à l’Élysée, parmi les ministres ou dans les ministères. Tout est bon pour ne pas affronter les suites et les conséquences d’une action politique ferme. Un tel comportement de la part de la tête de l’État ne peut qu’induire le délitement moral du corps social et sa lâcheté face aux difficultés et aux épreuves.

Cette lâcheté devient bassesse lorsque des institutions se comportent comme l’Église qui ne sanctionne pas un prêtre qui déclare qu’il prie pour que le chef de l’Etat ait une crise cardiaque ou l’Education nationale dont un professeur se venge sur la fille d’un conseiller de l’Élysée par des zéros pointés

Conclusion

Les médias, l’Union européenne, l’obstacle constitutionnel et surtout la magistrature verrouillent la situation actuelle et aboutissent à un blocage complet de toute politique efficace de l’immigration et de lutte contre l’insécurité. Maxime Tandonnet a fini par ouvrir un blog sur lequel, en avril 2011, il fit paraître une note « assez audacieuse » destinée au président. Il y pointait la paralysie de la lutte contre l’immigration illégale, liée à une prolifération de décisions juridictionnelles de la Cour de justice européenne, du Conseil constitutionnel, du Conseil d’État et de la Cour de cassation. Son billet s’appelait le « garrot ». Il fit scandale.

Comme beaucoup, Maxime Tandonnet préconise le référendum comme solution de nature à imposer une autorité supérieure aux tribunaux. Ce sera indispensable pour modifier la Constitution et lancer une véritable politique d’immigration et de rétablissement de l’État de droit. Il faut espérer que ce recours sera suffisant pour sortir du carcan européen, ce qui impliquerait de dénoncer des traités dont certains sont fondateurs de l’Union européenne. Et ce ne sera pas un référendum qui fera taire les médias de propagande.

Quels politiques ont aujourd’hui, en France, la stature, la fermeté d’âme et la détermination de nature à ne pas inspirer un autre Au cœur du volcan en 2022 ? Alain Juppé, François Fillon ou Nicolas Sarkozy sont des hommes de l’échec, largement responsables de la situation de notre patrie. Alors une femme saura-t-elle montrer ces vertus ?

André Posokhow
23/10/2014

Maxime Tandonnet, Au cœur du volcan. Carnets de l’Élysée 2007-2012, Flammarion 2014, 384 pages.

André Posokhow

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