Par Johan Hardoy ♦ Dans ce texte, Johan Hardoy évoque un ouvrage consacré à Jeanne d’Arc, sainte patronne de la France et figure majeure de son histoire. Nous publions ce texte plein d’espoir en ce jour de Noël, fête symbolisant le renouveau, tant chez les Catholiques que chez les Français et les Européens de manière générale, quel que soit leur rapport à la religion chrétienne. Joyeux Noël à tous !
Polémia
En cette période de doutes sérieux sur l’avenir de notre pays, un ex-officier supérieur de l’armée de Terre, Aymeric de Maleissye, publie un livre passionnant qui appréhende l’Histoire à partir d’une fervente perspective catholique : Jeanne d’Arc – Pourquoi Dieu choisit la France (Éditions Via Romana, 160 pages, 23 euros).
Pour ce chantre de la France chrétienne, le cours des événements relève davantage de la dimension spirituelle que de variables matérielles. Ainsi, le déroulement des faits survenus entre 1429 et 1431 s’explique avant tout par « une faveur de Dieu » accordée à une « jeune fille simple, douce, humble » en vue de sauver la monarchie capétienne de droit divin.
L’auteur souligne également que « la compréhension de l’épopée johannique et de sa place dans l’histoire de France nous feront constater que Jeanne d’Arc est plus que jamais une sainte d’actualité, qui adresse à la France et au monde entier un message d’espérance ».
Un cas unique dans l’Histoire
Au XVe siècle, la France « a bénéficié d’une faveur particulière telle qu’aucun autre pays au monde n’en a reçue et n’en recevra peut-être jamais ».
En effet, toutes les thèses rationalistes demeurent impuissantes « devant le mystère de la Pucelle », son charisme extraordinaire et ses réussites étonnantes dans ce qu’elle nommait une guerre juste.
Au cours de ses trois années de vie publique, une très jeune paysanne peu instruite – a priori la personne la moins apte à remplir une mission qu’elle a pourtant accomplie puisque Charles VII a été sacré à Reims en 1429 – a démontré des talents exceptionnels de chef de guerre (face à une armée anglaise jusqu’alors invincible), de femme politique avisée (malgré l’hostilité de hauts personnages dans l’entourage du roi) et de rhétoricienne hors pair lors du procès de Rouen.
[NDLR : cette dernière qualité amenait Robert Brasillach à considérer les répliques à ses accusateurs comme « le plus émouvant et plus pur chef-d’œuvre de la langue française ».]
Fort de son expérience militaire, Aymeric de Maleissye se penche de façon détaillée sur les batailles qu’elle a menées et se montre admiratif de son excellence tactique et stratégique, d’ailleurs pleinement reconnue tant par les chefs de guerre de l’époque que par les professionnels qui se sont intéressés plus tard à la question.
Gesta Dei par Francos
En examinant les grandes étapes de l’existence de celle qui affirmait que Dieu seul était sa force et qui sera ultérieurement canonisée, l’auteur observe que « tout dans sa vie se passe comme si les événements s’imposaient à elle pour la configurer à Jésus, d’une façon que Dieu lui-même paraît rendre évidente pour qui veut bien considérer le cours de sa vie dans sa totalité ».
Pour Jeanne d’Arc, « la France appartient à Dieu et Jésus est son Roi », Charles VII n’en étant que le lieutenant à partir de son sacre (elle le nommait auparavant « Gentil Dauphin »). Le Christ est roi de l’Univers et de toutes les nations, mais « le Saint Royaume de France est mis à part pour appartenir à Dieu », sous la protection de saint Michel et de la sainte Vierge.
En conséquence, la destinée de Jeanne « s’explique dans un plan divin qui révèle la fidélité de Dieu à l’égard de la Fille aînée de son Église ».
Se pose alors une question d’importance : « Pourquoi Dieu interviendrait-Il directement dans l’Histoire de France ? »
Selon Aymeric de Maleissye, la réponse relève d’une certaine évidence pour tout croyant : « Oui, Dieu peut prendre parti. Il l’a fait avec Israël. Tout l’Ancien Testament le raconte. »
Il précise que cette prédilection divine existait dès la Gaule romaine, avant la christianisation, car c’est là que Dieu, selon la tradition, a envoyé les membres persécutés de la famille de Béthanie qui avaient accueilli Jésus : « Ils accostèrent dans le sud de la France, en Provence, première terre française à recevoir l’Évangile, puis se répandirent dans le pays, poussés par l’Esprit Saint. »
Le baptême de Clovis, oint de l’huile de la Sainte Ampoule apportée à saint Remi par une blanche colombe, ou encore la grandeur du « siècle de Saint Louis », manifestent cette vocation particulière destinée, « sous la direction spirituelle du pape », à « proclamer à la face du monde la royauté du Christ ».
Dans les temps modernes, « la consécration par Louis XIII de la France à Marie eut pour effet de faire du siècle de Louis XIV le plus grand siècle de rayonnement de la France ».
Lors des événements révolutionnaires, « Louis XVI consacra la France et la famille royale au Sacré Cœur peu avant de mourir sur l’échafaud ».
« À cet amour des Français, Marie a répondu par le sien pour la France. En témoignent les nombreuses apparitions et révélations de la Mère de Dieu en France, qui en font la terre de prédilection de la Vierge. (…) À chaque fois, la sainte Vierge adresse au monde et à la France en particulier un message de conversion. »
Cette prédilection divine perdure-t-elle ?
Durant la Monarchie, « le pacte séculaire entre la France et Dieu » a été remis en cause après les règnes de Philippe IV le Bel (dont l’opposition au pape allait entraîner le gallicanisme), d’Henri II (qui avait poursuivi la politique de son père, François Ier, en favorisant la Réforme et en pactisant avec les mahométans en Méditerranée) et de Louis XV (dont le règne fut marqué par la diffusion de courants de pensée hostiles au catholicisme), ce qui amena « l’interruption à trois reprises de la succession dynastique, suivie à chaque fois de longues périodes de troubles politiques, massacres et destructions ».
Par la suite, la philosophie des Lumières, la Révolution puis la République laïque ont remis en cause ce pacte, bien que, comme le disait saint Pie X en 1905 : « Dieu garde pour la France sa prédilection. »
Aujourd’hui, la France, qui « mérite d’être appelée enfant prodigue, obstinée à dilapider son héritage », voit s’accumuler sur elle « les malheurs et les nuages noirs » : déclassement à l’échelle du monde, déclin démographique, transformations profondes des équilibres humains, montée des violences sociales, endettement vertigineux, effondrement de la pratique chrétienne et des vocations religieuses, destruction du modèle familial chrétien, dérives sociétales…
D’où une seconde question : « Dieu aurait-Il encore aujourd’hui des raisons d’entrer de façon aussi claire et directe dans la destinée de ce pays ? »
Là encore, la réponse de l’auteur est positive : l’espérance demeure pleinement car si la France est infidèle à Dieu, ce qui l’expose à la justice divine, elle ne l’a pas pour autant rejeté. Elle est donc « appelée à une nouvelle conversion » et sera finalement sauvée, après une descente « jusqu’au fin fond de l’abîme (…), car le Bon Dieu interviendra par la sainte Vierge », comme l’a prophétisé la mystique Marthe Robin en 1936.
Aymeric de Maleissye considère ainsi que la résurrection de Lazare, relatée dans l’Évangile de Jean, pourrait constituer une parabole de la régénération à venir d’une France chargée de « porter au monde le message de la royauté du Christ ».
En attendant cet avenir radieux, il prône à ses compatriotes « de ne pas déserter le champ de bataille » et de s’inspirer de la parole de Jeanne : « En nom Dieu, les gens d’armes batailleront et Dieu donnera la victoire ! ».
Johan Hardoy
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