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Chemnitz. Un responsable du renseignement allemand écarté pour avoir démenti les rumeurs de chasses aux migrants

Chemnitz. Un responsable du renseignement allemand écarté pour avoir démenti les rumeurs de chasses aux migrants

par | 12 novembre 2018 | Europe

Chemnitz. Un responsable du renseignement allemand écarté pour avoir démenti les rumeurs de chasses aux migrants

Par François Stecher, correspondant en Allemagne de Polémia ♦ C’était l’une des plus grosses fausses nouvelles de ces dernières années en Allemagne. Les médias et les autorités allemandes avaient évoqué des chasses à l’homme contre des migrants menées par des militants d’extrême droite après un énième meurtre d’Allemand commis par un migrant à Chemnitz.
L’homme qui – au plus haut niveau de l’Etat – avait décidé de rompre le silence s’appelle Hans-Georg Maaßen, alors président du service de renseignement intérieur allemand.
S’il a récemment été écarté pour de bon après d’interminables tractations politiques, nous vous proposons ici la traduction des éléments les plus importants de son discours prononcé en prenant congé du club de Bern.
La traduction a été réalisée par François Stecher, notre fidèle correspondant en Allemagne.
Polémia


« Chers collègues,

Je souhaite aujourd’hui prendre congé, après avoir été des vôtres pendant plus de six ans. (…)

Les présidents des trois partis qui, en Allemagne, constituent la coalition de gouvernement, Madame Merkel (CDU), Monsieur Seehofer (CSU), et Madame Nahles (SPD), ont convenu le 23 septembre dernier que je devais être démis de mes fonctions en tant que président du Service Fédéral de Protection de la Constitution (Bundesverfassungsschutz). Ainsi s’est terminée une crise gouvernementale en Allemagne. La SPD avait menacé de rompre la coalition si je restais en fonction.

La cause de cette crise de gouvernement était le fait que, dans une interview accordée au plus grand quotidien allemand « Bild-Zeitung », j’avais mis en doute, le 7 septembre, la véracité de rapports diffusés par des médias et des politiciens à propos de « chasses à l’homme » ou de « pogroms » qui auraient eu lieu à Chemnitz.
Le 26 août 2018, un Allemand a été tué à Chemnitz par des demandeurs d’asile. Le jour-même, des manifestations ont eu lieu à Chemnitz contre la politique migratoire du gouvernement fédéral, auxquelles ont pris part des citoyens normaux, mais aussi des extrémistes de droite. A cette occasion, des infractions isolées ont été commises.

Le jour suivant comme les jours qui suivirent, ce n’est pas le meurtre qui a suscité l’intérêt des politiques et des médias, mais des « chasses à l’homme contre les étrangers » perpétrées par des extrémistes de droite. Selon les informations de la police locale, du parquet, de la presse locale, du ministre-président du Land et de mes services, ces « chasses à l’homme » n’avaient pas eu lieu. Elles étaient purement imaginaires.

J’ai vécu nombre de choses en matière de manipulation médiatique en Allemagne et de désinformation d’origine russe. Que des politiciens et des médias inventent purement et simplement, ou à tout le moins répandent sans vérification cette fausse information, cela a été pour moi le signe d’une nouvelle étape dans la propagation de fausses nouvelles en Allemagne.

Au cours de la semaine qui suivit, je ne me suis exprimé qu’en quatre phrases auprès du « Bild-Zeitung » sur cela, dans lesquelles je constatais que selon les informations de toutes les autorités compétentes, il n’y avait eu aucune « chasse à l’homme » de cette nature commises par l’extrême droite. La semaine suivante, devant la commission compétente du parlement, j’énonçais clairement le fait que le combat contre l’extrême droite ne pouvait justifier que l’on invente des infractions à lui imputer. Les médias comme les politiciens écologistes et de gauche, qui se sentaient pris par moi la main dans le sac de leurs « Fake News », exigèrent dès lors ma démission.

C’était l’occasion rêvée pour les éléments de la gauche radicale au sein de la SPD, qui depuis le début étaient hostiles à une coalition avec la CDU/CSU, de provoquer la rupture de la coalition de gouvernement. Comme je suis connu en Allemagne pour être critique d’une politique des étrangers et de sécurité idéaliste, naïve et de gauche, c’était également pour mes adversaires politiques et pour certains médias une bonne occasion de me pousser dehors. (…)

Le ministre fédéral de l‘Intérieur Seehofer, qui m’a beaucoup soutenu, ainsi que ma position, dans cette confrontation, et pour cela a eu à subir lui-même la critique virulente des médias, souhaite me conserver sous ses ordres comme conseiller. Dans quelles conditions cela pourrait se faire devra être éclairci dans le détail dans les semaines qui viennent. Dans tous les cas, je peux imaginer une vie hors du service de l‘État, par exemple en politique ou dans le monde de l’entreprise. Je n’aurais jamais pensé que la peur que je pouvais inspirer, comme celle de la vérité, causerait une telle panique et et une telle hystérie dans une partie du monde politique et des médias, que quatre phrases de ma bouche suffiraient à déclencher une crise de gouvernement en Allemagne. (…)

Je vous remercie de votre attention ! »

Traduction par François Stecher
12/11/2018

Source : Correspondance Polémia

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