Marie Delarue, essayiste
♦ Le champ sémantique de la lâcheté est sans limites…
L’immigré, puis le « sans-papiers », puis le « réfugié » sont devenus, dans notre France contemporaine, le refuge de toutes les utopies.
Je m’explique.
Le « travailleur » n’existe plus que dans la bouche des descendants d’Arlette Laguiller, les lendemains qui chantent n’ont plus de voix, la Russie ex-soviétique et la Chine capitalo-communiste sont des machines à fabriquer des milliardaires et des pauvres, et la bourgeoisie française est désormais une classe de fonctionnaires à hauts revenus et de soixante-huitards enkystés qui toisent le bon peuple du haut de leur mépris et de leur bonne conscience.
Dans ce monde chamboulé qui feint de se croire encore cinquante ans en arrière, l’immigré-sans-papiers-réfugié est donc la dernière figure christique : le malheureux, le pauvre, la victime symbolique de notre passé colonial honni, le saint martyr rédempteur par lequel nos fautes seront pardonnées…
Oui, mais voilà, il arrive que le saint ait de vilains défauts et de vilaines manies. On le savait déjà quelquefois terroriste, tenté par « la radicalisation », ce qu’on excusait par la misère sociale et le Front national. Voilà qu’on le découvre aussi travaillé par une libido en furie qui le fait se jeter sur les petites blanches comme les mensonges des politiques sur la jungle de Calais.
Les vieux dans mon genre se souviendront des articles écrits voilà 20 ou 30 ans d’une plume javellisée. On y traitait de faits divers commis par des « jeunes » dont il fallait à tout prix taire le nom. On appelait Mohamed Joseph, et le tour, pensait-on, était joué. Puis le mot « jeune » suffit à identifier son homme tout comme « les quartiers » devinrent synonymes de « zones de non-droit ». Le champ sémantique de la lâcheté est sans limites…
On a entendu, lu surtout à longueur de Libération, la justification de viols et de crimes barbares au nom de « la misère sexuelle » et du « fait culturel ». Alors, bien sûr, on est un peu gêné aux entournures devant les scènes qui se sont déroulées à Cologne et ailleurs la nuit du 30 au 31 décembre, quand des hordes d’individus allogènes (*) ont fondu sur la foule mains tendues pour bousculer et tripoter les jeunes femmes qui passaient à portée. Raison pour laquelle il a fallu plusieurs jours avant de révéler cette fâcheuse vérité, et cette autre non moins fâcheuse que fut l’absence de la police et de toute répression.
Et puis les langues se délient et l’on apprend que cette offensive n’est pas la première. Le Parisien de ce mardi révèle ainsi la gêne des Suédois découvrant que des faits similaires ont été commis « pendant les éditions 2014 et 2015 de We Are Sthlm, festival qui se déroule à Stockholm en août et se présente comme le plus grand d’Europe pour les adolescents ». Malgré la centaine d’arrestations qui avaient suivi, « principalement des étrangers », la police a curieusement oublié de révéler les faits.
« Nous aurions certainement dû révéler cette information, ça ne fait pas de doute. Pourquoi ça ne s’est pas fait, nous ne le savons tout simplement pas », dit benoîtement son porte-parole. C’est vrai, ça, pourquoi ? Peut-être parce que « les agresseurs présumés étaient en majorité des demandeurs d’asile mineurs non accompagnés », et que de ce fait aucune poursuite n’a été engagée contre eux ? Car « aucune condamnation n’a été prononcée depuis », dit encore la police. Donc, il ne s’est rien passé. CQFD.
Résumons : les violences « sans précédent » avaient bel et bien des précédents. Et gageons que celles de Cologne ne seront pas les dernières, d’autant, comme l’a dit le ministre de la Justice allemand, que ces violences « ont très vraisemblablement été coordonnées et planifiées ». Alors, à qui le tour ?
Marie Delarue
13/01/2016
Note:
(*) Se dit des peuples qui, vivant dans une nation, y sont minoritaires et qui, tout en conservant leur langue, leur culture, coexistent sans être acculturés par la nation qui les accueille.
Correspondance Polémia – 14/01/2016
Image : Place de la gare à Cologne, dans la nuit du 31 décembre 2015 au 1er janvier 2016