Par Eric Delcroix, juriste, essayiste et écrivain, auteur de Droit, conscience et sentiments ♦ Après la récente déclaration d’Audrey Pulvar approuvant le principe des réunions en non mixité raciale, Marine Le Pen a enjoint le Parquet d’« engager des poursuites pour provocation à la discrimination raciale contre Mme Pulvar. » (Présent, du 30 mars). On savait que, malheureusement, le Rassemblement national avait renoncé à demander l’abrogation de la loi Pleven. Mais de là à dénoncer (pardon « signaler » !) quiconque pour délit d’opinion, on n’aurait pas osé y croire. Pourtant historiquement les militants de FN/RN savent, plus qu’à leur tour, le prix de cette judiciarisation de la vie intellectuelle et politique.
D’ailleurs Audrey Pulvar a raison, ouvrant peut-être à son cœur défendant un débat prometteur en faveur du retour à la libre discrimination par les acteurs privés. Je dis bien par les acteurs privés, puisque depuis la nuit du 4 août 1789, les services publics ne connaissent que des citoyens égaux en droit. Dont acte. Mais, en revenant à la liberté de choisir ses affinités, sachons que l’être, jusque dans son for intérieur, n’a pas à se justifier. Mme Pulvar et ceux qu’elle défend ouvrent la voie à une restauration inespérée des libertés publiques…
Décoloniaux et décolonisation
En effet, pourquoi n’aurions-nous pas nous aussi, victimes du Grand remplacement, le droit d’organiser des réunions et mouvements réservés aux Français de souche ? L’entre-soi a du bon, au point que l’Américain Robert Putnam a pu démontrer et théoriser son intérêt social, source de confiance, de civisme et de paix sociale. Raison pour laquelle la paix sociale règne au Japon ou en Corée du sud, pays imperméables au « vivre ensemble ».
Débarrassé de la loi Pleven, par le droit ou par le fait (merci à l’UNEF !), à l’exemple des décoloniaux, nous pourrions retrouver le droit de penser comme nous le voulons, de le dire et de le vivre, bref d’être libre-discriminateurs. Nous pourrions ainsi tout simplement redevenir libres, à l’abri des « signalements », de la LICRA, de Médiapart et des juges. Ces derniers pourraient enfin se consacrer de nouveau à faire la chasse aux assassins, aux violeurs et aux voleurs.
La question du Grand remplacement (auquel, il est vrai, la présidente du RN dit ne pas croire) serait probablement plus facile à régler si la majorité pouvait remettre tout à trac les minorités emmerdeuses, emmerderesses ou emmerdantes à leur médiocre place.
Morale puritaine des marchands américains
La morale anti-discriminatoire, supposée favoriser le business, est une scie récente que nous devons à l’économiste libéral américain Gary Becker qui l’a théorisée en 1957, donc tout juste hier à l’échelle historique. Et ce au nom de l’argent, au nom de Mammon, pour fluidifier les marchés. Aussi, cette nouvelle morale a-t-elle été prise en considération dans le monde des affaires et voyons nous tous les jours de grandes entreprises prendre des mesures « éthiques », contredisant une fois de plus les thèses de Michéa sur la prétendue neutralité axiologique du capitalisme. Dernièrement certaines d’entre elles ont annoncé qu’elles cesseraient d’importer de Chine du coton originaire de la province peuplée par les musulmans ouïgours ! Notons que le soleil d’Allah les aveugle, car elles n’ont pas réagi pour la défense des chrétiens arméniens, attaqués par l’Azerbaïdjan islamique soutenu par la Turquie à l’automne 2020 ! (Tiens, à propos, l’Azerbaïdjan produit du coton…)
Libre discriminateur, je veux pouvoir, avec les gens de chez nous, agir pour un monde où une Audrey Pulvar, prise à son propre mais légitime jeu, n’aurait plus sa place rayonnante. A chacun son doux apartheid, à chacun sa liberté ontologiquement irréductible… A nous une nouvelle Nuit du 4 août, où les privilèges – car c’est de cela qu’il s’agit – des minorités agressives et pleurnichardes seraient abolis ! Là-dessus non plus, je vois que je ne pourrai pas compter sur Marine Le Pen, son conformisme anti-raciste et « envie de pénal » pour reprendre le mot de Philippe Murray.
Eric Delcroix
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