L’incarcération du jeune Nicolas Bernard-Buss soulève les protestations légitimes des honnêtes gens du pays réel qui s’est enfin manifesté contre la loi de mutation du mariage en institution burlesque. Une manifestation du pays réel, le fait est assez rare pour être signalé, mais peut-être est-il crépusculaire…
Et voici qu’un manifestant de 23 ans, qui n’a rien volé, n’a rien cassé, n’a blessé personne, a été condamné à quatre mois de prison dont deux fermes. Mais au-delà de cette sévérité, chose exceptionnelle, il a fait l’objet d’un mandat de dépôt à l’audience, pour pallier le caractère suspensif d’un appel et forcer ainsi son incarcération… E.D.
Le bon Français et les pillards du chaos ethnique
Le traitement exemplaire réservé par la justice à M. Bernard-Buss doit être mis en parallèle avec celui, très bienveillant, dont ont bénéficié les bandits du RER D, légèrement condamnés (sans prison ferme), voire simplement admonestés, pour des vols avec violence, commis en réunion et avec armes. Mais le premier est ressenti comme ce que la République* déteste, comme un « bon Français » ; les deuxièmes sont ce qu’elle regarde comme des victimes de la société, c’est-à-dire victimes des précédents… Les bons Français sont ceux qui veulent empêcher que l’on mette la société cul par-dessus tête (et c’est bel et bien ici une affaire de cul !), aussi sont-ils perçus de façon confuse comme responsables des révoltes des « Jeunes » des banlieues « défavorisées ».
Il y a là un rousseauisme primaire, remugle récurrent de Mai-68, parfaitement compatible avec l’esprit « républicain* ».
Issus des banlieues du chaos ethnique, tout comme le rezzou du RER D, les casseurs et pillards du Trocadéro, en marge de la fête organisée à la gloriole du PSG, n’ont fait en aucun cas l’objet d’une pareille arrestation à l’audience. Et il y a là un symbole fort qui illustre un état d’esprit présent dans notre justice, mais aussi au sein de la police, police qui a été particulièrement zélée contre les manifestants défendant le mariage.
Le jeune Nicolas a été forlancé par des flics jusqu’au premier étage d’une Pizzeria (Le Figaro du 21 juin), ce qui n’est pas sans rappeler la tragédie de Sébastien Deyzieu, tué en tombant du cinquième étage jusqu’où les policiers avaient poursuivi ce simple manifestant. Ce jeune nationaliste avait 22 ans. C’était en 1994… Tout le monde n’a pas le prestige de Malik Oussekine, manifestant de gauche mort au même âge, en 1986, mais d’une insuffisance rénale, et qui, lui, a une plaque commémorative gravée dans le marbre, rue Monsieur-le-Prince…
Comment reconnaît-t-on un « con » ?
Les juges, chez-nous, peuvent se syndiquer, chose en soi absurde : un juge syndiqué, cela devrait être perçu comme un oxymore. En effet, un syndicat de salariés est fait pour peser sur un employeur, qui ici n’est autre que l’Etat, pris dans ses deux pouvoirs que sont l’exécutif et le législatif. C’est évidemment un non-sens pour des gens qui revendiquent, à bon droit, l’indépendance de la justice au nom de la… séparation des pouvoirs ! (Les doléances des magistrats ne devraient s’exprimer officiellement qu’au sein du Conseil supérieur de la magistrature ou dans les chroniques judiciaires).
La fonction de magistrat est une fonction régalienne, noble par essence, aussi est-il fâcheux et pitoyable qu’elle puisse être exercée par des individus dont les aspirations revendicatives sont celles de fonctionnaires quelconques. Serions-nous jugés par des employés ?
Et parmi les syndicats de magistrats, il en est un révolutionnaire au sens historique et républicain du terme, ce qui laisse particulièrement perplexe quant à l’impartialité de ses membres. Nicolas Bernard-Buss a-t-il été jugé par des membres du Syndicat de la magistrature ? En tout cas, la question est de savoir s’il été condamné par des juges ou formellement par des ennemis.
Dans l’affaire dans laquelle ce syndicat s’est illustré récemment, dite du « Mur des cons », seul le journaliste qui a dénoncé le scandale a été sanctionné ; ceux par qui le scandale est arrivé, eux, restent indemnes et continueront à juger…
Pauvre Nicolas ! Le regretté François Brigneau disait : « On reconnaît un con à ce qu’il dit “j’ai confiance en la justice de mon pays” ». Nous nous heurtons à un mur symbolique, véritable pilori syndical, qui lui donne raison et déshonore notre justice tout entière, en jetant la suspicion sur les magistrats honnêtes, c’est-à-dire sur ceux qui s’efforcent à la dure ascèse de l’impartialité.
Éric Delcroix
22/06/2013
(*) Rappelons-nous qu’en France les mots « République française » et « républicain » ne renvoient pas historiquement à un régime parmi d’autres mais à une idéologie négatrice de la patrie charnelle. Certains manifestants anti-mariage gay portent le Bonnet phrygien des exécuteurs des basses œuvres de la Terreur, invoquent parfois avec la Barjot la défense du « mariage républicain » : ils devraient se renseigner sur les crimes atroces que recouvrait ce terme dans son acception d’origine, en 1793.
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