Accueil | Politique | Adieu, Camarade – Hommage à Grégoire Tingaud

Adieu, Camarade – Hommage à Grégoire Tingaud

Adieu, Camarade – Hommage à Grégoire Tingaud

par | 29 janvier 2024 | Politique

Adieu, Camarade – Hommage à Grégoire Tingaud

Après trente ans de compagnonnage militant, politique et professionnel, Grégoire Tingaud parti trop tôt (54 ans) rejoindre les oies sauvages et tutoyer les étoiles restera toujours pour moi « Petit Loup », comme je l’appelais parfois.

Après une solide formation militaire à Saint-Cyr et des études d’histoire qui lui donneront sa vocation de combattant des idées, de premier de ligne et de chef de meute, il rejoint en 1995 Jean-Yves Le Gallou à la région Île-de-France comme directeur de cabinet.
Nous devenons très vite complices.
J’avais, quelques années plus tôt, apprécié ses qualités de militant lorsqu’il m’avait aidée dans ma campagne, aux municipales de 1989, dans le IXe arrondissement de Paris. Affichage, tractages, présence sur le terrain, chants militants dans la camionnette de collage, il n’avait pas ménagé sa peine. Autant dire que j’étais ravie de son arrivée dans l’équipe régionale.

Pas fonctionnaire pour deux sous, il savait rester tard le soir à peaufiner tel ou tel amendement ou tel ou tel argumentaire afin de faire gagner nos idées.
Apprécié des services administratifs de la Région pour sa rigueur et sa précision, il avait gagné l’amitié des représentants des autres groupes non marxistes de la rue de Babylone. Arrivé tôt le matin, il partait tard le soir, et il nous arrivait de refaire le monde après une journée consacrée aux affaires régionales et de parler de nos écrivains préférés comme Drieu La Rochelle ou Jean-René Huguenin.

Il aimait la disputatio et n’avait pas son pareil pour apporter sa pierre à l’édifice que nous construisions pierre par pierre depuis des années.
Jeune père de famille, il conciliait vie militante et vie familiale, après son mariage avec Mathilde, elle aussi de haute lignée. Car Grégoire avait de qui tenir entre Jacques Dupont, son grand-père cinéaste défenseur des Chouans, et sa mère Claudine, plus jeune embastillée de France au moment de la guerre d’Algérie, qui lui apprit au berceau le sens de l’engagement politique et de la parole donnée, denrée devenue de plus en plus rare.

Nous évoquions souvent ce qui nous avait conduits à nous battre pour nos idées et à ne pas tomber dans la course aux prébendes et autres maroquins. Toujours droit dans ses bottes, il n’aimait pas les faux-semblants ou les concessions et le faisait savoir haut et fort.
Ce qui explique son choix de 1998 en faveur de Bruno Mégret, et celui de 2022, lorsqu’il décida de renforcer les équipes de Reconquête après une vie professionnelle bien remplie depuis 2004, clap de fin pour ses activités régionales auprès de Jean-Yves Le Gallou. Il restera quelques années dans les services techniques de la Région où il s’occupait d’intelligence économique, avant de se consacrer aux stratégies d’influence de l’entreprise et de participer à la création de l’Iliade destinée à trouver des forces nouvelles dans ce monde de décrépitude et de renoncements.
En 2016, il avait été pressenti par Patrick Stefanini, alors directeur général des services de la région Île-de-France, pour y devenir le directeur des politiques de sécurité. Mais cela ne se fit pas, Stefanini partit diriger la campagne présidentielle de Fillon et Pécresse n’écouta que son courage…
Grégoire aurait pu faire contre mauvaise fortune bon cœur et se contenter de ne consacrer aux services de la Région que le temps qu’ils méritaient. Mais c’était contraire à l’idée qu’il se faisait de l’honneur professionnel. Il démissionna et partit consacrer sa (grande) force de travail dans le privé.

Au moment où il nous quitte, je n’oublie pas non plus que c’est lui qui avait planché sur la création d’un laboratoire d’idées sur Internet et donna naissance à Polémia – qui lui doit son nom – que nous fûmes un petit nombre à porter sur les fonts baptismaux le 2 décembre 2002.

Vingt-deux ans plus tard, la bataille se poursuit. Son départ ne doit pas nous inciter à baisser la garde, mais au contraire à continuer le combat dans ce monde vétuste et sans joies.

Françoise Monestier
29/01/2024

Françoise Monestier

Mots-clefs :

Cet article vous a plu ?

Je fais un don

Je fais un donSoutenez Polémia, faites un don ! Chaque don vous ouvre le droit à une déduction fiscale de 66% du montant de votre don, profitez-en ! Pour les dons par chèque ou par virement, cliquez ici.

Voir aussi