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À bas le « renouvelable officiel », vive le nucléaire !

À bas le « renouvelable officiel », vive le nucléaire !

par | 24 octobre 2013 | Politique

À bas le « renouvelable officiel », vive le nucléaire !

La France a trois atouts : la beauté de ses paysages, une certaine indépendance énergétique et une électricité bon marché. Par idéologie, soumission à la vulgate antinucléaire et à la corruption des lobbies éoliens, elle risque de les perdre. Car l’éolien et le photovoltaïque présentent des inconvénients :
– Ils occupent sur le sol un espace important et polluent les paysages ; les villages pour le photovoltaïque ; les campagnes et les montagnes pour l’éolien.
– Leur production est très irrégulière, il faut donc mettre en place d’importantes surcapacités.
– Leur production est géographiquement située, il faut donc accompagner le développement de l’éolien et du photovoltaïque par la construction de réseaux de lignes à haute tension coûteux mais aussi désastreux pour les paysages.
– Ils sont plus chers et majoritairement fabriqués à l’étranger, ce qui rend paradoxalement le coût d’importation ramené au kilowattheure plus élevé que si on utilisait du charbon ou du gaz.
C’est pourtant officiellement ce que la politique gouvernementale s’apprête à mettre en place. Le nucléaire qui, au moins au niveau régional, est une énergie de proximité paraît abandonné. D’autant que la complexification croissante des réglementations rend de plus en plus coûteuse la construction de nouveaux EPR. Restent les économies d’énergie. Elles supposent deux choses : soit d’importants investissements pour les bâtiments que ni les collectivités publiques, ni les particuliers ne semblent en mesure de financer ; soit un changement dans les comportements par un retour à la sobriété. Voici un dossier Polémia en deux temps. De larges extraits ci-dessous et une analyse plus complète en pdf (voir en fin d’article). Polémia

Les réseaux électriques et les renouvelables officiels, un problème structurel

Les réseaux des énergies fluctuantes ont besoin d’être dimensionnés en fonction de leur puissance maximale. Par exemple, pour le photovoltaïque, il faut évacuer la puissance de l’été. Dans le monde du renouvelable officiel, il faut être connecté à plusieurs sources fluctuantes (le sud-est le matin, le sud-ouest le soir, les trois zones de vents à des milliers de kilomètres l’une de l’autre : Manche, Méditerranée, Atlantique). Dans le cas des filières nucléaires, une ou deux centrales alimentent une région : en fin de compte l’EPR, c’est l’électricité populaire régionale.

Mais ce n’est pas seulement pour cela que les filières nucléaires sont bien supérieures au renouvelable officiel

Une éolienne dure 20 ans, elle laisse une fondation de 400 m3 en béton dans le sol, les 8000 éoliennes laisseront donc 3,2 millions de m3. Trois millions de m3 c’est le petit tas de déchets que le nucléaire laisse en surface au bout de 60 ans et sur lequel il sera possible de construire plus tard. Les 10.000 m3 de déchets à haute activité ou à vie longue, ce n’est que le volume de 25 fondations d’éoliennes. En comparaison, Teufelsberg, la petite colline qui rassemble les ruines de Berlin, fait 12 millions de m3. Et avec un réacteur nucléaire, on récupère aussi du plutonium et de l’uranium appauvri, avec lesquels on peut faire de l’énergie pendant quelques milliers d’années et après on a toujours du plutonium qui nous permet de faire de l’énergie avec l’uranium de l’eau de mer.

Un réacteur nucléaire dure 60 ans et on pourra sûrement réutiliser le radier, peut-être aussi l’enceinte. Sans prendre en compte ces réutilisations, le réacteur aura utilisé sur sa durée de vie 10 fois moins d’acier et de béton que la production éolienne, même si pour un réacteur il faut aussi un peu d’uranium dans un minerai assez pauvre. Ce n’est qu’au bout de 20 ans qu’on a extrait la même quantité de minerai. Faire de l’électricité avec une éolienne, c’est extraire du fer et du charbon, alors que faire de l’électricité avec un réacteur, c’est faire de l’électricité avec un peu de charbon et d’acier, et remuer un minerai d’uranium. En vingt ans, on aura fait un trou, la mine et un tas, les déchets faiblement radioactifs, le tout sur quelques kilomètres carrés par rapport aux milliers de km2 occupés par les parcs éoliens.

Finalement, le Grenelle nous a montré comment le nucléaire était bien supérieur, ce dont nous ne nous rendions pas compte.

Les problèmes psychologiques

• A-t-on assez de ressources en uranium ?

Sans que les médias n’en rendent compte, la nouvelle méthode d’enrichissement permet de réenrichir de l’uranium appauvri et de l’uranium de retraitement, sans toucher au plutonium nécessaire pour démarrer les réacteurs de prochaine génération ; les quantités récupérables associées au stock stratégique représentent une quinzaine d’années de consommation. Nous gagnons un trimestre de stock par année d’importation. L’extraction au niveau mondial peut probablement être multipliée par trois. On fait aussi des progrès du côté de la consommation. L’EPR consomme 6% de moins. En augmentant l’enrichissement et la longueur des cycles, on peut gagner jusqu’à 13%. L’utilisation de thorium, en coopération avec les Canadiens, permettrait de gagner 55%. Compte tenu des crises fossiles, si un développement rapide du nucléaire provoquait une tension sur la ressource dès 2050, nous pourrions nous rabattre sur les stocks d’uranium appauvri ou l’extraction de l’uranium de l’eau de mer dont le coût deviendrait acceptable compte tenu de l’amortissement des réacteurs. Le point crucial est donc de déployer suffisamment rapidement les réacteurs de la prochaine génération, réacteurs rapides au sodium.

• Le risque d’accident nucléaire est-il un risque trop grand ?

Considérant les 34 plus anciens réacteurs, nous remarquons d’abord que, bien que représentant les trois quarts du parc, aucun réacteur de ce type n’a eu d’accident majeur. L’accident nucléaire possible est celui d’une fusion de cœur, or cette fusion peut être évitée par l’injection de 35 litres par seconde d’eau grâce à l’un des deux circuits de refroidissement. Cette fusion peut aussi être évitée par apport, à l’un des trois générateurs de vapeur, de 15 litres d’eau/seconde. Il y a deux réserves d’eau qui permettent de refroidir le réacteur pendant une semaine. Si jamais le refroidissement ne pouvait avoir lieu, une équipe extérieure, la force d’action rapide nucléaire, pourrait intervenir dans les 12 heures.

Si malgré tout la fusion de cœur arrivait et qu’on ne pût rien faire, environ 20 kg de césium pourraient malheureusement traverser les filtres et on aurait l’équivalent d’un Fukushima : 600 km2 interdits et 100.000 évacués. Le coût direct serait de l’ordre de 20 milliards d’euros.

Le scénario précédent correspond à l’accident extrême. L’aspersion de l’enceinte permet de rabattre les aérosols d’un facteur 10 à 2500. L’efficacité des filtres devient plus importante et la contamination se limiterait aux abords de l’enceinte, ne nécessitant que l’évacuation de quelques milliers de personnes. La perte serait de quelques milliards d’euros.

• Les risques sanitaires

Il semble scientifiquement admis que les risques apparaissent à partir d’une certaine dose de radiations reçues (50 à 100 millisieverts), dose qui n’est pas atteinte lors d’une évacuation. Reste le cas des travailleurs de l’atome. La dose moyenne reçue en une carrière est de 20 à 30 mSv mais chez certains la dose peut atteindre 500 mSv. Sur les dernières décennies, on peut considérer que les radiations auraient provoqué au maximum un excès d’une centaine de décès, en sus de trois à quatre mille cancers dus au tabac dans le même groupe. On peut dire aussi que les travailleurs de l’atome ont un risque de décès au travail intermédiaire entre celui des travailleurs de l’industrie et ceux du secteur primaire. Les progrès en radioprotection devraient permettre d’atteindre un risque presque nul.

Le contre-exemple suédois : une politique cohérente

Le gouvernement suédois a visiblement pris en compte les avertissements de ses géologues pétroliers qui lui ont transmis en 2006 le rapport : Faire de la Suède une société sans pétrole ; au contraire de l’impasse énergétique initiée par l’Allemagne, qui ne permet pas de sortir des énergies fossiles, la Suède offre l’image d’une politique énergétique cohérente : la production d’électricité repose sur l’hydraulique et le nucléaire ; la Suède prolonge la durée de vie de ses réacteurs même ceux de type Fukushima. Le chauffage des bâtiments ne consomme presque pas d’énergie fossile, mais de l’électricité et de la biomasse par l’intermédiaire de réseaux de chaleur. L’accent est mis sur l’isolation thermique et le développement des pompes à chaleur. La Suède a donc des marges pour sortir du pétrole dans les transports par le gaz, les batteries, les biocarburants.

Conclusion

Au début des années 1970, ceux qui se réclamaient de l’écologie ont décidé de s’attaquer à l’atome plutôt qu’à l’automobile : 40 ans après nous sommes toujours drogués au pétrole. Le mouvement antinucléaire n’a plus de fondement scientifique. Son président rejette les travaux de l’Académie de médecine et de l’Académie des sciences ; les antinucléaires répètent qu’« on ne sait pas », alors que ce sont eux qui ne savent pas. Le nucléaire est, certes, une énergie qu’il faut maîtriser. Ironie du sort : ils attaquent le nucléaire dans le pays qui le maîtrise le mieux, la France.

Aujourd’hui nous avons le choix entre finir le programme nucléaire ou finir comme la Grèce. En 1973, ceux qui ont construit le parc nucléaire historique n’avaient ni le brevet ni l’enrichissement ni le site de stockage ; aujourd’hui nous avons les trois et pourtant le nucléaire manque de soutiens dans les milieux politiques et économiques. Car il n’y a pas de lobby nucléaire ; s’il y avait un lobby nucléaire, on n’aurait pas arrêté le programme nucléaire pendant vingt ans et on n’aurait pas racheté le solaire photovoltaïque 15 fois le prix du courant nucléaire…

C’est donc maintenant qu’il faut construire la défense de l’atome : former, expliquer, argumenter, diffuser.

Philippe Berthier
Ingénieur diplômé d’une grande école scientifique, Philippe Berthier étudie la question climat énergie depuis une dizaine d’années et dénonce les manipulations dans ce domaine.
05/10/2013

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