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7e Journée de réinformation de Polémia (3/4). Notre culture n’est pas en crise mais en décadence

7e Journée de réinformation de Polémia (3/4). Notre culture n’est pas en crise mais en décadence

par | 22 octobre 2014 | Société

7e Journée de réinformation de Polémia (3/4). Notre culture n’est pas en crise mais en décadence

Le sujet de cette communication est difficile car les relations entre identité et culture ont été obscurcies par l’idéologie dominante. En effet, depuis l’avènement de l’esprit des Lumières et de la gauche intellectuelle, la culture est systématiquement opposée à la nature. Quand on dit que « tout est culture » on veut dire en réalité que tout est construit (et donc que tout peut être déconstruit et reconstruit arbitrairement).
Cette opposition, on le sait aujourd’hui avec le développement de la biologie, de la génétique et de l’éthologie, est tout à fait arbitraire, car de nombreux comportements considérés hier comme uniquement « culturels » ont une racine innée – génétique.

L’idéologie dominante reste aussi attachée à la vision fantaisiste de l’homme qu’avaient les Encyclopédistes du XVIIIe siècle, c’est-à-dire celle des « robinsonnades » : celle d’un homme qui préexisterait à la société, vision qui est au cœur de la théorie du contrat social et de l’idéologie des droits de l’homme (puisque cette idéologie prétend que l’homme serait naturellement doté de droits politiques).

On sait pourtant aujourd’hui que cette conception de l’homme ne correspond à aucune réalité. L’homme n’existe pas en dehors d’une société et d’une culture particulières, donc de la compagnie de ses semblables. Ce n’est pas l’homme qui choisit sa culture, mais c’est la culture qui préexiste à lui (ex. : l’homme hérite de sa langue maternelle et des codes que comporte sa culture, comme il hérite des paysages et des créations artistiques qui l’ont précédé, tout au long de son éducation).

Ces deux erreurs – qui sont en réalité des tabous idéologiques – nous ont empêchés de comprendre, notamment en France, les relations entre nature et culture, entre identité et culture, entre ethnie et culture.

D’autant qu’en français le mot culture s’emploie dans un sens restrictif et renvoie à ce que l’on nomme les humanités, les arts et les lettres, alors que les ethnologues comme les organisations internationales ont une acception beaucoup plus englobante du mot : pour eux, tout ce qui est humain est culture, ce qui renvoie aussi à l’ambiguïté précédente. Ainsi l’UNESCO définit la culture comme « l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts, les lettres et les sciences, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances » [1].

Pour clarifier les concepts dans la suite de ce propos on rappellera que :

– la culture est la nature de l’homme (elle est le processus par lequel les potentialités humaines s’incarnent, car l’homme n’est pas spécialisé dans ses instincts, à la différence de l’animal). Oswald Spengler, dans son étude célèbre sur Le Déclin de l’Occident (Gallimard 1967, tome 1, p. 166), écrit ainsi que « La nature est à chaque fois une fonction de la culture ». La culture humaine se caractérise donc par sa variabilité et sa diversité, à l’image de l’homme lui-même (et c’est bien cette diversité qui nous intéresse quand nous jouons les touristes !) ;

l’ethnie désigne les peuples ou les individus qui relèvent d’une même culture ; la culture ne se réduit pas à l’ethnie, mais on ne comprend rien à la culture si on ignore son substrat ethnique. L’ethnie fonde aussi la nation car toute nation est constituée autour d’une ethnie et donc d’une langue prépondérantes ;

la civilisation correspond à la projection d’une culture et d’une ethnie dans l’histoire et en particulier lors de sa confrontation avec d’autres. La civilisation exprime donc l’évolution de la culture dans sa dimension temporelle et spatiale, qui peut manifestement connaître développement, rayonnement, déclin ou renaissance (c’est pourquoi Spengler écrit que la civilisation peut être la fin de la culture).

Les relations entre identité, nature et culture relèvent donc des systèmes complexes. Comme les civilisations sont elles-mêmes des systèmes complexes. Notamment si une culture exprime une identité donnée elle peut aussi être influencée par une autre, car les cultures communiquent entre elles (et de plus en plus aujourd’hui du fait de la facilité des communications).

Néanmoins il faut distinguer les manifestations extérieures de la culture (ex. : l’art, le langage, la littérature, la sculpture, la musique, la science, la façon de s’habiller) et l’identité profonde de chaque culture (âme, essence de la culture). Si l’échange des cultures peut facilement porter sur leur forme extérieure, il est beaucoup plus rare qu’il puisse porter sur l’essence de chaque culture.

Michel Geoffroy
18/10/2014

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Note

[1] Déclaration de Mexico sur les politiques culturelles. Conférence mondiale sur les politiques culturelles, Mexico City, 26 juillet au 6 août 1982.

Michel Geoffroy
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