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7 mythes sur la Russie de Poutine : l’URSS 2.0

7 mythes sur la Russie de Poutine : l’URSS 2.0

par | 26 avril 2014 | Géopolitique

7 mythes sur la Russie de Poutine : l’URSS 2.0

« Cette adhésion populaire se couple sans difficulté à l’exercice d’un pouvoir fort, seul capable de maintenir l’unité et l’importance de la Russie dans le jeu des grandes puissances du monde. »

Les mythes sur la Russie de Poutine : un regard critique d’Alexandre Latsa, écrivain et analyste français, résidant à Moscou, et de Pierre Gentillet, président des Jeunes de la Droite Populaire afin de permettre aux lecteurs de se faire une idée un peu plus objective de la Russie d’aujourd’hui.

Le président russe Vladimir Poutine, qu’une commentatrice talentueuse a récemment qualifié de « volcan de givre », vient de jouer un drôle de tour à la communauté internationale en agrandissant le territoire de la Russie vers l’ouest et l’Europe.

Pourtant cette réunification des territoires russes n’est pas si inattendue qu’il peut paraître et s’inscrit dans une logique politique et stratégique tout aussi méconnue que l’est la situation réelle en Russie, pays victime de préjugés et de mythes apparus au cours des dernières années au sein de la majorité des médias occidentaux.

Par souci de vérité et volonté de réinformation nous avons choisi de porter un regard critique sur ces mythes afin de permettre aux lecteurs de se faire une idée un peu plus objective de la Russie d’aujourd’hui.

Mythe n°1 : la Russie ce pays qui a annexé la Crimée de force.

À tel point que la population s’est prononcée à plus de 96 % en faveur du rattachement à la Russie avec une participation de 83 %. En réalité si l’on étudie un peu l’histoire on s’aperçoit que la Crimée est devenue définitivement une province Russe dès 1774, grâce à Catherine II. C’est en 1954 que l’Ukraine va rattacher administrativement la péninsule de Crimée à la république soviétique d’Ukraine.

En somme la Crimée ne reste véritablement Ukrainienne que de 1991 à 2014, soit à peine 23 ans. Contrairement à certaines idées reçues, le Kremlin n’avait pas manigancé ce rattachement de la Crimée. La Russie avait en effet, depuis déjà quelques années, lancé une politique de rapatriement des Russes vivant en Crimée et souhaitant réintégrer le territoire russe. L’argument de velléité impériale est donc totalement hors de propos. La Russie a simplement saisi l’occasion historique qu’elle n’attendait pas de pouvoir réunifier son territoire en y rattachant la Crimée qui est un territoire russe sur le plan ethnique, linguistique, culturel et historique : un rattachement vécu en Russie comme les Allemands de l’Ouest ont vécu la réunification avec l’Allemagne de l’est en 1991.

Mythe n°2 : la Russie, ce pays ou Vladimir Poutine est élu via des élections truquées.

Depuis 13 ans, Poutine remporte en réalité haut la main et au premier tour toutes les échéances électorales présidentielles où il se présente obtenant 52,52 % des voix en 2000, 71,22 % en 2004 et 63,6 % en 2013.

Seule la dernière élection de 2013 a été critiquée par des ONG américaines qui ont prétendu que Poutine n’aurait dû obtenir que 55 % au premier tour et non pas 63 % !

Le parti dominant, Russie-Unie a lui obtenu 37 % en 2003, 64,1 % en 2007 et 49,3 % en 2011. En réalité les soupçons de « fraude électorale en Russie » sont nés des élections législatives de la fin 2011 qui ont été entachées d’irrégularités administratives réelles. Pour autant, nombre d’études ont démontré que ces fraudes locales et identifiées n’auraient pu influer sur les scores finaux puisque ne comptant pas (selon les analyses sérieuses a ce sujet) pour plus de 3 à 5 % des bulletins dans le pire des scénarios.

Il faut noter que ces fraudes ne concernent du reste pas que le parti du pouvoir mais également tous les partis politiques participant aux élections notamment ceux d’opposition.

Mythe n°3 : la Russie, ce pays qui a orchestré un génocide en Tchétchénie.

La Russie est toujours présentée comme le pays dont le pouvoir aurait orchestré un véritable génocide en Tchétchénie. La réalité n’est évidemment pas aussi simple.

En 1994, une prise de pouvoir par la force et des élections entraînent la proclamation de l’indépendance de la Tchétchénie. Craignant que la vague sécessionniste ne s’étende, le pouvoir russe décide d’intervenir pour mater ce coup d’État militaire intérieur. Cette guerre régionale durera 2 ans et fera plus de 100.000 morts jusqu’au cessez le feu d’août 1996 qui laisse à la Tchétchénie un statut d’autonomie régionale mais ne lui octroie pas l’indépendance.

Peu à peu la rébellion va s’islamiser avec la présence croissante de combattants djihadistes étrangers (Wahhabites) souhaitant l’instauration d’un califat islamique pancaucasien. En 1999 la guerre reprend lorsque des attentats terroristes frappent Moscou mais aussi parce que des groupes armés mènent de nombreuses incursions dans les régions voisines du Caucase pour y attaquer les forces de l’ordre et kidnapper des civils dont certains seront décapités.

La guerre verra la victoire de l’armée russe dont la réaction musclée a sans doute néanmoins évité que ne se constitue dans cette région un authentique Djihadistan qui aurait été déstabilisateur pour toute la région. Il est également difficile d’appréhender les événements de cette époque dans cette région sans les mettre en relief au cœur de la bataille stratégique que se livrent l’Amérique et la Russie pour le contrôle des ressources énergétiques régionales et notamment de la Caspienne.

Mythe n°4 : la Russie, ce pays ou le pouvoir tue les journalistes.

La Russie est souvent décrite comme le pays dans lequel on assassine les journalistes puisque 300 journalistes ont été tués dans la Russie post-soviétique, soit l’équivalent d’un journaliste par mois.

Pourtant si l’on prend en compte les journalistes tués de façon avérée dans l’exercice de leurs fonctions ou à cause de leur activité de journaliste, le chiffre tombe à 56 selon le CPJ dont 28 entre 1992 et 2000, soit avant que Vladimir Poutine n’arrive au pouvoir.

Depuis l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine, 26 journalistes ont été tués de façon avérée dans l’exercice de leurs fonctions ou à cause de leur activité de journaliste. La tendance longue semble elle à la normalisation puisque 13 ont été tués entre 2000 et 2005, 9 entre 2000 et 2010 et 4 entre 2010 et 2014.

Il faut noter que parmi ces 26 journalistes 12 ont été tués dans le Caucase russe, 3 à Rostov-sur-le-Don et 2 dans la ville de Togliatti, soit dans des zones relativement « mafieuses » et donc à haut risque.

Mythe n°5 : la Russie, ce pays où l’on ne fait pas d’enfants.

La Russie est souvent présentée comme un pays avec une démographie déclinante et donc voué à disparaître. Fort mal en point durant les années qui ont suivi l’effondrement de l’Union soviétique la démographie russe s’est redressée dans les années Poutine en surpassant les scénarios démographiques les plus optimistes.

De 1992 à 2000 le nombre de naissances s’est effondré et le nombre de décès a augmenté entraînant une baisse naturelle de population de 6.830.423 habitants soit une baisse moyenne annuelle de 758.935 habitants. Cette diminution fut cependant compensée par l’immigration retour vers la Russie des Russes ethniques habitant dans les Républiques soviétiques.

À titre d’exemple pour la seule année 1999 avec 1.214.689 naissances et 2.144.316 décès la population a baissé de 929.627 habitants. Le taux de fécondité est durant cette période passé de 1,89 enfants / femme en 1991 à 1,17 enfants / femme en 1999.

À partir de 2001 le nombre de naissances s’est mis à remonter et dès 2005 le nombre de décès à diminuer. Année après année, l’amélioration des conditions de vie associée à une forte propagande d’État protégeant la famille et incitant à faire des enfants ont eu des résultats plus qu’inattendus. Le nombre de naissances ne cesse d’augmenter et l’année 2012 a même vu une hausse naturelle de population avec 1.901.182 naissances et 1.878.269 décès, le taux de fécondité atteignant 1,73 enfants / femme soit plus que dans l’UE.

Mythe n°6 : la Russie, ce pays qui ne profite qu’aux riches.

On renvoie souvent l’idée fausse que la richesse en Russie ne profiterait qu’à des élites financières, militaires et aux fameux oligarques. Il s’agit de remettre un peu de vérité en apportant quelques éléments de réinformation.

Tout d’abord, le revenu annuel moyen des Russes est passé de 1.322 euros en 2000 (arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine) à 7.988 euros en 2013. Le taux de pauvreté quant à lui a littéralement fondu passant de plus de 35 % en 1999 à près de 13 % en 2012, soit l’équivalent de la moyenne française, pendant que le taux de chômage n’est que de 5,5 %.

Dans le même temps le pays a connu l’apparition d’une très importante classe moyenne qui représente selon les critères de définition de 25 % à 40 % du pays. Ces résultats économiques ne sont pas dus qu’à la rente énergétique (qui ne constitue que 20 % de la création des richesses et 50 % des recettes du budget fédéral) mais aussi à une relativement saine gestion économique ayant permis des taux de croissance positifs sur 12 des 13 dernières années.

Mythe n°7 : la Russie, ce pays ou Vladimir Poutine serait détesté.

Tellement détesté que le dernier sondage sur sa cote de popularité dépasse les 80 % d’opinions favorables. Plus sérieusement il s’agit maintenant de sortir de l’image du despote tsariste aux relents staliniens pour constater que l’immense majorité du pays soutient le président russe.

Le parti présidentiel Russie Unie est le premier parti du pays depuis 15 ans, les élections présidentielles ont toujours été remportées par une très large majorité des suffrages dès le premier tour et les récents événements ont vu l’ensemble du peuple russe très largement favorable à l’action de Vladimir Poutine en Crimée.

Cette adhésion populaire se couple sans difficulté à l’exercice d’un pouvoir fort, seul capable de maintenir l’unité et l’importance de la Russie dans le jeu des grandes puissances du monde.

Malgré avoir pris les rênes d’un pays au bord du gouffre et traversé deux guerres (en 2000 et 2008) ainsi qu’une crise économique (en 2009) la cote de popularité du président russe sur les 13 dernières années n’est jamais descendue au-dessous des 60 %.

Les mouvements de contestation de 2011 n’ont finalement jamais réuni plus de 80.000 personnes dans tout la Russie (en réalité surtout Moscou et dans une moindre mesure Saint-Pétersbourg) ce qui correspondrait, toute proportion égale, à 30.000 personnes en France.

Loin de l’image du despote tsariste aux relents staliniens trop souvent véhiculée il faut accepter de comprendre que l’immense majorité du pays soutient le président russe et que cette tendance devrait s’accentuer à l’avenir puisque des JO de Sotchi (que la Russie a organisé et remporté) à la Crimée le seuil de popularité du président russe atteint désormais les 80 %, preuve que les attentes des russes de voir leur pays redevenir une grande puissance sont réelles.

Sa gouvernance réformatrice (modernisation économique du pays) et conservatrice (sur le plan des valeurs) mais aussi relativement verticale et autoritaire semble parfaitement conforme aux attentes du peuple russe et permet d’atténuer l’apparition de potentielles tendances d’inerties territoriales voir séparatistes, tendances inévitables sur un aussi grand et vaste territoire.

Alexandre Latsa et Pierre Gentillet
Source :
La Voix de la Russie
22/04/2014

Note de la rédaction

Cet article d’Alexandre Latsa et de Pierre Gentillet est à rapprocher de celui d’Ivan Blot, écrits l’un et l’autre à 2 jours d’intervalle, chaque auteur ignorant son confrère : 5 mythes sur la Russie actuelle

Alexandre Latsa

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