Les coûts de l’insécurité (comprendre de la délinquance et de la criminalité) représente selon l’hebdomadaire Capital, « une facture annuelle faramineuse » : cinq milliards d’euros pour les particuliers, quinze milliards d’euros pour les entreprises, et dix milliards d’euros pour l’État et les collectivités locales, soit un total, encore une fois annuel, de quelque trente milliards d’euros. À l’heure où nos dirigeants recherchent quinze milliards d’économies supplémentaires, ces trente milliards ont du mal à passer.
« Aucun économiste sérieux n’ose aujourd’hui s’attaquer au sujet », affirme l’hebdomadaire. Pour Christophe Soullez, criminologue et patron de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, : « Non seulement la question est ultrasensible, mais les estimations chiffrées sont très difficiles à établir ». Omerta par exemple à la RATP, qui refuse tout net d’aborder le sujet devant les journalistes de Capital. Pour les commerçants, les chapardages en rayon ont représenté 4,9 milliards d’euros entre mi‑2010 et mi‑2011.
Parallèlement à l’installation de caméras et de systèmes antivols, les agences de sécurité prospèrent. Le secteur public fait également face au vandalisme (120 millions par an de dégradation pour les municipalités), aux agressions (13,6 profs violentés pour 1.000 élèves l’année dernière, contre 10,5 trois ans plus tôt). Violences également en hausse dans des services publics jusque‑là plus ou moins épargnés, constate l’hebdomadaire, comme les maternités ou les palais de justice, qui commencent à s’équiper de portails magnétiques pour limiter les agressions contre le personnel à l’intérieur des murs.
Selon Capital, l’État et les collectivités dépensent une trentaine de millions d’euros rien que pour les nouvelles caméras de surveillance installées tous les ans dans les villes (il y en a aujourd’hui près d’un million) et 550 millions au bas mot pour les agents de sécurité privés. Les effectifs de la police municipale sont passés de 3.000 en 1981 à près de 18.000 aujourd’hui, ce qui représente une dépense supplémentaire de près de 300 millions d’euros par an pour les communes.
« L’affaire n’est cependant pas perdue pour tout le monde » ironise l’hebdomadaire. Quasi inexistant il y a trente ans, le marché de la sécurité privée a en effet fini par devenir une véritable industrie dans l’Hexagone. Le chiffre d’affaires du secteur, en hausse de 4 à 5% par an en moyenne ces dix dernières années, dépasse aujourd’hui les 15 milliards d’euros. Deux fois le budget du ministère de la Justice !
Source : Bulletin de Réinformation, R.C., 13/04/2013