Par Jean-Yves Le Gallou, créateur et président de la Fondation Polémia ♦ Après une débâcle électorale, il y un temps pour la déploration, puis un temps pour l’analyse. Enfin un temps pour la reconstruction. La reconstruction, c’est ce qui intéresse Polémia. Qu’est ce que reconstruire aujourd’hui ? C’est s’opposer à ce qui nous nie. En tant qu’héritiers, en tant que maillons d’une chaîne civilisationnelle. Face à « l’esprit qui nie tout », face à la doxa dominante, il faut entrer en dissidence. Et la première forme de dissidence c’est de braver un interdit médiatique ; c’est de s’affirmer de droite – culturellement, anthropologiquement – face aux petits marquis de la bien-pensance.
Car la droite est une réalité anthropologique dont il faut reconstruire l’idéologie (le logiciel, la « vue du monde ») et, par voie de conséquence, l’existence politique. La droite en dissidence, tel sera le thème du troisième Forum de la dissidence de Polémia.
Un an. Un an de campagne présidentielle puis législative. Un an pour voler les Français de tout vrai débat sur l’essentiel : l’identité, l’immigration, l’islamisation, la sécurité, la transmission d’un patrimoine et de valeurs, la défense de la vie et des lois de la vie, voilà qui n’étaient pas des sujets de campagne !
Les médias et les hommes (femmes) politiques à leur remorque se sont accordés pour occulter l’essentiel. Le débat présidentiel a porté sur les sujets économiques autour de quelques questions présentées comme « majeures » : Faut-il augmenter la CSG ou la TVA ? Faut-il réformer ou non le Code du travail ? Faut-il étendre le rôle des mutuelles ou des compagnies d’assurance ou renforcer la sécurité sociale ? Faut-il sortir de l’euro ? L’économie, vous dis-je, voilà le destin !
A ce jeu la droite n’a pas eu grand-chose à dire ! D’autant qu’elle a été en permanence dénoncée ou marginalisée. Dénoncée comme le courant Sens commun, le fer de lance de la campagne de Fillon, à qui les conformistes de LR et les médias contestaient la simple possibilité qu’il puisse avoir des ministres, voire des députés. Marginalisée comme Marion Maréchal Le Pen, l’atout électeurs du FN, interdite de grandes émissions audiovisuelles et injustement humiliée par sa (brillante) tante. De telles pratiques ne sont possibles que parce qu’elles sont encouragées, sinon imposées, par les médias qui continuent de donner le la.
Le clivage droite/gauche a été contourné car la droite a été niée
Le clivage gauche/droite, qui reste pourtant un invariant de la vie politique, a d’ailleurs été soigneusement contourné. En tout cas à droite. Car la droite politique a disparu de l’offre électorale : elle s’est ralliée idéologiquement au mondialisme et à la loi de l’argent comme François Fillon s’est rallié à 20h03 à Emmanuel Macron et comme le FN a multiplié les concessions idéologiques à Mélenchon. Pour mieux nier la simple existence de la droite, d’autres clivages ont été mis en avant.
Les limites du moment populiste
Les uns ont mis en évidence le clivage élites/peuple : ce fut le « moment populiste ». Le populisme a d’ailleurs montré ses limites. Alors que le peuple, qui a le nombre pour lui, aurait dû gagner, les élites mondialisées ont imposé leur candidat, Macron : avec le soutien des médias, le chef des « Marcheurs » a pu agréger aux élites urbaines tous ceux qui voulaient symboliquement entrer dans le camp des « winners », fût-ce le temps d’un vote. Et cela a marché ! Les populistes ont été renvoyés dans le camp des braillards incompétents, et incapables d’offrir un quelconque espoir.
Des populistes, de surcroît, divisés car l’électorat de Mélenchon et du FN – malgré les pathétiques efforts de Philippot – ne sont pas additionnables.
Les limites du clivage mondialistes/patriotes
Le clivage mondialistes/patriotes n’est pas non plus pleinement pertinent. Il est même franchement incohérent car il conduit à :
- exclure du camp patriote des conservateurs défavorables à l’immigration mais partisans de l’entente entre Européens ;
- multiplier les risettes à la France insoumise pourtant fanatiquement favorable à l’immigration, instrument majeur du mondialisme ;
- faire semblant de croire, au nom d’une illusoire assimilation, que « tout le monde, il peut être français ».
Voilà comment le débat présidentiel a été piégé.
Les médias continuent de faire la pluie et le beau temps dans les partis
Et il l’a été d’abord parce que l’accès aux médias a été biaisé : dans chaque formation politique il y a une prime aux élus les plus politiquement corrects. C’est le cas au sein des Républicains où les Lemaire, les Juppé, les Philippe, les NKM n’ont dû leur visibilité qu’à leur conformisme. C’est aussi le cas au sein du FN, avec Florian Philippot, bien sûr, mais aussi avec Marine Le Pen qui avait justifié ainsi son ascension dans les années 2000 : « J’ai répondu à une demande des médias ». D’où la pasteurisation du discours sur l’immigration et les valeurs. D’où les prises de distance avec Renaud Camus, les Identitaires, Eric Zemmour. D’où les contre-vérités sur le Grand Remplacement « qui n’existe pas » ou qui est « un fantasme complotiste ». Sans oublier « l’islam qui [serait] compatible avec la République ». Un langage de Dhimi qui contribue à enfumer une opinion qu’il faudrait, au contraire, conscientiser !
Sortir la droite de l’anesthésie : 3e Forum de la dissidence
Tout est donc à reprendre pour sortir la droite de l’anesthésie mortelle dans laquelle elle a été plongée.
Le salut ne viendra pas des partis politiques tant qu’ils resteront médias-dépendants. Il viendra des intellectuels, des militants, des réinformateurs, des médias alternatifs.
Y réfléchir. Ce sera l’un des objets du Troisième Forum de la dissidence le 18 novembre.
Premier constat : le peuple de droite existe
Le peuple de droite existe : c’est la majorité attachée aux permanences historiques, civilisationnelles, culturelles, patrimoniales, religieuses, territoriales ; c’est la majorité de ceux qui voient les limites de la « société liquide » et qui restent attachés à leurs terroirs, à leurs clochers, à leur mode de vie, à leurs mœurs, à leurs pratiques culinaires et vestimentaires.
Deuxième constat : les idées de droite sont majoritaires
Les idées de droite sont très largement majoritaires dans le pays. 70% des Français pensent que l’identité de leur pays est menacée ; 70% pensent qu’il y a trop d’immigration et s’inquiètent de l’islamisation. L’opinion est moins tranchée sur d’autres sujets mais l’opinion de droite est, elle, clairement contre la dépénalisation de la drogue, pour une répression plus forte des crimes et des délits, pour une conception traditionnelle de la famille. 70% des Français de droite estiment aussi qu’il y a trop de dépenses et trop d’impôts. Un véritable programme commun de droite est possible indépendamment des timidités des états-majors.
Troisième constat : les intellectuels de droite se réveillent
Il y a un réveil des intellectuels de droite. La revue Eléments a consacré un numéro aux « insoumises ». Aux vraies insoumises, en rupture avec les valeurs dominantes dans les médias : Charlotte d’Ornellas, Eugénie Bastié, Natacha Polony, Sophie Bied-Charreton, Marion Maréchal et Bérénice Levet, brillant auteur du Crépuscule des idoles progressistes. Il y a aussi des insoumis, des vrais chez les hommes : Renaud Camus, Arnaud Dandrieu, Patrick Buisson, Eric Zemmour, François Bousquet, pour qui « la droite a perdu parce qu’elle a préféré l’économisme à l’âme française ».
Quatrième constat : la LMPT, le plus puissant mouvement social récent, fut de droite
Par sa durée, par son ampleur, par sa permanence, la Manif pour tous (et ses épigones des Veilleurs, des Sentinelles, des « Nos limites », de Sens commun) a été de loin le mouvement social le plus important des années 2010. C’est un mouvement à grand bruit. Ajoutons qu’il s’accompagne du mouvement à petit bruit d’une défiance grandissante devant l’éducation nationale et d’une demande croissante d’écoles indépendantes et d’enseignement à domicile.
Cinquième constat : il faut réunir la droite autour d’un socle commun d’idées
Ce socle commun tient en quelques mots :
- les libertés contre l’emprise totalitaire de l’État (propagande délirante, vaccinations obligatoires abusives, excès des prélèvements fiscaux) ;
- l’identité et le droit du peuple à la continuité historique ;
- la sécurité face à la montée de la délinquance, arme de conquête territoriale et matrice d’un terrorisme de basse intensité ;
- la préférence pour la civilisation européenne et chrétienne ;
- le besoin de limiter les excès de l’artificialisation technologique du monde (bétonisation touristique et commerciale, éoliennes, etc ), et notamment la défense du patrimoine et des paysages.
Ce socle commun repose sur la dissidence vis-à-vis de tout ce qui est politiquement incorrect. Et le refus de participer à toute diabolisation du voisin !
Sixième constat : point de salut hors des médias alternatifs !
Quiconque entend se faire connaître ou faire connaître ses points de vue – s’ils sont non politiquement corrects – est condamné au recours aux médias alternatifs dont le développement est la condition de la survie de la liberté de pensée et d’opinion.
C’est pour cela que Polémia vous donne rendez-vous le 18 novembre pour le troisième Forum de la dissidence. La première grande manifestation anti Macron. Parce qu’elle s’attaquera aux fondements de son idéologie et de ses soutiens.
Jean-Yves Le Gallou
24/06/2017
Image : Retenir le 18 novembre prochain : tous au Troisième Forum de la dissidence, organisé par la fondation Polémia, le 18 novembre 2017. De plus amples informations à venir. Rejoindre l’événement sur Facebook : cliquez ici.