Les dossiers franco-tchadiens. La visite à Paris du président tchadien Idriss Deby, prévue pour la semaine prochaine, sera l’occasion d’aborder les sujets d’intérêts communs entre Paris et N’Djamena.
Notamment l’importante participation tchadienne au dispositif militaire africain au nord du Mali, venu en appui de l’opération Serval. Ce dossier comprendrait notamment le coût de l’engagement militaire tchadien au Mali, outre les indemnités qui devraient être versées aux familles des soldats tchadiens tombés en combattant les rebelles islamistes. Selon NʼDjamena, ce coût s’élève, à ce jour, à une centaine de millions d’euros, dont la facture devrait être présentée à la France.
Autre sujet qui sera abordé par le président Deby : les relations entre N’Djamena et Tripoli, qui se sont fortement dégradées depuis la chute du colonel Kadhafi. Il y a trois mois, Paris était intervenu pour obtenir la libération de quatre diplomates tchadiens faits prisonniers par des groupes armés libyens durant le récent conflit. Idriss Deby souhaite que la France aide aussi à faire libérer les quelque 1 200 Tchadiens qui auraient été faits prisonniers au cours de cette guerre, alors qu’ils combattaient comme mercenaires pour le compte du colonel Kadhafi. L’armée tchadienne menacerait, pour sa part, dʼintervenir dans le sud libyen, où seraient retranchés des groupes armés rebelles tchadiens. De son côté, Tripoli a de multiples griefs à l’égard de N’Djamena, dont le premier concerne la mainmise sur les avoirs libyens au Tchad.
Outre sa médiation sur ce dossier, Paris est sollicité sur le cas de l’ancien ambassadeur libyen au Tchad, Grene Saleh Grene. Tripoli voudrait que ce dernier s’abstienne de toute action hostile contre le nouveau pouvoir, alors que, selon certaines informations, il aurait récemment rencontré au Tchad Saadi Kadhafi, l’un des fils de l’ancien guide, résidant au Niger. En outre, le gouvernement libyen accuse N’Djamena de permettre à des membres de l’ancienne armée libyenne et de tribus favorables au colonel Kadhafi de rassembler leurs forces dans une zone frontalière entre le Tchad, la Libye et le Niger. Mais Paris s’intéresse aussi à l’intervention de l’armée tchadienne dans l’ouest du Soudan et en Centrafrique. Au cours d’une visite dans la capitale française, cette semaine, une délégation du JEM aurait apporté des preuves de l’implication tchadienne au Darfour. Nul doute que des dossiers de politique intérieure tchadienne seront enfin abordés à Paris, en particulier celui des droits de l’homme.
Source : TTU, Lettre hebdomadaire d’informations stratégiques, 30/05/2013, n° 779